Aller au contenu
Le Détesteur: la perte d’un chien, cet être humain
Crédit: Émilie Deshaies

J'appréhendais ce moment depuis sa naissance, en 2003.

Ma copine m'a forcé à visionner Marley et moi; éclaté en larmes dans ses bras. J'ai vécu la mort du chien dans Pour le meilleur et pour le pire sur Télétoon et plus tard sur Télétoon Rétro; éclaté en grosses criss de larmes, à chaque fois. Idem pour le chien de Fry dans Futurama. J'ai pleuré.

Jusqu'à la semaine dernière, je n'le savais pas, mais je vivais pour l'amour des chiens. C'est que celui du nid familial est décédé. Il avait une décennie de vie derrière lui. Bon, évidemment, je n'habite plus chez mes parents, mais quand même, il a été mon p'tit chien longtemps. Cette maison n'a jamais été vide de canin depuis 1983. 30 ans de petites bêtes inoffensives qui ne demandent qu'à troquer de l'amour pour de l'amour pis quelques minutes à l'extérieur. 

Maintenant qu'il est parti, je dois faire le deuil, non seulement de lui, mais de tous les chiens. Parce qu'adopter un chien, c'est cruel pour le coeur. Déjà 7 ans et l'approche de son dixième anniversaire te tue tranquillement, ne sachant jamais combien de temps il lui reste à vivre. T'évites d'y penser. #lesgens qui n'ont jamais aimé un cabot nous répètent souvent qu'ça n'est quand même pas la perte d'un humain. Ils n'ont rien compris.

Ce chien remplaçait l'autre qu'on a perdu à la fin de mon secondaire. Et ce jour-là, j'ai compris que ces petites créatures étaient beaucoup plus que des animaux de compagnie. La veille de sa mort, en 2003, il ne pouvait plus bouger, tremblait et ne mangeait plus. Une journée encore et on allait le faire endormir pour éviter qu'il souffre davantage. Je lui ai parlé ce soir-là. Je lui expliquais qu'il pouvait partir, qu'on l'aimerait toujours pis je sentais qu'on se comprenait pour la première fois. Nos âmes communiquaient. Le lendemain matin, il a usé de ses dernières forces pour venir me dire Adieu à ma porte de chambre. Il est mort là. Pas dans la cuisine, pas dans le salon. Devant ma porte.

Le plus difficile dans le deuil d'une douceur sur 4 pattes c'est de la savoir partie seule vers l'inconnu, avant nous, alors qu'on était là à veiller sur sa sécurité à temps plein, à dépendre de son affection autant qu'elle dépendait de la nôtre. De se demander ce qu'il advient d'elle, maintenant qu'elle est de l'autre côté. De repenser à autant de kindness, de pardons systématiques. De s'dire qu'on ne pourrait jamais entretenir une aussi belle relation d'amitié avec personne d'autre, à moins d'adopter un autre chiot. Mais une dizaine d'années, c'est trop peu pour partager la vie avec la meilleure race d'être humain.

Oui, je l'ai dit. Le chien est un humain. Non, en fait, le chien est l'humain qu'on aspire à devenir depuis des lustres. Tu peux ne pas adhérer à ma théorie, je ne t'en demande pas tant. Mais quand tu vivras une histoire semblable à la mienne, t'en seras toi aussi convaincu.

Et maintenant, je suis en deuil de ce type d'humain parce que je ne sens pas la force de partager ma vie avec quelqu'un d'aussi bien qui devra malheureusement me quitter dans un avenir bin qu'trop rapproché. C'est déchirant. Déchirant à un point où je viens d'exploser dans le café où je rédige cette chronique. LOL, quand même. J'ai l'air de quoi?

On s'est vus le jour de mon anniversaire, le 3 novembre dernier, pis j'aurais aimé savoir que c'était la dernière. Toi, tu l'savais probablement pis t'étais bien parce qu'on était tous réunis. Avoir su, je t'aurais serré plus longtemps. Je t'aime, Ti-Pou.

Je ne vous déteste pas. Pas là. Une autre fois.
 

Plus de contenu