Victime de la porn : passer à côté

Je vais un peu sonner « revue pour ado » aujourd’hui, mais c’est vraiment un truc qui m’exaspère. Et question de m’assumer complètement dans mon quétainisme extrême, je vais commencer avec un jeu interactif : « Chercher le coupable »!

Prêt? Voici l’histoire…

• Un gars invite sa collègue de travail sur une date. La fille n’est pas dispo. Premier échec.
• Quelques semaines plus tard, le gars se réessaie. Cette fois, la fille accepte, puis annule un peu plus tard. Finalement, elle ne peut plus. Deuxième échec.
• Après un petit bout de temps, notre gars réussit à se retrouver un peu de courage pour lui demander une dernière fois, et la fille ne peut toujours pas. Troisième échec.

Et là, je ne sais pas si c’est parce qu’on est influencé par le baseball ou les jeux vidéos, mais après trois shots, notre égo n’a plus de crédits et on arrête d'essayer.

Mais l’histoire ne se termine pas là. Deux mois plus tard, la fille se fait transférer dans une autre ville, et avant de partir, elle confie au gars qu’elle aurait vraiment aimé qu’ils soient… t’sais… plus que de simples collègues… *wink wink*

Fin de la tragédie.

Alors? À qui revient la faute?

1. Au gars peureux qui n’était pas assez persévérant.
2. À la fille dure à suivre qui envoyait des signaux mixtes.

La bonne réponse : on s’en calice!

Le résultat, c’est qu’ils se sont tous les deux privés de deux mois de grosse décadence. D’hypothétiques baises magistrales. D’une succession de grands bonheurs mouillés et d’orgasmes assez virulents pour oublier de ne pas crier.

Et peut-être pas que du sexe. Peut-être même du grand amour. LE grand amour. La connexion qu’ils attendaient depuis toujours. Peut-être… (Ou peut-être juste une syphilis.)

Là, sûrement que quand ce gars-là raconte l’histoire à ses chummeys, tout le monde lui donne raison et trouve la fille nounoune. Et sûrement que c'est la même chose pour la fille de son bord : le gars aurait dû le savoir qu’elle avait envie de lui ben fort. 

De toute évidence, dans la réalité. ça manquait de clarté. Un gros flop de communication. Le foutu mode passif avec trois pieds sur le frein et où t’essaies de te réconforter en te disant que si ça n’arrive pas, c’est « not meant to be ». 

C’est clair que c’est not meant to be, tu mets toute ton énergie à sauver la face et avoir raison! Ça m’enrage.

C’est pourtant si simple de clarifier les trucs. C’est sûr que c’est plus malaisant et il y a plein d’insécurité et d’émotions en jeu alors ça demande un certain tact. Les premières fois, ça peut sonner carré et se mettre à dégénérer. Mais on s’améliore. On se perfectionne. On comprend mieux ce qui vexe les autres. Qu’est-ce qui provoque quelles réactions.

En tout cas, côté économie de temps et d’énergie, c’est vraiment champion. Tu passes pas mal moins de temps à demander conseil à toute la planète sauf au principal intéressé. Et souvent, t’es récompensé avec des expériences tripantes où tu te sens 100 fois plus vivant.

Parler, ce n’est pas la force de tout le monde, mais il y a plein de façons de communiquer. Tant que c’est clair. Pas clair pour quelqu’un comme toi. Pas clair pour tes BFF. Assez clair pour que la personne visée comprenne. Assez pour lui provoquer une réaction. Une réponse.

Et ouais, si on compare à ne rien foutre, il y a pas mal plus de chance d’avoir l’air needy, creepy ou plein d’autres anglicismes en « y ». Mais ça se désamorce. En fait, ça sert souvent d’intro. 

Chokeux de tantôt : « Bon, là, ça fait trois fois que je t’invite et je commence à me sentir un peu creepy, donc je vais arrêter de m’essayer, mais s’il y a un intérêt quelconque, t’as qu’à me faire signe, bébé… »

(Ok, le « bébé » est peut-être de trop.)

Ça peut sonner un peu quétaine et anal et ça ressemble un peu moins à une pick-up line de comédie romantique, mais formulé comme du monde, c’est plutôt facile à assumer. Après tout, on est loin de la demande en mariage. C’est juste de dissiper quelques doutes de relation neuve.

C’est ridicule de manquer plein de super moments pour rien!

Bon, être plus clair en verbalisant ses trucs, ça ne permet pas nécessairement de scorer à tous les coups ou de se matcher pour la vie à l’intérieur d’un après-midi. Ça ne garantit pas non plus de réussir à tous les coups. Mais au moins, ça permet d’aller au bout des occasions qu’on a, ça empêche de passer à côté et d'avoir plein de regrets, et à la fin, le film de ta vie est pas mal meilleur.