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Le Détesteur: adopter la coupe Win Butler en 2013, c’est nope.
Crédit: Émilie Deshaies

2013; année de la démocratisation de la coupe Win Butler. Après une quasi-décennie de présence plus ou moins timide sur la scène musicale et dans les quartiers huppés de la métropole, c'est en 2013 que tous ont finalement "osé" pour ces petits cheveux délinquants. Par tous, il faut entendre; ceux qui, pas plus tard qu'en 2010, rockaient encore des souliers de skate Osiris.

Presque 10 années après Butler ont passé avant que monsieur "t-shirt funny de chez Simons" adopte cette coupe "audacieuse". Dire qu'au moment où je m'en suis permis une, j'étais déjà deux années en retard. Ça fait presque 5 ans de ça. Et pour très peu de gens, j'étais tendance. Pour les autres, j'étais une "crisse de tapette".

5 ans à me faire traiter de fif pour te permettre aujourd'hui d'arborer ce qui est dorénavant accepté collectivement. Cinq longues années où tu n'étais pas encore prêt à prendre un tel risque. M'semble que c'est l'genre de trend sur lequel tu dois jumper pendant qu'il en est à ses premiers souffles. Si t'attends trop longtemps, t'as juste l'air d'avoir pris Miley Cyrus pour modèle, pis rendu là, le hairstyle appartient maintenant à la culture pop pis n'a pu grand-chose de subversif.

Dans l'fond, toi qui as adopté la Win But en 2013, t'es pas mal comme le gars en retard d'la Rive-Nord pour qui tout c'qui n'a pas encore reçu l'approbation du lobby hétérosexuel/mâle-alpha est bin qu'trop "fag", mais qui, dès que porté par ton Dj préf, ou mieux, ton candidat favoris d'OD, se l'approprie comme le nouveau trend du moment. Toujours -au moins- 4 ans après tout l'monde. TOUJOURS.

Je t'observe depuis le phénomène #emo, où la société ne comprenait plus ce qui lui arrivait alors que tous les gars semblaient prendre un virage homosexuel. C'était donc bin inacceptable qu'un jeune homme enfile des skinny jeans! Tu frappais sur tous ceux qui osaient sans jamais remarquer qu'au bout de quelques années tu adhérerais toi-même à ces tendances. T'as comme jamais compris ça, on dirait. Pis soudainement, t'es débarqué au Radiolounge avec un fauxhawk pis des jeans délavés. Pis des converses. Pis un v-neck. Pis une casquette de trucker. T'as mâle-alphaïsé ce qui te paraissait pourtant si homo. T'étais drôle à voir aller.

Fak tsé, quand j'te croise sur la rue, que j'te vois dans un vidéoclip ou à la télé pis que JE SAIS que pas plus tard que l'an dernier t'étais même pas près de te rendre chez la coiffeuse pour lui demander la coupe rasée en dessous pis semi-longue sul' dessus, t'as pas idée combien j'trouve que t'as manqué l'bateau 5 ans après ceux qui l'avaient déjà manqué en 2009.

T'as rien de différent de ce gars de club qui est toujours à attendre que la culture pop lui donne formellement la permission, de manière à c'que porter ce type de hairstyle ne laisse place à aucune ambiguïté quant à son orientation sexuelle, ni ne lui fasse perdre la chance d'obtenir un emploi lors d'une entrevue. 

T'es ce dude là, man. Sache-le.

Je te déteste.