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Le Détesteur: la malédiction d’une excellente mémoire
Crédit: Mettons qu'si j'avais à m'faire une idée de ce qu'est l'immortalité, j'te dirais que d'se souvenir de (presque) tout s'y rapproche pas mal. Plus les années filent, plus je dois tout conserver dans ma tête. Et si par MALHEUR (parce que je n'accepte pas de ne pas me rappeler) j'oubliais, eh bin, j'finis toujours par trouver le moyen de faire revenir les souvenirs.

Les gens, et probablement toi qui me lis, ont généralement une mémoire de marde. J'le sais parce que la plupart du temps, ils l'affirment eux-mêmes et quand ils évoquent des choses du passé, ils le confirment malgré eux.

Moi, j'ai pas ça, une mémoire de marde. La vérité c'est qu'elle est excellente. Le temps, plus il passe, me confirme la rareté de celle-ci. Et rendu à mon âge (28 ans), je me demande encore si c'est une bonne affaire ou non.

Mettons qu'si j'avais à m'faire une idée de ce qu'est l'immortalité, j'te dirais que d'se souvenir de (presque) tout s'y rapproche pas mal. Plus les années filent, plus je dois tout conserver dans ma tête. Et si par MALHEUR (parce que je n'accepte pas de ne pas me rappeler) j'oubliais, eh bin, j'finis toujours par trouver le moyen de faire revenir les souvenirs. C'est ça qui est fucked up parce que je n'ai qu'à me remémorer c'que j'faisais précisément cette journée-là pour que tout revienne en détails.

Si par exemple, je cherche une vieille toune que j'écoutais en 2000 et que j'me rappelle l'avoir déjà retracée en 2006, bin là, j'vais me repasser cette journée de 2006 dans ma tête: qu'est-ce que j'faisais ce jour-là? J'étais avec qui? Qu'est-ce qui m'a amené à chercher cette chanson? Pis c'est là que j'me souviens qu'en 2006, ma mémoire m'avait conduit sur les traces de Napster en 2000 et qu'en quelque part dans ce nouveau millénaire (c'était l'été, je faisais du skate), j'avais tapé le mot-clé "California Dreamin" dans Google pour finalement tomber sur le fameux cover de Hi-Standard (même si sur Napster c'était inscrit Pennywise).

Si on s'est déjà rencontrés, toi pis moi, j'vais probablement pouvoir te dire où, quand et qu'est-ce que j'faisais cette journée-là. Même si ça remonte à 1994. Si on a vécu quelque chose de cool ensemble et que ça commence à faire longtemps, j'vais assurément te ressortir plein de dates pis de détails insipides en lien avec ces dites journées. «Ah ouin, on est le 16 juillet… ça fait déjà 2 ans qu'on s'est commandé des Sushis Dragon Eye chez VUA St-Denis pis qu'on est allés les manger au Carré St-Louis à travers une mer d'esti d'pigeons qui s'battaient avec les écureuils pour une miette de sous-marin à côté d'la tête d'Émile Nelligan!».

Gossant comme ça. Mes amis me trouvent gossant aussi. (Shout out à ma graphiste Émilie qui en fait partie)

Et quand on s'amuse à se souvenir des émissions jeunesse, wow que tout le monde est mauvais. Y'a toujours quelqu'un pour lancer: «Tsé là, c'étaient des petits bonshommes bleus qui vivaient dans des champignons, quelqu'un s'en rappelle??» Comme si vraiment on pouvait oublier les tabarnack de Schtroumpfs. Please, gratte un peu plus au fond du pot, j'suis certain qu'tu peux tomber sur Sharky et Georges, par exemple.

Oh et quand on tente de me mentir sur des choses qui ont été dites ou faites: LOL.

Mais bon, être entouré de gens dont la mémoire fait défaut, ça peut être bien parce que t'es celui qui ressasse toujours les vieux souvenirs, mais on finit par se sentir seul, comme si tout c'qui s'était passé avant n'avait plus aucune importance pour personne. Aussi, j'ai souvent l'impression de vivre mes 28 dernières années d'une shot parce qu'elles ne me lâchent jamais. Autant je suis le jeune Murphy de 6 ans que je peux être celui de 13. Tout est comme hier. Comme une longue journée qui ne se termine jamais.

J'oublie (presque) jamais.

Je vous déteste.