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Le Détesteur: j’ai décidé de boycotter mes retrouvailles du secondaire
Crédit: Je m'en câlisse, tout d'abord parce que: Facebook. La magie des retrouvailles se perd en esti, quand depuis 2007, tu stalk et friend request 89% des gens que t'as laissés dans la cour d'école. Disons que j'me suis déjà fait une pas pire idée d'à quoi ils ressemblent maintenant, c'qu'ils font dans la vie. Des fois, j'en croise quelques-uns pis j'sais pas. Bin ouais, ça fait longtemps. Mais tu m'donnes de tes nouvelles à chaque fois qu'tu publies des photos d'ton esti d'bébé.

L'automne dernier, j'recevais une invitation à mes retrouvailles d'école secondaire. Le 28 juin 2013. Déjà 10 ans. (Faut savoir que j'ai doublé, ç'aurait dû être l'an dernier) J'étais emballé d'y aller, parce que j'avais délibérément skippé mon bal des finissants. J'me suis dit: bon, v'là ma dernière occasion, celle que j'attendais, pour clôturer mon secondaire pour de bon.

Et pourtant, l'organisatrice m'avait bien prévenu que je devais envoyer mon chèque au plus tard le 15 mai. Je savais tout ça depuis des mois. Je n'ai rien fait. J'ai laissé l'temps filer. Il est maintenant trop tard; pas de retrouvailles pour moi. Une décennie d'attente pour finalement m'en câlisser, à la toute dernière minute.

Je m'en câlisse, tout d'abord parce que: Facebook. La magie des retrouvailles se perd en esti, quand depuis 2007, tu stalk et friend request 89% des gens que t'as laissés dans la cour d'école. Disons que j'me suis déjà fait une pas pire idée d'à quoi ils ressemblent maintenant, c'qu'ils font dans la vie. Des fois, j'en croise quelques-uns pis j'sais pas. Bin ouais, ça fait longtemps. Mais tu m'donnes de tes nouvelles à chaque fois qu'tu publies des photos d'ton esti d'bébé. J'ai rien à t'dire, on s'est pas VRAIMENT perdus d'vue. Le hasard de tomber sur toi, comme ça, de façon impromptue, dans la rue, n'a plus rien de renversant. T'as l'même t-shirt que sur ta photo d'profil, même.

C'est aussi qu'à l'époque, je vivais quelque chose d'exceptionnel. Je me faisais connaître sur le web 1.0. Je m'en targue rarement, mais, sauf erreur, je suis la première personne au Québec à s'être méritée une certaine popularité, par l'entremise d'un personnage sur Internet (mais ça, je pourrais y revenir dans une prochaine chronique). Et bon, ce succès s'est vite transposé à l'école. Le web, combiné au secondaire, m'avaient permis d'explorer tout c'qu'y'a de plus subversif en moi. Ma vie devenait une espèce de pièce de théâtre en continu. Je me déguisais, j'affirmais des choses pas possibles, je m'improvisais des happening quand on ne s'y attendait pas.

La direction me convoquait constamment, parce qu'elle n'avait pas trop idée comment gérer ce type de comportement qui n'allait pourtant pas à l'encontre de ses règlements. J'dois dire que j'étais pourvu d'énormément de leadership et j'amenais les gens à faire c'que j'voulais. Quelques profs me détestaient et ne s'en cachaient même plus. Et les élèves, qui appréciaient généralement les moments de divertissement que j'leur offrais, se divisaient en deux groupes: ceux qui saisissaient la notion de personnage et les autres, qui m'encourageaient à faire l'idiot, mais n'arriveraient pas à faire la distinction entre le personnage et son comédien, me tournaient le dos, ne voulaient plus être vus en ma présence, m'insultaient, me menaçaient.

On me prenait pour un malade mental qu'on aime observer faire son show, mais qui doit garder ses distances.

Ça m'a quand même coûté les 4-5 premières années de ma vie adulte à me relever de tout ça. À m'efforcer de jouer à la personne normale, puisque tout l'monde me l'avait férocement ordonné. À croire que j'étais dans l'tort, à me prendre pour un imbécile notoire. À frôler l'idée du suicide, même. Et j'insiste pour que mon ex-directrice, Diane, comprenne qu'elle y a grandement contribué. Mange d'la marde, Diane.

C'est pour ça qu'à la dernière minute, j'avais décidé d'annuler ma présence à mon bal des finissants. Et c'est probablement parce que les souvenirs me sont revenus dernièrement que j'ai décidé d'en faire de même avec mes retrouvailles.

De toute façon, tous ceux qui étaient aptes à comprendre habitent tous Montréal, aujourd'hui, et ont eux aussi décidé que 40$ pour revivre un dernier moment d'école secondaire, c'était bin qu'trop cher.

Fuck vous, #lesgens de mon secondaire.

Je vous déteste.