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Le recours aux forêts, un rendez-vous manqué avec Michel Onfray
Crédit: Dans le cadre des Escales Improbables et d’une co-production entre l’USINE C et la Comédie de Caen-Centre Dramatique National de Normandie, Jean Lambert-wild et Michel Onfray viennent nous entretenir sur le mythe du «Waldgänger», mot allemand qui signifie «rebelle». Un spectacle multimédia à saveur philosophique, dansé par un sublime personnage et narré par un chœur émouvant, mais qui nous a malheureusement laissés sur notre faim.

Dans le cadre des Escales Improbables et d’une co-production entre l’USINE C et la Comédie de Caen-Centre Dramatique National de Normandie, Jean Lambert-wild et Michel Onfray viennent nous entretenir sur le mythe du «Waldgänger», mot allemand qui signifie «rebelle». En d’autres termes, il est ici question de ce «proscrit qui choisit de vivre une vie libre en se réfugiant dans les bois» et de «ce mouvement de repli sur son âme dans un monde détestable». Un spectacle multimédia à saveur philosophique, dansé par un sublime personnage et narré par un chœur émouvant, mais qui nous a malheureusement laissés sur notre faim.

Première partie: l'encyclopédie des calamités

C’est devant une grande étendue d’eau, qu’en première partie, le spectateur paré de lunettes 3D assiste à l’apocalypse, au chaos de la planète et à la barbarie de l’homme, exprimés et incarnés par le danseur (Juha Marsalo). Celui-ci se déplace chaotiquement dans l’espace aquatique tel un être torturé et rongé par la douleur du monde pendant que se succèdent derrière lui des images de nuages sombres et de forêts squelettiques. Sur fond sonore: un chœur composé de quatre comédiens qui récitent, telle une plainte langoureuse et interminable, le texte (parfois très moralisateur) de Michel Onfray. En effet, celui-ci fait état de notre monde destructeur et se résume par moment, à une liste interminable de tous les maux de la terre.

Extrait :
«Ici les riches se gobergent
Là les pauvres meurent de faim
Ici les palais, là les taudis
Ceci expliquant cela.
L’or brille ici, la crasse pue là
Le diamant scintille ici, la tourbe fermente là
Ouf!»

Deuxième partie: Vertu des consolations

Dans un deuxième temps, notre rebelle-danseur semble plus apaisé, en harmonie avec cette clairière où il s’est réfugié et exilé de la violence des hommes. La complainte du chœur se transforme en un hymne à la nature et à la vie, en une ode libérée du poids du malheur du monde et qui louange le bruit des oiseaux et des feuilles. Petit à petit, le bassin d’eau se trouve envahi de jets d’encre colorés provenant du ciel ou de l’air et des courants marins. Orangés, violets et rouges semblent danser en harmonie autour du corps du danseur, qui peu à peu, ne fait qu’un avec la nature. Grâce à ce refuge naturel, il retrouvera la paix, la sérénité de son âme et le chemin de son propre intérieur, le conduisant à une mort-renaissance, se trouvant enfin libéré de tout tourment.

Extrait :
«Je veux prendre le temps de planter un arbre, au moins
De le regarder grandir
De le voir pousser par ma fenêtre
De le savoir dans l’ombre d’un grand chêne jadis planté par un ancêtre
Un arbre pour y lire les saisons
Comme avec un calendrier naturel et perpétuel
Bourgeons collants aux doigts des enfants…
Posé en terre, je retournerai à la terre
Atomes libérés d’une forme qui avait mon nom
Particules reparties vers d’autres aventures
La sérénité triomphera.»

Le rebelle esseulé

Un texte contemporain, qui possède tout son sens en 2013 et qui aurait dû nous enivrer, comme l’avait fait le spectacle «La Sagesse des Abeilles», présenté l’an dernier par les mêmes Lambert-wild et Onfray. Or, l’ensemble de cette prestation nous a laissés en suspens, pantois et sur notre faim, sans qu’on n’arrive à y croire, ni à être habités ou concernés par ce rebelle et sa réalité.

À l’Usine C du 10 au 14 septembre 2013- 20 heures