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Critique du film «Inside Llewyn Davis»: un Coen à saveur folk qui sort des biopics pompeux
Un nouveau film des frères Coen pour Noël! Le duo nous arrive avec Inside Llewyn Davis, un bon film sans être un chef d'oeuvre pour autant. Retour sur cet objet qui sort la journée de Noël sans magie de Noël.
 
On raconte l'histoire de Llewyn Davis (Oscar Isaac), fiction librement inspirée de la vie d'un vrai chanteur folk de Greenwich Village de l'époque qui ne l'a pas eu facile, Dave Van Ronk (voir la biographie Mayor of MacDougal Street qui explique la vie de cet homme en manque de reconnaissance populaire). Llewyn Davis veut percer dans le milieu de la musique avec son folk à une époque où ses compositions sont légèrement en avance sur son temps, le folk n'étant pas encore assez mainstream. Il joue dans les mêmes petites salles. Fatigué et en manque de défi, il se dirige sur un coup de tête vers Chicago pour rencontrer un gérant-promoteur qui lui manquera de respect. Rien ne va plus pour la musique, mais rien ne va plus depuis longtemps pour Llewyn. Depuis que son meilleur ami et partenaire de musique s'est suicidé, il porte le lourd poids du deuil laissé par ce départ, qui semble lui avoir ouvert des portes sur les possibilités de sa propre «délivrance». Il couche avec Jean (Carey Mulligan), la blonde d'un ami (Justin Timberlake). La fille tombe enceinte, la fille est hystérique. Il n'a pas de domicile fixe. Son gérant est un arnaqueur. Il entretient une relation tumultueuse avec sa soeur. À tout ça se mêlent le chat d'un couple d'amis bourgeois-bohèmes, perdu, retrouvé, perdu, retrouvé et une longue ride de voiture de New York à Chicago avec un adepte de la culture beatnik et un autre accro à l'héroïne.
Sorte d'antithèse du feel good movie, le film nous rend amorphe, les deux pieds dans la slush, dans une sorte de spirale noire où seul l'échec semble régner, mais le malheur chez les Coen n'est pas pour autant une raison pour s'empêcher de rigoler. En prime, il y a l'histoire d'amour féline qui touche (le chat est si bien filmé). Le tout agrémenté de musique folk interprétée en temps réel (pas de playback) par les acteurs. 

Mise en scène honnête, un des points forts est de nous jouer en intégralité les chansons et de nous amener dans une ambiance plus onirique à un certain moment du film. Un plus pour la photo qui rend bien l'âme de cette époque brune. La performance d'Oscar Isaac est solide, le gars a du charisme. Se démarque aussi Jean (Carey Mulligan), hystérique qui vit des grosses sautes d'humeur, qu'elle ne tente par aucun moyen de réprimer. Pour ceux qui se le demandent: non, Timberlake ne vient pas tout chier avec ses apparitions et donne en prime une prestation assez divertissante en trio avec Adam Driver et Oscar en séance d'enregistrement studio avec une chanson pop aux propos douteux. 

On peut donner aux Coen d'avoir bien rendu un film musical qui sort des biopics pompeux trop émotionnels, que veulent trop raconter en peu de temps. Ici, on raconte peu en 105 minutes et c'est très bien comme ça.

Inside Llewyn Davis
En salle dès le 25 décembre 

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