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Victime de la porn : t’aimes-tu tout nu?
Crédit: Émilie Deshaies

As-tu un grand miroir où tu peux te regarder tout nu à la grandeur?

« J’ai l’air de ça. »

Si tu ne tripes pas tant que ça, t’es normal. Bon, ça dépend des journées. Parfois on se trouve correct, d’autres fois on se pense bon pour la dompe. C’est rare qu’on ressemble à ce qu’on aimerait ressembler, mais il faut faire avec parce que ça ne se change pas tant que ça.

T’as beau faire des squats, le cul bombé de Brésilienne n’est pas nécessairement à ta portée, et si t’es fait étroit, tu ne deviendras jamais vraiment carré. Même avec plein d’efforts, le petit roux ne se ramassera jamais un gros black avec un BBC veiné.

Il y a notre poil qu’on peut gérer, mais encore là, je ne pourrai jamais avait avoir la grosse barbe hipster qui est à la mode de ce temps-là. Quand ma barbe pousse, elle n’a juste pas l’air de ça. Mais dès qu’une mode part où il faut flasher ses épaules légèrement velues, je suis prêt.

Les gens doués peuvent exploiter les meilleures façons de s’habiller, mais éventuellement, il faut tout enlever. On peut se camoufler à  grand coup de tattoos, mais ça ne change rien à nos formes. Un moment donné, il faut se l’avouer.

« J’ai l’air de ça. »

Quand on se crinque sur le « ça », on peut avoir le réflexe de blâmer les films, la porn et plein d’autres média, mais personne n’a besoin de mannequins photoshopés pour se trouver inadéquat. Dès que deux filles portent la même robe, il y en a une à qui ça fera un peu mieux. À leur première douche post-hockey, tous les gars voient bien tous ceux qui s’en sortent mieux côté body.

Suffit d’avoir vu assez de corps pour réaliser qu’on n’est pas tombé sur notre préféré. Et ce n’est pas que le corps. Un coup parti, ce serait bien d’avoir aussi un peu plus de répartie et d’avoir un peu moins besoin de dormir et d’avoir le bonheur un peu plus facile. Il y a plein de petits trucs qui nous rendraient un peu mieux, mais on accroche souvent sur le corps.

Hier, j’étais nu devant mon grand miroir et je l’ai dit à voix haute.

 « J’ai l’air de ça. »

Je me suis retenu pour ne pas éclater de rire. Pas parce que c’est si pire que ça. Ce n’est juste pas sérieux, comme corps. Comme pour à peu près tout le monde, ça ne ressemble à personne. J’en suis venu à me poser quelques questions connes.

Est-ce que ce corps-là est le genre de quelqu’un? Est-ce qu’il existe une fille canon qui se dirait « Ouuuuh, moi c’est sur un corps comme ça que je rêve de me frotter fort » ?

La semaine passée, je suis (encore) tombé amoureux d’une serveuse de bar et durant la veillée, je voulais lui demander c’est quoi son genre. Quand j’imaginais son prospect ou son chum du moment, c’était quelqu’un de grand ou baraqué, avec les bras joliment beurrés, ou bien chic dans un costard. Tout sauf ce que je vois dans le miroir.

Pourtant, juste en me faisant accroire que je suis son genre, j’aurais pu tenter quelque chose. Pas besoin d’être supra-confiant au point d'en devenir arrogant. Juste de me dire que je suis son genre. Me donner juste assez de chance pour ne pas tout de suite abandonner.

C’est là qu’on voit que les genres, c’est souvent une façon stupide de disqualifier du monde. Et soi-même en premier.

Pourtant, c’est un peu comme avec les films (ou la musique). On a tous des préférences. Il y a des gens qui tripent que sur un seul genre et qui snobent tout le reste. Il y a des gens plus guidounes du goût qui se tapent un peu de tout. Et les exceptions, il en pleut. Ce n’est pas parce qu’un film est esthétique qu’il est bon. Et on trip tous sur au moins un film qui est zéro notre genre.

D’ailleurs, ce que j’adore, c’est d’aller au cinoche pour voir un film dont je ne connais à peu près rien. Pas vu de preview/trailer vendeur. Personne n'est à côté pour m’influencer. Juste là pour vivre le moment et tout découvrir avec une belle ouverture mature.

Bon, ça n’empêche pas de tomber parfois sur Transformers 4, mais bien souvent, on se surprend à passer de bons moments.