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«Les Liaisons dangereuses» chez Duceppe: la pièce que tu n’as pas le droit de manquer
Crédit: François Brunelle

Assister à une représentation des Liaisons dangereuses, c’est probablement le meilleur moyen pour réaliser que l’homme ou la femme qui a fracassé ton petit cœur en morceaux n’est rien d’autre qu’un piètre amateur de la trahison et de la méchanceté, comparé à la Marquise de Merteuil et au Vicomte de Valmont. C’est aussi l’occasion de voir l’une des meilleures productions de l’année, tous théâtres confondus.

Pour combler leur ennui, Valmont et Merteuil se jouent de leur entourage, prennent plaisir à triturer la réalité, salir des réputations, falsifier des sentiments et détruire des cœurs. Eux-mêmes ex-amants, à jamais reliés par un je-ne-sais-quoi, ils se lancent dans une aventure où le mauvais goût côtoie la perfidie.
François Brunelle
La Marquise essaie de convaincre le Vicomte de détruire l’aura de pureté de la jeune Cécile Volanges, alors qu’il a déjà jeté son dévolu sur la présidente de Tourvel, trophée de chasse par excellence pour malicieux en quête de vertu. Se succèderont duperies, viols, belles paroles, infidélité et traitrises, dans le seul et unique but de divertir les deux riches et séduisants nobles. Jusqu’au jour où Madame réalisera que Monsieur a développé des sentiments profonds pour sa proie, libérant ainsi sa jalousie et sa cruauté, dont elle se fait une fierté.

D’une rare intelligence, le texte donne dans l’excès de paroles immorales et d’envolées romantiques, obligeant les comédiens à faire preuve d’un talent d’équilibriste afin de ne jamais franchir les limites de la crédibilité. Ce qu’ils réussissent tous à merveille.

François Brunelle
Éric Bruneau assure à Valmont une vérité de tous les instants, tant dans la fulgurance amoureuse que dans la brutalité du violeur, la dureté du conquérant et l’ingéniosité du magouilleur.

À peine quelques semaines après avoir offert une Marie Tudor impériale au Théâtre Denise-Pelletier, voilà que Julie Le Breton donne à Merteuil un panache et une vulnérabilité bien dosée qui lui permettent une fois de plus de nous ébranler et de confirmer qu’elle est l’une des plus brillantes actrices de sa génération.

Magalie Lépine-Blondeau arrive à nous émouvoir en interprétant la tempête d’émotions qui trouble la dame de Tourvel, au point de la rendre malade d’amour, alors que la jeune Kim Despatis rend justice à la jeune Cécile en lui donnant juste ce qu’il faut de candeur, d’innocence et de légèreté.

Le metteur en scène Serge Denoncourt dirige ses acteurs avec un doigté incomparable, capable de rendre intelligible et sans cesse fascinant un texte franchement verbeux, d’orchestrer avec brio les scènes de combats et de représentations sexuelles, d’utiliser à bon escient le plateau tournant pour ajouter une touche de tension à l’ensemble et de maintenir un équilibre entre le drame et l’ironie.

Du grand théâtre.

Les Liaisons dangereuses
Chez Duceppe jusqu’au 17 mai 2014

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