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Le Détesteur: cher caca-automobiliste…
Crédit: Émilie Deshaies

Dans une autre vie, mon père fut un homme qui s'impatientait pour des riens. Faut dire que son diabète exacerbait la chose X46.

Maintenant, il est serein.

On aurait pu croire qu'il était des automobilistes en guerre avec les piétons et les cyclistes, mais nope. Jamais il n'aurait pu inculquer à mon frère et moi ces mauvaises manies de caca-nerveux à toujours caca-courir après le temps comme si tout caca-urgeait.

Pantoute.

Il comprend cette notion qu'une voiture peut blesser les autres, protéger son proprio du froid et des intempéries et mener plus rapido à destination. Et que même s'il est détenteur d'une horloge, le temps ne lui appartient pas nécessairement. Des codes bien rudimentaires, finalement.

Le week-end dernier, il est venu m'offrir un grand coup d'main pour mon déménagement pis sa patience exemplaire à l'endroit des cyclistes et piétons m'a rappelé une fois de plus que pas tous les automobilistes sont atteints de rage au volant. Il le sait bien qu'trop de quoi il aurait l'air, s'il devait frapper comme un esti d'malade sur son klaxon. De la perspective d'une personne qui emprunte le trottoir, c'est rarement très glorieux.

Rob Ford, c'est de ça qu'ont l'air les colériques au volant.

Et Dieu merci, des automobilistes comme mon père, j'en croise plutôt régulièrement.

Toujours est-il qu'à tous les jours, je suis confronté à des gens dont l'envie de caca est à ce point puissante qu'elle ne laisse aucun choix à celui qui la subit de me communiquer de façon violente combien sa destination-toilette est câlissement plus importante que le code de la route qui me rend prioritaire à un stop.

Non seulement ils se fâchent, mais ont développé des astuces pour éviter qu'on vole quelque 10 secondes à leurs vies. Par exemple, à une intersection, quand la lumière indique que je peux traverser et eux tourner à gauche; ils se suivent de très près afin de former stratégiquement une espèce de long train qu'on ne peut arrêter. Du joli travail d'équipe.

Qu'importe la situation; qu'on passe à ÇA de me rouler sur le corps par inadvertance (ou non), l'enragé sur 4 roues n'a jamais à présenter ses excuses. Il s'est convaincu, avec le temps et à force d'alimenter sa colère, qu'il ne pouvait être dans le tort. Pire, il klaxonne de toutes ses caca-forces, caca-gueule des choses incompréhensibles et redécolle en caca-kickant la pédale comme si ma tête y était. Le constat me sidère à toutes les fois. 

Moi aussi, tsé, j'aime ça me pomper contre des inconnus, à l'occasion. Mais quand j'le fais, ils sont réellement dans l'erreur. Ils contreviennent à des règles toutes simples, par exemple. Pas quand ils les RESPECTENT. 

Mais lui, le caca-conducteur de véhicule pressé, il en invente au fur et à mesure des règlements qu'il garde bien soigneusement dans sa tête. Bien qu'on ne soit pas en mesure de lire dans ses pensées, il faut s'y assujettir toujours et ne jamais y contrevenir.

Parce que là, OH QUE LÀ, il nous les rappellera point par point et ne donnera évidemment pas l'impression d'un monsieur fâché aux joues rouges qui s'est inventé tout un univers imaginaire dans lequel il est fort probablement le maire. 

Par chance, mon père n'est pas comme ça.

Je vous déteste.