Aller au contenu
Le Détesteur: la peur de se ranger du côté des filles
Crédit: Émilie Deshaies

Cette semaine, entre 146 vidéos de Ice Bucket Challenge qui rendent inconfortable, je tombais sur une publication Facebook de la collègue Josiane Stratis (Ton Petit Look) qui affirmait, entre autres, ne plus se gêner pour supprimer les commentaires de blogue lâches, anonymes et horribles à l'endroit de son physique. Publication accompagnée d'un screenshot du plus récent commentaire du genre.

Comme je suis également confronté à ce type de propos sur une base régu, j'y ai déposé mon grain de sel, laissant entendre du même coup qu'il fut un temps où je me laissais abattre par ceux-ci. Et c'est là qu'un truc m'a frappé: sur les 75 commentaires, à peine 6 ou 7 autres gars sont intervenus.

C'est souvent la même histoire. Mon commentaire d'homme se retrouve seul au milieu d'une centaine de filles empathiques qui approuvent et témoignent à leurs tours. On dirait que les gars s'en tiennent loin et j'ignore honnêtement pourquoi.

Comme si se porter à la défense d'une fille était mal perçu. Comme si laisser entrevoir un brin de vulnérabilité était exclusif aux filles. Comme si, et on me la sort souvent, se ranger du côté d'une femme n'avait que pour unique objectif de l'amener au lit. Comme si à partir d'un nombre suffisant de commentaires féminins; la convo en était dorénavant une de filles. Comme si on courait un risque d'émasculation sur la place publique. Comme si c'était un truc d'homo.

Au final, ce n'est jamais quelque chose de bien, de défendre une fille. Il y a toujours forcément une intention malveillante derrière le geste. 

Depuis que je m'intéresse à la condition féminine, je peux témoigner x46 de ce malaise. On me taxe d'opportunisme, on dit de moi que je trahis la gent masculine. Mon lectorat mâle qui m'espérait plus trash, plus alpha et plus intransigeant, il est gone FOREVER (et c'est tant mieux, il espérait dans le vide). Il prétend que je me prends des pénis dans le fond de la gorge (et évidemment, il trouve que c'est mal). Il cherche même à savoir où j'habite pour me brasser un peu. 

Le Détesteur n'aura jamais autant été détesté.

Comme si un gars, parce qu'il est gars, était redevable envers tous les autres. Depuis quand? Quel femmophobe a bien pu décider de ça? Un comportement répréhensible doit être pointé du doigt que son auteur soit homme ou femme. Pourquoi devrais-je me résoudre au silence quand il s'agit d'un dude? C'est ce qu'on cherche à me faire comprendre, quand on me qualifie de «tapette sale qu'y'a un crisse de problème de voir des viols partout», en inbox. PARCE QUE J'AI ENFREINT LE BROGLEMENT. 

Évidemment, je ne crois pas que tous les gars qui s'abstiennent de commenter sous les publications mélodramatiques de femmes sont des misogynes. C'est pas c'que j'dis, attends avant de capoter. Je constate seulement qu'ils sont peu à le faire et qu'il y a visiblement un blocage. 

Sur une note un peu plus positive qui saura redonner espoir: à toutes les fois que j'aborde la question de la culture du viol (ou culture du consentement), je récolte une bonne trentaine de témoignages d'hommes reconnaissants que quelqu'un aie finalement su leur ouvrir les yeux.

Je vous déteste.