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Le diplômé de l’UQAM Rémi St-Michel en voie de s’illustrer à la Semaine de la Critique à Cannes
Crédit: Eric K. Boulianne et Étienne Galloy dans Petit Frère

À compter d’aujourd’hui et jusqu’au 23 mai, cinéphiles avertis des quatre coins du monde se gaveront de comptes-rendus en provenance de Cannes, cette inattaquable terre promise du septième art. Chefs d’œuvres insoupçonnés, propos disgracieux, critiques redoutables prêts à démolir les films douteux… Tous y trouveront leur compte! Nul besoin de vous répéter que l’année s’annonce grandiose pour le cinéma canadien, avec trois de nos plus illustres réalisateurs en lice pour la sacro-sainte Palme d’Or. Xavier Dolan est de retour sur la Croisette avec son drame familial Mommy, tandis que les Torontois Atom Egoyan et David Cronenberg nous réservent possiblement d’agréables surprises (si l’on se fie aux bandes-annonces) avec le thriller The Captive et la satire hollywoodienne Map to the Stars, respectivement. À cela s’ajoutent Lost River, première réalisation de Ryan Gosling (oui oui, ça compte, il est from Ontario), Tu dors Nicole de Stéphane Lafleur ainsi que Jutra, court-métrage d’animation de Marie-Josée Saint-Pierre.
 
Mais on ne pourrait passer sous silence la sélection de Petit Frère, très sympathique court métrage du Québécois Rémi St-Michel à la Semaine de la Critique, cette prestigieuse section parallèle du festival ayant révélé de grands talents tels que Wong Kar Wai, Jacques Audiard, François Ozon ou encore Andrea Arnold (qui préside d’ailleurs le jury cette année). Distribué par Travelling, les films qui voyagent et scénarisé par Eric K. Boulianne (qui joue aussi le rôle du «grand frère»), ce drame à la mise en scène cocasse et à l’humour grivois suit un ado turbulent (Étienne Galloy) et son tuteur (Boulianne) alors qu’ils déconnent en se baladant en ville avant le départ de Boulianne pour la Russie. (Sonia Trépanier, ex-collaboratrice étoile du Nightlife.ca, fait une apparition plutôt remarquée en adepte de yoga!) St-Michel, un natif de Beauport qui s’est d’abord lancé en théâtre avant de bifurquer vers le cinéma à l’UQAM, obtient depuis quelque tempos un bel accueil sur le circuit festivalier: son dernier court, Le Chevreuil, a d’ailleurs remporté des prix aux festivals Off-Courts de Trouville et Fantasia. Nightlife.ca l’a attrapé quelques heures avant qu’il s’envole vers la gloire.

Nightlife.ca: Qu'est-ce qui t'a donné le goût de mettre en images cette tranche de vie d'Eric K. Boulianne?
Rémi St-Michel: Quand Eric m'a parlé du projet, j'ai tout de suite trouvé ça très sympathique. Je trouvais intéressant de travailler une histoire sans grande courbe dramatique, qui reposait plutôt sur une complicité entre des personnages qui disent et font beaucoup de conneries mais dont on sent tout de même la profondeur. J'étais aussi charmé à l'idée de faire un film avec une micro-équipe, en pleine ville et avec presque pas d'équipement. Ça donnait un petit côté clandestin que j'aime bien et ça me permettait de mettre beaucoup plus d'énergie sur le jeu et la mise en scène puisque la technique était minimale.
 
À l’instar de Jim Jarmusch, de Kevin Smith ou de Noah Baumbach, qu’est-ce qui t’a porté à oser le noir et blanc pour Petit Frère?
Comme on était déjà dans un esprit minimaliste pour faire le film, la décision d'éliminer la couleur venait presque d'elle-même. Au même titre que les scènes sont très rarement découpées et que les cadres sont la plupart du temps fixes et frontaux. L'idée derrière ça était de créer un univers plastique en contraste avec le naturel des dialogues et des situations. On espérait ainsi aller au delà de la surface des scènes et faire ressortir la richesse de la relation entre les personnages.  

Étienne Galloy et Eric K. Boulianne dans Petit Frère
Le petit intermède dansant des deux gars sur «I Got My Groove Back» est une rupture de ton absurde et savoureuse! C'était ton idée ou celle du scénariste?
En fait, avant même que la moindre ligne soit écrite, Eric m'avait parlé du projet et comptait déjà y introduire une chorégraphie. Au départ, ça devait être les personnages qui jouent à Dance Dance Revolution dans une arcade puis continuent de danser en sortant. Mais comme on n’a pas réussi à trouver de lieu adéquat pour la scène, on a dû s'adapter. Grâce au talent de Peter Venne à la musique et de Claudia Chan Tak comme chorégraphe, cette scène-là est une de mes préférées.
 
Petit Frère figure parmi les dix courts sélectionnés pour la Semaine de la Critique, parmi plus de 1700 soumissions… Comment réagit-on à la nouvelle?
Ça s'est passé en deux étapes. On a d'abord su qu'on était «shortlistés». Déjà, on capotait mais on n’avait aucune idée de ce que ça voulait dire. Encore maintenant, je ne sais pas si la «shortlist» comprend 15 ou 200 films. Puis, environ trois jours plus tard, on a reçu l'invitation officielle… Là, ça donne un méchant coup! Je te dirais que ça rend complètement euphorique mais que ça donne le vertige en même temps. 

Rémi St-Michel
Y a-t-il certains films sélectionnés à Cannes, toutes catégories confondues, que tu espères avoir le temps de voir?
Je me suis promis d'aller voir les films de mes compatriotes québécois (Dolan, Lafleur et Saint-Pierre). D'abord parce qu'ils ont l'air excellents et aussi pour souligner à quel point c'est incroyable qu'une si petite patrie arrive à s'imposer de la sorte dans le plus grand événement de cinéma au monde. J'ai aussi envie d'aller voir le plus de programmes de courts possible parce que ce sont des films que je n'aurai pas l'occasion de revoir probablement. Pour le reste, ça va être au jour le jour.

Semaine de la Critique du Festival de Cannes 
Du 15 au 23 mai 2014 | semainedelacritique.com

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