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Victime de la porn: tu fourres ou tu fais l’amour?

Victime de la porn revient en force avec un nouveau format version bouquin, regroupant plus de 100 textes remastérisés, originalement publiés chez NIGHTLIFE.CA entre avril 2010 et août 2016. On y retrouve le même ton cru et sensible d’Eric Chandonnet, l’auteur à la plume hardcore et au cœur romantico-pornographique. Pour l'occasion, on vous repartage ses grands crus et on vous invite le mardi 2 octobre prochain au Ausgang pour le lancement du recueil illustré par LeJeanJules.

***

Tout le monde a un peu sa petite vision de ces deux savoureuses expressions. « Faire l’amour » sonne plus quétaine alors que « fourrer » sonne plus douchebag. (Devinez laquelle j’utilise le plus.) Pour moi, les deux expressions sont un peu des synonymes, mais pour la plupart du monde, il y a une bonne différence entre les deux modes.

Une question de rythme?

Il y a des gens qui trouvent que c’est surtout une question de beat et de décibels. Faire l’amour est une activité tranquille où deux corps fabriquent du luv en douce harmonie sans faire de bruit, alors que fourrer symbolise le gros « TAK! TAK! TAK! » pesant où t’entends toujours le sac qui frappe violemment.

(Oui, je veux que tu prennes une seconde pour t’imaginer le scrotum qui tape.)

Peut-être est-ce une question de sentiment?

Peut-être que faire l’amour, c’est quand tu fourres avec amour. Est-ce que le va-et-vient se transforme quand on est amoureux? L'amour métamorphose nos coups de bassin? Je ne sais pas. La différence doit surtout paraître dans l’avant-sexe et l’après-sexe. Peut-être que tout ce qui précède la baise est moins lourd quand t’es en amour. Et sûrement qu’en baisant quelqu’un que t’aimes profondément, t’as moins de chance d’être frappé par ce gros vide lourd qui te rattrape quelques secondes après l’orgasme.

(Pas besoin de te remémorer ce vide-là, il est déplaisant.)

Une question de respect? De classe? De romantisme?

Poussées à l’extrême, les deux expressions deviennent aussi ridicules l'une que l'autre. Faire l’amour devient trop soft, respectueux et molo. Une surdose de bleue pâle plate poche. Tandis que fourrer devient juste trop dégueulasse. Genre de trip où tu te crosses sur le corps d’un autre; se vider pour se vider. Le gars joue le rôle du vibro avec une paire de bras (qui coûte moins cher de batterie) alors que la fille se transforme en petite chaudière à sperme tight (qui se vide toute seule). Formidable! De la belle grosse classe bien grasse.

En fait, plus on s’attarde aux définitions dans l’absolu, plus on réalise que la plupart de nos ébats se trouvent quelque part entre les deux. En tout cas, si l'on doit absolument choisir une catégorie entrer fourrer et faire l'amour, ce n’est pas toujours évident. Est-ce qu’on peut faire l’amour sans qu’il y ait de pénétration? Est-ce qu’on fait encore l’amour si le Magic Wand s’en mêle? Est-ce que ça tombe en mode fourrage quand on se met à doigter un deuxième orifice? Et si c’est la main au complet?

De grandes questions!

Est-ce qu’il y a une plus belle preuve d’amour qu’une blonde qui te vide les couilles pour te déstresser d’une entrevue? Pourtant, je ne suis pas sûr que ça se qualifie.

Quand on parle de fourrage, on a toujours l’image d’une baise rough et sale, mais ce n’est pas nécessairement péjoratif. En fait, s’il y a des moments où j’ai eu l’impression de faire l’amour, c’est bien quand c’était rough et violent. Quand il se passe quelque chose. Quand tu partages un moment. Quand les deux corps se jasent, même s’ils jasent fort.

De toute façon, est-ce qu’on décide vraiment de si l’on fourre ou si l’on fait l’amour? On aimerait bien, mais je ne sais pas si c’est vraiment notre décision. Je trouve toujours intéressant de voir aller ces gens en mode one-night ou fuck-friend qui ont des pseudo-stratégies pour éviter que les sentiments s’en mêlent.

« Je peux pas tomber amoureux, je fais juste la buttfucker. »
« Le truc, c’est de jamais se regarder dans les yeux plus que trois secondes d’affilée. »
« Je ne couche jamais là-bas donc je suis OK. Tout le monde sait que l’intimité n’arrive qu’à l’heure du déjeuner. »

Belle naïveté. Comme si notre cœur n’allait pas faire à sa tête anyway.

Ça ressemble un peu à ces gens qui ont la prétention de pouvoir faire la différence entre le sexe et l’amour. J’ai toujours trouvé ça bizarre étant donné que moi, j’ai tendance à tomber en amour quand je vis du bon sexe. Je n’y peux rien. Au début, je m’en voulais, mais de plus en plus, je trouve ça normal, sain et profondément humain.

Cela dit, même si vous développez des sentiments en fourrant, ça ne veut pas dire que vous feriez un bon couple pour autant et que c’est le temps de lâcher la pilule et checker les maisons en banlieue. C’est peut-être là qu’il faut apprendre à faire une distinction.

Mais vouloir baiser ou fourrer sans s’attacher ou créer de rapprochement, c’est un peu à l’inverse du concept. J’aurais tendance à te demander ce que tu fais là. En fait, si tu ne ressens vraiment rien quand tu fourres avec quelqu’un, c’est peut-être le temps de t’inquiéter. Soit vous vous y prenez mal, soit il te manque un morceau assez important quelque part dans le chest.

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