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Le Détesteur: «Comment tu fais pour dealer avec tous ces commentaires de marde?»
Crédit: Émilie Deshaies

On me demande régulièrement comment je fais pour dealer avec les commentaires négatifs, trolls et haters: «J'sais vraiment pas comment tu fais, sérieux! Moi j'serais pas capable!».

Well, la vérité c'est que c'est pas très compliqué. D'abord, ça fait longtemps. Le Détesteur célébrait son 5ème anniv, le 10 juillet dernier. Ensuite, le nombre. Le fait qu'ils soient plusieurs, joue un important rôle dans la banalisation des injures reçues.

Depuis trois ans, mon iPhone est un outil qui sert principalement à me notifier que quelqu'un, quelque part, trouve que j't'un esti de crétin. Du cyber bullying 24h/7j. À toutes les heures, et dans les moments de controverse, à toutes les 15 minutes. C'est donc dire que je traîne, dans ma poche droite, un engin qui me balance, sans prendre de pause, des injures à toute heure d'la journée/nuit.

Ma vie est une série d'interruptions qui me rappellent combien «jdoit etre un asti fif moer le grand!!!!!!!». Et y'a des journées où je dois même recharger mon téléphone, deux fois plutôt qu'une, tellement j'suis un «mechand trou q sa!!!!».

Le truc c'est que #lesgens qui émettent #descommentaires sont, pour la plupart, hyper-prévisibles, s'y prennent de la même façon, et n'ont qu'une seule motivation: blesser. Discréditer. Gâcher la journée de quelqu'un.

Et quand l'intention de faire mal prime sur le propos, ça ne fait plus aucun sens. Tout est plus gros, exagéré et malhonnête. On ne peut que lui accorder très peu d'importance.

À chaque fois qu'une personne vise à causer du tort derrière l'écran, c'est surtout qu'elle veut, avant toutes choses, retirer à quelqu'un une liberté qu'il se serait permise, au-delà du consensus collectif.

Je m'amuse beaucoup, dernièrement, à m'attirer la foudre des inconnus qui commentent mécaniquement tout ce qui passe dans leurs newsfeeds Facebook, par l'entremise d'amis qui ont liké ou commenté une publication. De quelle manière? En arborant les bijoux de ma copine, en m'affichant végétarien. En me glissant dans la peau d'un héroïnomane, dans les toilettes d'un Tim, à 2AM. En rappelant l'importance qu'occupe ma bulle personnelle dans ma vie d'introverti.

Et ça fonctionne trop bien. À tout coup, je suis un crisse de mangeux de carottes, un hipster en tabarnack, un gros câlisse de porc, une fifure sale pis un esti d'junkie épais qui fait de l'héro dans les toilettes d'un Tim. Et je ne vais jamais chercher personne dans son salon, là: ils viennent à moi, tel que calculé au préalable, pour m'indiquer ce que j'ai le droit d'être, de dire ou de faire. Et ceci, sans jamais se douter qu'ils viennent de tomber dans le gros crisse de panneau on ne peut plus évident.

«Pas la peine de s'informer, de lire ni même de pousser la réflexion: INSURGEONS-NOUS VIOLEMMENT.»

 C'est hallucinant de constater la rage que tout ceci peut susciter, sans la moindre once de violence ou de provocation. La tyrannie des gens assis qui exigent que ceux qui sont debout s'assoient. Des milliers de personnes qui scrutent le web à la loupe dans le but malveillant de crier à chaque internaute qui n'est pas comme elles: «Hey, t'es différent de moi! Tu mériterais que j't'en crisse une, mon tabarnack!!».

Voilà pourquoi j'arrive aussi facilement à dealer avec tout ça. 

Je vous déteste.

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