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Le Détesteur: Facebook m’a changé, je ne t’écoute plus me parler
Crédit: Je t'ai entendu, oui, mais j'me câlisse du sujet que t'amènes sur la table pour le moment. Facebook m'a habitué à jaser de choses qui s'passent LIVE sur mon newsfeed ou tout simplement d'aborder les thèmes qui me plaisent pis d'remettre à plus tard ceux qui m'ennuient.

J'ai souvent défendu Facebook quand on s'en prenait à lui, à ses effets, parce qu'on l'accuse souvent à tort. On dit de lui qu'il isole les gens, qu'il empêche le contact humain. Mais ça, ce sont de vieilles idées de non-initiés restés coincés dans le web 1.0, quelque part entre Caramail pis ICQ. Facebook ne m'a jamais permis autant de me faire des amis.

Mais là, Facebook, il m'a rendu malade. Ça m'a pris du temps avant de pouvoir l'affirmer, mais j'y suis. Son impact sur ma vie est considérable, au point où, même après avoir cliqué sur le bouton de déconnexion, je sais que mon esprit est encore là à scroller mon newsfeed. Pis en écrivant ce texte sur mon chromebook, j'me donne mal au coeur juste à réaliser qu'un onglet Facebook est ouvert, qu'il l'est aussi sur mon PC qui se trouve un peu plus loin et que j'viens d'recevoir une notif sur mon iPhone (et j'ai pas pu m'empêcher d'la checker, même si j'venais d'la voir popper sur mon laptop).

Avant FB, on pouvait considérer que j'étais un gars avec une très grande écoute (dans la vraie vie, j'veux dire). Aujourd'hui, ma volonté d'entendre c'que les autres ont à m'dire est la même, mais les résultats, eux, ont clairement changé. C'est que Facebook, depuis qu'il a tué MSN, me permet de gérer mes convos comme je gère un courriel. L'importance de répondre dans l'immédiat a reculé de 20 bonnes marches pis les gens le savent et sont OK avec l'idée. D'autant plus que maintenant, on débute rarement une discussion par "Salut, ça va?". On va droit au but, souvent à partir d'une interaction récente sur le réseau, pis si par malheur on n'avait plus rien à s'dire, bin on s'dit pu rien pis c'est tout, sans l'angoisse de trouver une façon polie d'écrire "bye".

Je n'écoute plus les gens quand ils me parlent. À moins d'être drunk, dans un bar, là je t'écoute. Autrement, quand j'te regarde pis que j't'entends me parler, la situation s'apparente un peu au: "✓Vu: 17:36" qui demeure sans réponse, version real life.

Je t'ai entendu, oui, mais j'me câlisse du sujet que t'amènes sur la table pour le moment. Facebook m'a habitué à jaser de choses qui s'passent LIVE sur mon newsfeed ou tout simplement d'aborder les thèmes qui me plaisent pis d'remettre à plus tard ceux qui m'ennuient.

Par exemple, c'est par l'entremise de mon dernier statut qu'un ami est venu me parler de végétarisme. Là, on sait qu'à ce moment précis, mon interlocuteur et moi, on s'intéresse au même sujet et aucun de nous deux ne peut s'emmerder. Pas de "Pis, quoi d'neuf?" qui créé des malaises. On s'évite d'être le parasite qui insiste pour parler à tout prix et d'histoires insipides. Seulement l'essentiel, au moment opportun. Less is more.

Le prob avec ça, c'est que tout le reste devient une corvée. J'ai pas demandé à c'que tu m'racontes c'qui s'est passé à ta job avec des collègues que j'connais pas. À moins que ça implique un voile, là, j'pourrais être réceptif; j'ai débattu sur la charte des valeurs une bonne partie d'la journée. Ma tête est consciente que t'as besoin d'en discuter, mais comme sur Facebook, j'ai envie de choisir pis de mettre ça sur hold.

Mais t'es pas dans l'tort, c'est moi qui l'suis. Je travaille là-dessus pour redevenir comme avant, quand je voulais toujours en savoir plus sur rien. Facebook m'a changé.

Je me déteste.