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Le Détesteur: mettre fin au comportement passif-agressif
Crédit: Émilie Deshaies

Dans l'immeuble où je loge actuellement (je déménage bientôt), on a déjà porté plainte contre moi, 6 ou 7 fois, en moins de deux ans. Mon proprio pense probablement que je suis le pire.

C'est drôle parce que je me sais pourtant un locataire crissement aware, discipliné, tolérant et plutôt accommodant. Qui ferme sa gueule, surtout. Même quand il fait jour, je marche sur la pointe des pieds pour éviter à ceux d'en bas d'être dérangés. Et les bruits sont plutôt rares, ici.

Mais tout ça n'a aucune valeur quand le comportement passif-agressif auquel ont recours les voisins l'emporte. J'me dis que c'est peut-être même pire de ne pas s'y adonner. C'est vrai, quand tout le monde décide de concrétiser ses spéculations et de porter plainte au proprio… la seule personne à ne jamais avoir lâchement chigné à tort se retrouve en fait à blanchir toutes les autres et à mettre le spotlight sur ses propres non-méfaits.

D'abord, y'a mon voisin de palier qui gueule juste tout le temps à la tête de ses enfants. Il a tellement peur qu'ils énervent le voisinage avec leur joie de vivre qu'il leur hurle, d'un ton à s'arracher la peau, d'arrêter d'être joyeux. C'est comme ça 24/7. Et je ne m'en plains jamais. Je pourrais, mais c'est mon prob, c'est moi qui ai décidé d'habiter un endroit mal isolé. J'assume. Même s'il rend la plupart de mes journées un enfer.

J'ai donc fait le choix de ne jamais composer le numéro de mon proprio pour lui pleurnicher à l'oreille pis encore moins de cogner dans le mur en guise d'avertissement. Jamais.

Et j'me dis qu'à gueuler comme un esti d'malade, nuit et jour, il devrait s'en douter qu'il dérange, pourtant, non? Visiblement pas, parce qu'aussitôt que le son de ma télé joue trop fort le soir; il frappe dans une des feuilles de gypse qui nous sépare. Et surprise, mon propriétaire m'en glisse occasionnellement un mot au moment de récupérer l'argent du loyer. «Fais attention avec ta télé, tu déranges le voisin.»

J'veux dire, wow, il ose se plaindre. Comment un gars autant agressant pour les occupants autour peut-il se montrer aussi peu indulgent? Et surtout, il n'a jamais vu mon visage. Il règle ses comptes à distance, anonymement, sans chercher à établir le dialogue. Et là, c'est moi qui paie de ne jamais avoir fait connaître mon mécontentement, parce que j'ai décidé d'opter pour la tolérance.

 Et le même genre d'histoire se répète chez mes voisins d'en haut, comme chez ceux d'en bas, qui s'auto-alimentent à chaque fois qu'ils lèvent le rideau de la fenêtre de cuisine afin de mieux poser des jugements et me prêter des intentions qui ne sont pas miennes. Tout ça, pour que finalement, des accusations crissement pas fondées, autant fausses qu'exagérées, me frappent de tous les côtés.

Jusqu'à c'qu'on pense de moi que je suis le pire locataire EVER.

J'habite un immeuble qui déborde de passifs-agressifs. Le transport en commun est infesté de #cesgens qui, silencieusement, sévissent et s'en frottent la barbe sans même se douter qu'on le décèle, oui, mais qu'on lui a même donné un nom à ce comportement. Un courriel qui contient "???" peut aussi bien se vouloir passif-agressif. L'épicerie est un lieu de passifs-agressifs et chez Dollarama c'est encore pire. 

Moi, avoir été chef de parti, ç'aurait probablement été ça, mon gros enjeu électoral; la guerre au comportement passif-agressif. Probablement le pire poison silencieux d'une société.

Je vous déteste.