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Pleureuses professionnelles et collages «porno» provocateurs au Musée d’art contemporain
Crédit: Louis-Philippe Côté, Data, 1996-2013. (c) Mirek Hamet

Le Musée d’art contemporain de Montréal vient de lancer un superbe combo d’expositions: Adrian Paci: Vies en transit et Collages: Geste et fragments, toutes deux présentées du 6 février au 27 avril. Voici notre compte-rendu.
Adrian Paci, Home To Go, 2001. (c) Mirek Hamet

Adrian Paci: Vies en transit
Paci est un artiste en transit… existentiel.  «Je ne considère pas mon travail comme porteur de sens ou comme une affirmation. Je tente plutôt de le considérer comme un réservoir de vies», nous dit-il. Et vivantes, les œuvres de l’Albanais le sont! De la sculpture à la vidéo en passant par la peinture, il aborde la question de l’identité, du rituel, de la mémoire et de la perte avec une démarche empreinte d’humanité.

L’exposition s’ouvre avec The Encounter, une vidéo où l’on voit l’artiste se faire serrer la main par des centaines de gens faisant la queue devant une église en Sicile. Adrian Paci questionne ici le rôle de la poignée de main, utilisée couramment, mais ayant perdu sa valeur symbolique. Le thème du rituel revient à plusieurs reprises dans des œuvres comme The Last Gesture, où l’on voit les derniers moments d’une jeune fille juste avant son mariage ou encore avec Vajtojca (Pleureuse), où il met en scène sa propre veillée funèbre en payant une pleureuse professionnelle. « [La pleureuse] m’offrait un service, comme une thérapeute ou une masseuse. Elle se pratiquait depuis qu’elle était jeune à pleurer les morts», raconte-t-il. Cette œuvre met en lumière notre désir de fiction à toutes les étapes de notre vie.

Pour l’artiste de renom, la quête de la vérité est essentielle, mais «regarder au travers d’un objectif, c’est manipuler». On est d’abord charmé par la projection du film 35mm Per Speculum (À travers le miroir) dans lequel des enfants se livrent à des jeux de miroirs dans un décor charmeur, jusqu’à ce que l’un d’entre eux nous lance un caillou et brise l’illusion sous nos yeux, révélant tout le dispositif à l’œuvre. C’est un peu cette tension entre le réel et l’imaginaire qui est présente dans l’entièreté de l’exposition Vies en Transit.


Trevor Mahovsky et Rhonda Wheppler, sculpture Prop, 2007. (c) Mirek Hamet

Collages: geste et fragments 
Tout le monde a eu sa phase scrapbooking, mais ce qu’on ignore, c’est qu’il s’agit d’une pratique courante chez les artistes. Lesley Johnstone, la commissaire de l’exposition Collages: geste et fragments, a réuni huit artistes aux styles diversifiés pour prouver que le collage demeure un art séduisant.

C’est la volonté de saisir un instant du quotidien qui anime l’esprit créatif de ces artistes, bien qu’ils aient tous une manière très différente de l’exprimer. Pour Paul Butler, nul besoin de faire du collage, vive le découpage! Il transforme des revues en éliminant toute la portion textuelle et en la remplaçant par des rectangles, le tout créant un rendu terne et abstrait. Il se rachète avec son Collage Party Pavilion (v2), installé à la Rotonde [NDLR: restaurant dans l’atrium du musée], cet endroit permet aux visiteurs de créer leurs propres collages et peut-être même de boire un verre… Why not?

Louis-Philippe Côté a sans doute la collection la plus impressionnante d’images. Il les accumule avec un petit côté obsessionnel depuis l’adolescence. Pour la plupart, ce sont des photos pornographiques mises à côté d’images faisant référence à l’armée. La violence et la beauté se côtoient dans cette œuvre provocatrice. Pour Lesley Johnstone, l’intérêt réside dans la façon dont « le cerveau réagit à cette manière d’organiser les images». 

Pour sa part, Thomas Corriveau en avait marre du collage traditionnel et il a voulu explorer le collage par le biais de la vidéo et du montage. Le résultat est surprenant et la quantité d’images nous fait perdre le fil de l’histoire. Un clin d’œil à notre société de consommation qui nous bombarde d’images jusqu’à ce que l’on en perde le sens.
 
Adrian Paci: Vies en transit et Collages: Geste et fragments
Du 6 février au 27 avril
Musée d’art contemporain de Montréal | macm.org

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