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Fin novembre, le projet artistique et solidaire d’ATSA pour ébranler les consciences face à la multiplication des sans-abris
Crédit: Martin Savoie

On les aperçoit devant le métro, aux arrêts de bus, dans les embrasures d'immeuble. Ils dorment un peu là où ils peuvent. Par terre. Sur les bancs. Dans des abris de fortune. Même l'hiver, seuls les plus chanceux logeront dans des foyers temporaires, encore en sous-nombre.

Rien qu’au Québec, les sans-abris seraient plus de 50 000 (chiffres RAPSIM). Et les associations préviennent que le phénomène ne cesse de s'amplifier. De leur côté, les politiques du gouvernement péquiste en matière d’itinérance débutent doucement. 

A l'approche des grands froids, le projet « Fin novembre », piloté par l’Action Terroriste Socialement Acceptable (ATSA), veut répondre cette année encore à la croissance de l'itinérance. Dans l'héritage de l'initiative Etat d’urgence, du 21 au 24 novembre sur la place Émilie-Gamelin, l'organisme tient la 3e édition de son événement de création artistique solidaire autour du thème « dormir dehors ». 

 « Que des gens dorment toujours dans la rue dans un pays riche comme le nôtre, c’est une situation qu’on trouve inacceptable », lance vertement Annie Roy, co-instigatrice du projet. 

Cent-vingt-cinq bénévoles sont mobilisés par l'ATSA pour « donner des repas et des vêtements chauds ». « Il y a une implication citoyenne très forte », se réjouit Annie. Sofas, couvertures, diffuseurs de chaleurs et convivialité accompagneront ces distributions.

Durant ces quatre jours, la place Emilie-Gamelin sera surmontée d'une étoile de cinq mètres de diamètre, construite en matelas (symbole de réconfort), et éclairée par un film projeté en continu, montrant des segments de la nuit d’un itinérant, en référence à Sleep de Warhol. D'autres performances participatives ponctueront la période (diaporamas collectifs, espaces de créations participatifs, oeuvres urbaines…).

L'étoile du projet "dormir dehors", sur la place Emilie-Gamelin – Crédits: ATSA

L'objectif ? Sensibiliser massivement. Pallier, par la création artistique, l'indifférence du corps social. « L'art permet l'expression pacifiée de notre indignation. Il met les gens en relation malgré leurs différences », atteste Annie. Nécessaire pour « briser l'exclusion et les préjugés », l'art vient porter leur voix, car les itinérants sont inaudibles : ils n'ont « pas la parole, ni un gros poids politique ».

L'événement est bref, mais audacieux. Et pourtant, Annie ne sait pas trop si le projet pourra perdurer l'an prochain. « On n’est plus tous jeunes », déplore-t-elle. Pas de relève en vue ? Réponse désabusée : « Il n’y a pas beaucoup de fous comme nous. »

« Fin novembre » | Place Emilie-Gamelin, Quartier des spectacles
Du 21 au 24 novembre
atsa.qc.ca

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