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Le Détesteur: en direct du McDo de Verdun

Le texte que tu t'apprêtes à lire vient d'être rédigé dans son entièreté à partir d'un McDonald situé dans Verdun. Lasalle/Galt. J'me suis commandé un Moka guimauve.

Ouin, je sais, j'devrais pas être ici. Mais pas pour les raisons éthiques bien connues, là. Nope. Juste parce que, LOL, Murphy Cooper, le gars qui signe une hebdo depuis 3 ans chez NIGHTLIFE.CA, devrait s'en tenir à l'identité qu'il s'est forgée sur le cyber-webspace.

Que j'encourage McDo en lui donnant mon argent ne te dérange pas tant. C'est plutôt le fait qu'un gars comme moi s'y trouve qui t'agace. Avec du vrai monde qui small-talk (et pue?) en sirotant son café qui goûte même pas bon.

J'adore quand on me dicte quoi faire, où pis avec qui je devrais l'faire.

C'est vrai, dès qu'on m'attribue une boîte, qu'on pense m'avoir cerné bin comme du monde, faudrait pu, idéalement, que j'déroge de celle-ci. Faudrait surtout pas que j'aie l'malheur d'être surpris les lèvres sur la paille d'un Iced Capp chez Tim Hortons, mettons.

Depuis les premiers souffles du Détesteur en 2009, on ne me demande même plus si j'habite le Mile End; c'est entendu que oui. Ça vient avec le package.

On devine qu'on pourrait me croiser dans les cafés branchouillards du hood, que je remplis mon panier d'épicerie chez Valmont, que je te serais d'une grande aide pour sélectionner le bar idéal pour arroser ton JEUDREDI, qu'on se ferait pas mal de fun ensemble au Piknic et que je saurais câlissement de quel endroit tu m'parles si tu t'mettais à m'énumérer en rafale des noms d'rue au prénom francophone, en guise de repères.

Mais non. Rien de tout ça n'est vrai. Le Plateau n'est pas mon hood. Je rep #verdunluv depuis près de deux ans. Et bien que je passe la plupart de mon temps dans les Baobab et Sweet Lee's, il peut m'arriver, comme aujourd'hui, de m'installer dans un McDo/Tim Hortons pour rédiger un texte. Pour observer #lesgens, me mêler à eux. 

Quel tabarnack de scandale. Si je parle de tout ça, c'est que j'en suis pas à mon premier reproche du genre. Un smartass ou un autre veille régulièrement à me rappeler comment je devrais entretenir mon identité virtuelle, dépendant de c'qu'il a connu (ou non) de moi. 

Depuis que j'suis chez NIGHTLIFE.CA, on s'est empressé de m'apposer l'étiquette hipster au front, sans me consulter, ni même s'intéresser à qui j'étais en réalité.

J'étais ça pis fallait pas que j'déçoive la jeunesse huppée qui se cherche donc bin un gourou urbain qui consent à n'être rien d'autre que ce qu'on attend de lui. Un personal branding infaillible de barbu à lunettes qui se tient aux bons endroits pis avec les personnes-clés. Faire comme les autres et repartager les mêmes sacrament de billets d'opinion over-rated mais ô combien d'actualité. S'intéresser aux mêmes 5 bands locaux. Sinon -> Unfriended.

D'ailleurs, mes haters les plus virulents sont souvent d'anciens lecteurs qui s'étaient trop fait d'attentes.

Ne passe pas une semaine sans qu'on me balance l'inévitable: T'AS CHANGÉ MURPHY, T'ÉTAIS PAS DE MÊME, AVANT ou qu'on me cherche des contradictions liées à l'idéal qu'on s'était fait du personnage. (Genre, boire un Iced Capp sporadiquement au lieu d'un savoureux café à 6$ — Comme si l'un empêchait l'autre.)

Ma plus grande déception des médias sociaux est probablement celle-ci; on n'a plus envie de prendre #lesgens comme ils sont, prendre le temps de les connaître avec ce qu'ils ont à offrir. Le meilleur, le moyen comme le plus lamentable.

Un jour on s'abonne à un dude pour une publication politisée qui nous a plu et on se désabonne dès le lendemain au premier statut ludique ou trop personnel qui n'a rien à voir avec le précédent.

Fuck ton branding. Débrandons-nous, s'il-nous-please. On vaut mieux qu'une vulgaire étiquette.

Me débrander, je l'ai tenté (du mieux que j'ai pu), et depuis, les gens qui me suivent m'apparaissent nettement plus sincères.

Je te déteste.

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