Aller au contenu
Le Détesteur: «Être populaire sur Facebook, c’est comme être riche au Monopoly»
Crédit: Émilie Deshaies

On la voit passer de plus en plus, celle-là, qu'être populaire sur Facebook, c'est l'équivalent d'être riche au Monopoly. Mais où veut-on en venir, exactement, avec ça?

Doit-on comprendre qu'être populaire à la télé est une meilleure affaire? C'tu ça? Qu'on aurait pas mal plus tendance à légitimer la popularité des vedettes issues du vieux star système actuel? Comme si, parce qu'on ne passe pas sous le feu des projecteurs, une popularité se voyait systématiquement invalidée.

Et qui donc entre dans cette catégorie de popularité non-méritée? C'est vraiment pas clair étant donné que la plupart des gens auront recours à Facebook, un jour ou l'autre, pour faire la promotion d'un projet ou de leur humble personne. Et tout le monde y prendra goût.

Comme si c'était une mauvaise chose que des gens se montrent intéressés par un dude dont personne n'avait entendu les premières syllabes du prénom, pas plus tard que la semaine dernière. C'est vrai, les gens sont tellement FÂCHÉS quand ils apprennent qu'un random humain a pu devenir CONNU sans leur approbation.

J'entends la voix des indignés dans leurs salons à l'annonce de la nomination de Pierre Lapointe comme coach à La Voix: MAIS C'EST QUI ÇA?? J'LE CONNAIS PAS LUI!! JE L'AIME PAS!!! Y'É PAS BON!!!

Parce que oui, ils disposent de ce droit de regard, on les a conditionnés à ce qu'ils puissent scruter à la loupe, à ce qu'ils aient leur grain de cocaïne à déposer où ils le fucking veulent, quand ils le freaking veulent. Il permet de légitimer des lynchages non-justifiés, de faire mettre à genoux des figures médiatiques qui se seront retrouvées dans la controverse à la suite de propos maladroits tenus pendant une entrevue radiophonique. 

Il permet de donner tort, même quand on a raison. C'est ce même droit de regard qui fait en sorte qu'un humoriste se voit forcer de s'excuser alors qu'on l'a simplement mal interprété. Parce que si ses excuses ne sont pas présentées dans un délai relativo bref, la meute n'attendra pas plus longtemps pour lui faire perdre la face, comme son emploi.

Et tout ceci, parce qu'on accepte de se prêter au jeu. De donner raison à ceux qui ont tort. De faire semblant pour plaire. Faire semblant qu'on ne les trouve pas idiots, qu'on ne se moque pas d'eux une fois les lumières éteintes. S'agenouiller, céder, pour pouvoir continuer de pratiquer son métier. 

 Et ce droit de regard que tout le monde se permet, on le transpose dans toutes les sphères de notre vie. Il renforce nos dogmes, nos idées conçues. Il rend malhonnête, amène à mentir pour bien paraître. Il est un réel poison.

C'est peut-être ça la différence entre la popularité sur Facebook et celle à la télé. Sur le web, on ne s'excuse pas si on n'a pas à le faire. On s'adapte à personne. On est. Avec nos défauts pis nos bourdes qu'on assume. Pis on a l'air vulnérable, des fois. Mais c'est OK d'avoir l'air vulnérable. On permet aux autres de l'être à leurs tours.

Et pendant ce temps, à la télé pis dans les magazines, on tente de maquiller, de balayer sous le divan tout ce qui rend pourtant le web si riche, si transparent.

Il est où déjà le problème avec la popularité sur Facebook? Laissez-moi être riche au Monopoly, je vous laisse vous empoisonner avec vos vrais billets.

Je vous déteste.

Plus de contenu