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Critique de «Christcore»: des métalleux chrétiens qui moshent pour Jésus
Crédit: Le documentaire de Justin Ludwig sur la musique hardcore chrétienne pose un regard curieux et ouvert sur une culture méconnue surprenante et apparemment contradictoire, plutôt loin de notre réalité de Québécois post-révolution tranquille.

Justin Ludwig, réalisateur de Christcore, entame son documentaire à propos du mouvement métal chrétien américain d’une manière pour le moins honnête : «quand j’ai découvert qu’il y avait des chrétiens pratiquants qui jouaient la musique que j’adore (…) j’ai été complètement abasourdi. Je ne pouvais croire qu’un véritable mouvement s’acharnait à chanter pour Dieu sur une musique qui était destinée à le détruire.»

Loin de ridiculiser ses sujets, Christcore a le mérite de poser un regard curieux et ouvert sur une culture méconnue surprenante et apparemment contradictoire. Plutôt loin de notre réalité de Québécois post-révolution tranquille, le mouvement de hardcore chrétien peu paraitre décalé, voir anachronique. Cependant, le film réussit une explication logique au mouvement: les jeunes Américains y participant avaient besoin d’une manière moderne de vivre leur foi. À l’opposé des églises aseptisées et contenues de leurs aînés, ils ont choisi de mosher en priant et de crier leur insatisfaction et leur hargne au lieu de la chuchoter, le tout dans de grosses messes musicales où spiritualité et sueur se mélangent harmonieusement.

À travers des rencontres avec différents bands plus ou moins établis de christcore (The Messengers, Sleeping Giant, The Chariot), on découvre également une horde de chrétiens aux valeurs progressistes (pour le mariage gai, anti-racistes, etc.) qui n’ont rien à voir avec les rednecks si souvent associés à d’autres types de musique chrétienne. Un des points forts du documentaire est probablement l’entrevue avec le sympathique Tommy Green, chanteur du groupe californien Sleeping Giant, qui résume avec dignité et humanité comment le hardcore et la chrétienté se sont rejoints dans sa vie. Sans parler des moments de vulnérabilité de certains membres du groupe et des scènes de prière et de transe religieuse, à mille lieues de notre génération d’athées tech-savvy. Les parties du film montrant des séances de guérison, plus sensationnalistes, dévoilent un aspect davantage controversé du mouvement.

Peu raffiné dans sa recherche esthétique (le film est un classique documentaire vidéo, parsemé de prises de vue shaky, d’entrevues sur le vif et de narration plus ou moins habile) et peu inventif dans son genre, Christcore réussit tout de même son but initial: s’immiscer avec respect dans la culture méconnue du christcore et tenter de l’expliquer de manière plutôt subtile et humaine.

Christcore
Du 24 au 27 mai au Cinéma du Parc
cinemaduparc.com