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Le Détesteur: lettre au dude à qui j’apprends à vivre dans le métro
Crédit: Émilie Deshaies

D'habitude, je fais jamais ça, pousser #lesgens dans le métro. Mais ce matin, je t'ai solidement rentré dedans. Soupirs, sacres et «ESTI DE CRÉTIN» t'ont confirmé que ça n'était pas un incident. Je t'ai bel et bien bousculé délibérément. 

C'est que dude, quand le métro arrive et que t'y entres, y'a de pas pires possibilités qu'un humain se trouve derrière toi. Si tel est le cas, j'peux t'assurer d'une chose; cette personne ne traîne pas sur le quai par hasard, ou encore, pour y observer les publicités de Sugar Sammy qui fait une bouche en O. Elle y est pour les mêmes raisons que toi: prendre le tabarnack de métro.

Dans le cas échéant, si au moment de franchir les portes tu jettes un long regard à tes messages textes et que cette activité a pour conséquences de te faire perdre conscience de ton environnement et d'emprunter la démarche lente et dissonante d'un zombie; y'a de forts risques que les portes se referment sur mon corps, moi qui suis juste derrière toi.

Bref, t'étais là, devant moi. J'avais accès à ton visage, à tes yeux absorbés par ce qui se passait à l'écran de ton iPhone. Tu souriais comme on sourit quand on reçoit LE message texte convoité. Tu t'en câlissais des gens autour.

Une fois à l'intérieur du wagon, t'es resté immobile à l'entrée. Les portes auraient même pu prendre ton sac à dos en otage si je ne t'avais pas poussé. Et pendant c'temps, moi, j'attendais que tu déplaces ton esti d'corps mou de déconnexion cérébrale vers le fond, parce que oui, je voulais entrer. Et tu ne l'as pas fait. BANG. Je devenais pour la première fois d'ma vie THAT DUDE qui reste coincé entre deux portes de métro. J'aurais même pu me prendre une amende pour les avoir retenues avec mes mains. 

Je t'ai poussé en te criant dessus. T'es un crétin. Tu ne comprenais pas parce que ta tête était ailleurs avec une autre personne pis j'venais d'interrompre le coït virtuel. 

Et non seulement ça, t'as réalisé que ton backpack prenait la place de 2 personnes. Pis évidemment, quand tu l'as retiré de tes épaules, tu ne l'as pas fait en douceur, fallait que t'accroches la femme derrière toi en prenant un de ces élans, de manière à c'qu'il atterrisse astucieusement dans tes bras. 

Ah man, pis c'est pas tout. Après quelques stations, le wagon se remplissait de gens et d'autres en sortaient. À côté de toi, deux bancs libres. On était coincés debout, collés, et l'oxygène se faisait rare. T'étais le seul qui avait accès à ces bancs et t'aurais pu t'y asseoir (ou céder la place à quelqu'un d'autre) et ton voisin immédiat aurait pu en faire de même. De cette façon, ç'aurait fait un peu plus d'espace pour tout le monde.

Mais indeedemment, t'es un crétin, t'as rien compris à ça pis t'as fait à ton esti d'tête. Pis quand est venue ta station, t'as remis ton sac de la même manière que tu l'as enlevé, c'est-à-dire, en assommant le gars derrière toi. Pis tu t'es empressé de ressortir ton iPhone de tes poches, impatient de retrouver les petites coches de ton réseau 4G.

Tu représentes tout ce qu'on déteste chez #lesgens qui ne savent pas vivre en société. Pis je ne regrette pas vraiment de t'avoir poussé.

Je te déteste.
 

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