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Avec «Adoland», la photographe Caroline Hayeur nous plonge au cœur de l’adolescence
Crédit: Caroline Hayeur, « ADOLAND – Anne, 15 ans et Laura, 17 ans, Alma » www.art.carolinehayeur.com

Quoi de mieux qu’une histoire typique d’adolescence pour expliquer la genèse de la passion chez une photographe qui nous présente sa nouvelle exposition portant sur… l’adolescence. C’est dans les locaux du collectif Agence Stock Photo, dont elle est membre depuis 1994, que Caroline Hayeur me raconte ses débuts dans l’univers de la photo. «J’ai commencé la photo ado, parce qu’il y avait une chambre noire à la Maison des jeunes. Mon père m’a donné sa caméra, il n’était pas dans ce milieu, ç’a été le cliché, le déclic, puis je me suis mis à imprimer mes photos.» Sans même s’en rendre compte, l’artiste truffe son langage de termes liés à son art: déclic, cliché. Une passion ancrée dans les profondeurs de son inconscient?
 
Intitulée Adoland, la plus récente exposition de Caroline Hayeur est présentée à la Maison de la culture de Côte-Des-Neiges jusqu’au 27 avril. Hayeur fait partie de la grande famille d’artistes qui tient à donner une dimension sociale à son œuvre. «Ce qui m’intéresse avant tout, c’est l’enquête photographique. J’aurais pu être anthropologue, j’adore ça rentrer dans un milieu et prendre le temps [de m’en imprégner]. Ça m’a pris trois ans et demi faire ce projet. Donc, c’est d’abord le processus qui m’interpelle, le résultat viendra après.» L’exposition est composée de portraits de 30 personnes différentes, âgées de 11 à 57 ans, captées dans l’univers de leur chambre d’adolescent. Les scènes sont authentiques, nullement reconstituées, et s’accompagnent d’une petite légende descriptive qui nous permet d’appréhender pleinement la psyché adolescente des sujets.
Caroline Hayeur, «ADOLAND – Hassan, 13 ans, Saint-Laurent» art.carolinehayeur.com

Tout en me décrivant son travail, Hayeur se réjouit de la place grandissante du documentaire au sein des galeries d’art. «Je trouve intéressant de mettre des portraits documentaires sur des murs de galeries, parce que la liberté est à 100%, et ça donne aux gens le temps de vraiment regarder, plutôt que d’être dans la folie de l’information, de la surabondance d’images.»
 
En plus des portraits photo, l’exposition comprend aussi 5 cadres numériques accompagnés de casques d’écoute qui présentent des animations réalisées par l’artiste. Une fois arrivé à la fin du parcours, un immense babillard expose plus de 500 photos épinglées pêle-mêle, clichés accumulés lors de la réalisation de l’exposition. Il présente aussi des clichés tirés des archives de l’artiste, qui n’a pas peur d’étaler sa propre adolescence devant son public. «Il va aussi y avoir un énorme babillard, avec environ 500 photos d’épinglés. J’ai photographié plein de bouts de chambres, comme un paparazzi d’objets, et je vais faire un gros melting-pot sur ce babillard. J’ai aussi pris mes photos d’adolescence que je vais incorporer à l’ensemble. Pour le vernissage, j’aimerais bien faire un appel à tous du genre: apportez une photo de votre adolescence, rajoutez-en sur le mur.» Donc, si vous comptez vous rendre au vernissage, qui a lieu le mercredi 26 mars, n’hésitez pas à sortir vos vieux portraits gênants des boules à mites.
 
Le travail de Caroline Hayeur mérite le déplacement; elle pose un regard fascinant sur une période transitionnelle et formative, où le caractère individuel de chacun passe par de multiples incarnations, pour finalement aboutir sur ce que nous finissons tous par devenir un jour: un adulte.
 
Adoland
Vernissage le mercredi 26 mars de 17 h à 19 h
L'exposition se poursuit jusqu’au 27 avril
Maison de la culture de Côte-Des-Neiges | 5290, Chemin de la Côte-des-Neiges
Pour en apprendre davantage sur le travail de l’artiste, visitez son site web.

QUATRE PORTRAITS TIRÉS DE LA SÉRIE PRINCIPALE DE L'EXPOSITION:
Caroline Hayeur, «ADOLAND – Zoé, 14 ans, Montréal»
«Depuis que je suis petite, j’ai toujours voulu une chambre d’adolescente comme celles des magazines, genre avec le lit à baldaquin. Maintenant, je me sépare des stéréotypes. Ma chambre évolue avec moi d’une certaine façon. La décorer, ça m’a forcée à me définir. Maintenant, j’essaie moins d’être comme les autres. J’adore le rétro et les vieilles choses.» art.carolinehayeur.com
Caroline Hayeur, «ADOLAND – Simon-Nicolas, 19 ans, Montréal»
«Ma chambre c’est mon petit monde, c’est mon petit coin où j’expose mes œuvres, ce que je fais, ce que je suis. Ma mère, elle aimerait ça que je mette des choses partout dans la maison, mais ça me tente pas, j’préfère garder ça dans ma chambre. Les LEGOS, ç’a toujours fait partie de ma vie, c’tait ma mère qui m’en achetait quand j’étais plus jeune. Elle dépensait presque toutes ses payes pour me gâter.» art.carolinehayeur.com

Caroline Hayeur, «ADOLAND – Alex, 20 ans, Saint-Bruno du Lac-Saint-Jean»
«Quand j’ai eu 18 ans, mes parents, ne sachant pas trop quoi m’acheter, ont décidé de transformer ma chambre. J’ai capoté! C’tait le meilleur cadeau qu’ils auraient pas pu me faire. J’ai découvert Pink Floyd vers l’âge de 15 ans. Ç’a m’a accroché, c’est une musique qui est ouverte que je trouve positive. Ça m’a aidé à avancer plutôt que de me refermer. Faut dire que quand on est un adolescent, on se pose plein de questions. Et quand on réussit à trouver un certain nirvana en dedans de soi, ça vaut la peine de continuer. Je vois mon départ de la maison bientôt et je sais que je vais m’ennuyer de ma chambre, mais j’ai hâte.» art.carolinehayeur.com

Caroline Hayeur, «ADOLAND – Christine, 32 ans, Sainte-Marthe-sur-le-Lac»
«J’ai décidé de partir quand j’ai arrêté ma carrière professionnelle de Ballroom Dancing. Je pouvais enfin avoir ce projet-là : déménager. C’est pas ma mère, c’est mon père qui a fait un genre de mini crise devant tout le monde à Noël. “Pourquoi tu veux partir? Ta nourriture est sur la table, ta mère fait ton lavage. Tu te sens pas bien à la maison?” J’ai essayé de lui expliquer que c’est parce ce que je voulais voler de mes propres ailes, à 27 ans c’est tout à fait normal! Comme j’ai été la dernière à partir ils ont eu peur, probablement du vide. À la limite, c’est un compliment pour l’enfant parce qu’il voit l’attachement de ses parents.» art.carolinehayeur.com

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