Ode à la vie par Sylvie Drapeau dans Le Carrousel

Quatre ans après La liste (sublime texte et interprétation), la comédienne de renom Sylvie Drapeau revient sur les planches et renoue avec les mots de Jennifer Tremblay dans cette nouvelle pièce solo taillée sur mesure pour elle, Le Carroussel.

Seule sur scène pendant 1h05 (il faut le faire!), Sylvie Drapeau incarne tous les personnages du récit et fait preuve de l'immense talent qui l'habite avec conviction et authenticité. Dans un long souffle de vie et de voix elle raconte, s'arrête, pleure et regarde. Elle possède littéralement l'espace et habite toute la scène d'une façon magistrale et totalement naturelle.

Dans un magnifique texte puissant et très intime, puisant son essence dans les profondeurs des sombres forêts du Grand-Nord (d'où l'auteure et l'actrice sont originaires) et dans la beauté du jour qui se lève sur le fleuve-presque-mer, le spectateur à droit à une ode à la vie vibrante, dure, parfois sordide, mais belle et touchante.

Une histoire de femmes, de filiation, de territoire et de souvenirs. L'histoire d'une quête, d'une fille, de sa grand-mère et de sa mère. De secrets de famille, d'envie, et de naïveté. Une affaire d'hommes aussi; ces maris, ces frères, ces amants, ces fils, comme tant d'acteurs traversant leurs vies. Un récit fortement imprégné de l'histoire de ce Québec rural et "d'antan", au goût âpre d'épinette.

Une scénographie modeste, mais oh combien efficace, signée Patrice Dubois, qui vient accompagner et envelopper à la perfection la «Reine de vison» dans tout son éclat. Une musique (Pascal Robitaille) interprétée en direct par Jasmin Cloutier qui complète parfaitement l'ensemble.

Du théâtre, du vrai, comme il s'en fait de moins en moins. Simple et rudimentaire: une actrice, une scène, un décor minimaliste, quelques accessoires et une touche musicale, mais qui nous happe du début à la fin et qui accomplit sa mission, celle de nous toucher et de nous faire grandir.

Le Carroussel
Du 14 janvier au 8 février
Théâtre d'Aujourd'hui