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Raphaëlle de Groot et Jacob Wren proposent une vente de garage au théâtre pour l’OFFTA!
Crédit: Raphaëlle de Groot (crédit: Raphaëlle de Groot) et Jacob Wren (crédit: Nat Gorry)

L'édition 2014 du festival OFFTA propose un moment en suspension dans l'espace-temps, et il suffirait même d'être attentif pour expérimenter un retour au sacré, à en croire Vincent de Repentigny, co-directeur du festival. Pourra-t-on le voir lors du MIXOFF 2 de Jacob Wren et de Raphaëlle de Groot, une vente de garage en plein théâtre? Comme chaque année, un appel à projets a été lancé pour constituer la base de la programmation et faire découvrir des artistes émergents. Mais pour la première fois, s'est ajouté à ceci l'éclairage de plusieurs commissaires, chacun dans une discipline (théâtre, danse, performance), afin d'inviter aussi des créateurs plus établis dans le vaste paysage des arts vivants.
 
Dès lors, il apparaît nécessaire d'inviter l'inclassable Jacob Wren, performeur, essayiste et auteur pamphlétaire, un artiste qui flirte toujours à la lisière du théâtre et de la performance, pour un MIXOFF qui par définition s'amuse à jumeler des disciplines artistiques différentes. On lui laisse alors le libre choix de l'artiste avec qui travailler: ce sera Raphaëlle de Groot, artiste phare montréalaise à l'œuvre aussi polymorphe que la sienne, qui navigue entre dessin, performance, vidéo, installation et édition. La seule artiste du Québec présente lors de la 55e Biennale de Venise en 2013, aussi récipiendaire du prix d’excellence Pierre-Ayot en 2006.
 
Wren et de Groot partagent le refus des limites et des frontières, dans leur œuvre comme dans la vie. Et c'est peu dire, puisque Raphaëlle, juste après sa performance à l'OFFTA, prend ses valises et s'envole avec sa petite famille nomade pour…le Brésil! Elle souhaite s'y installer et y lancer un centre d'artistes. Ce serait, à son image, un lieu de liberté, un lieu multidisciplinaire ancré dans l'incroyable ville insulaire de Fioranopolis, qui encouragerait les rencontres avec un beau programme de résidences, et qui se fonderait non pas sur l'exigence d'un produit final mais sur le processus même de l'acte artistique: car c'est là que pour elle, il se passe quelque chose.

MIXOFF 2, de Jacob Wren et Raphaëlle de Groot
Lorsque vente de garage devient performance
Raphaëlle est donc sur le seuil de la plus grande des incertitudes et du plus grand des émerveillements. De quoi, peut-être, en faire directement une œuvre pour l'OFFTA, se disent Jacob et Raphaëlle. Elle souhaite organiser une vente de garage avec ses proches avant son départ. Cette vente constituera la performance en elle-même, et des proches on passe ainsi au grand public, des objets intimes du quotidien à l'œuvre, du garage…au Théâtre d'Aujourd'hui. Et la vie devient art.
 
L'esthétique de Raphaëlle, tout comme celle de Wren, s'est toujours nourrie de l'instant présent. L'œuvre est dans le processus même. Pas ou peu de produit final. Ironie de la situation? Pour une artiste qui précisément travaille les objets depuis plusieurs années déjà (Le poids des objets, l'un de ses travaux majeurs), et qui s'apprête à faire une vente de garage avec son public? Aussi, il se pourrait que d'ici là, et surtout pendant la vente, d'autres idées encore inconnues surgissent pour agrémenter la situation. C'est une recette qui se concocte toujours sur le vif avec Raphaëlle, selon ce qu'il y a à disposition dans la cuisine. De quoi surprendre et se surprendre elle-même.
 
Une nouvelle brèche s'ouvre maintenant. Jusqu'à présent, l'artiste ne se mettait jamais directement en scène. Pas de trace de son visage dans aucun de ses travaux. Pas de présence directe même si bien sûr, elle est toujours là au détour de l'acte artistique. Un travail sur l'instantané et la situation oui, mais à propos de groupes et d’individus bien distincts de sa propre personne. Aujourd'hui, c'est elle qui se livre directement. Elle fait entrer son public dans sa maison. Les gens emporteront avec eux ses bribes de souvenirs et de vécu.
 
Elle m'avoue ne pas savoir quelle sera sa réaction. Mais elle me dit aussi ne pas être très attachée aux objets. C'est ce qu'elle va nous montrer à l'état brut, sans forme ou presque, sinon celle du lieu-théâtre. Le nomadisme inhérent à l'art. Détachement. Éparpillement. Priorité donnée à l'instant, à l'âme et à l'incertitude plus qu'à la chose. Tourner le dos à l'injonction du monde matérialiste actuel, alors que nous n'avons jamais été dans un monde à la fois aussi nomade et ancré dans la matière… Paradoxes. Contradictions. Points d'interrogation. Sur ce: bon festival-voyage!
 
 
Festival OFFTA
Du 27 mai au 1er juin 2014 | offta.com

 
MIXOFF 2, de Jacob Wren + Raphaëlle de Groot
Samedi 31 mai à 11h | Théâtre d’Aujourd’hui, salle Jean-Claude Germain | Entrée libre

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