Aller au contenu
Chronique de fin de soirée: comme une drogue.

J’ai déjà pensé arrêter.
Pour passer à autre chose et possiblement vivre plus simplement.
 
Jeudi soir, assis autour de la table de cuisine du nouvel appartement montréalais de mon amie Brige, j’ai besoin d’aide.
 
Stop ou Encore?
 

«Je fais semblant ou bien j´y crois?»
-Plastic Bertrand
 
On a tendance à abuser des bonnes choses, c’est un peu l’adage de notre société. L’excès conditionne nos agissements à un point tel qu’on ne le remarque plus. Pire, il est quasiment interdit de le dénoncer. Comme si on reconnaissait l’obésité comme étant un enjeu crucial tout en se refusant de responsabiliser les personnes obèses. Et que dire de l’alcoolisme social qu’on pardonne tout bonnement après une thérapie Facebook de 28 jours sans alcool.
 
On banalise notre culture de l’excès parce que l’essentiel de nos vies réside autour d’une chose: la quête du «rush». Peu importe ce qu’on fait, ce qu’on vit avec peu importe qui ou quoi, on le fait trop souvent pour aller chercher cette dose d’adrénaline perdue. Pour combler un vide. Et surtout sans que rien n’y paraisse. Le grand mensonge quotidien.
 
Je n’y échappe pas.
 
Peut-être que Cory Monteith et/ou Philip Seymour Hoffman ont également eu cette conversation avec un ami proche avant d’outrepasser les limites physiques de leurs corps. Ils ont possiblement tenté de se sortir de ce mode de vie qui les poussait à paraître radieux, pour le plaisir des autres. À force de se mettre en scène, ils cultivaient une fausse impression de bien-être. Et on y a cru.
 
Or, peut-être ont-ils quitté de la manière dont ils souhaitaient partir: comme une drogue. Dans la poursuite du plus grand «rush» qui soit, celui du dépassement ultime des limites, le grand saut vers l’inconnu. Le grand «high» dont on ne revient jamais. Cesser de combler le vide, pour ultimement l’explorer de son propre gré.
 
Je ne sais pas si je me rendrai à ce point un jour, si j’en aurai le courage.
Peut-être que oui, peut-être que non.
 
Entre temps, ma drogue, c’est cette chronique.
Et je pense arrêter.
 
Parce que je ne sais pas où elle se dirige, autrement que dans les bas-fonds d’une vie nocturne qui ne cultive, justement, qu’une fausse impression de bien-être. Les pages vues parlent d'elles-mêmes. Vous préférez me lire lorsque je me morfonds, lorsque je sombre dans une autoréflexion masochiste de mon mode de vie. Mon sarcasme vous énerve et l’ironie passe mal. Vous préférez témoigner d’un dandy mélancolique qui meurt à petit feu, que de vous laisser (em)porter par une trame narrative remplie de faux-semblants.
 
Alors, qu’est-ce que j’fais, qu’est-ce que j’fais?
Je m’arrête ou j’continue?

Melissa, François, Dre, Nena, Mathieu, Duotang Bleu, john john, et les autres, vous en pensez quoi?
 
Brigitte croit que je dois continuer, que je dois continuer à écrire cette chronique. Parce que ce contact privilégié que j’entretiens avec vous, chers lecteurs, que ce sentiment unique va me manquer.
 
Elle a raison.
Vous êtes mon «rush».
Et que tombe le diagnostic: je suis accro à vous.
 
Je ne sais pas si je fais le bon choix, ou de quel genre de thérapie j’aurai besoin lorsque tout ceci sera réellement terminé. Pour l’instant, tout ce que je sais, c’est qu’il nous reste au moins trois mois à passer ensemble.
 
Reniflons donc un bon coup, allons-y à fond et profitons des bonnes choses de la vie.
Avec excès, pour le meilleur et pour le pire.
 
À la semaine prochaine.

Plus de contenu