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Les Yeah Yeah Yeahs poursuivent leur déclin avec leur nouvel album
Crédit: Mosquito, en streaming depuis le 3 avril en prévision de sa sortie du 16, montre un groupe encore et toujours sur le mode pilote automatique.

Attendre un album de rock pertinent de hipsters millionnaires revient à espérer des averses torrentielles dans le Sahara. Mais les Yeah Yeah Yeahs ont tellement bouleversé le rock avec Fever to Tell (et les deux EP qui l'ont précédé), qu'on ne peut faire autrement que de continuer à espérer.

Mosquito, quatrième album des trois new-yorkais, est en streaming depuis le 3 avril sur Noisey, le site musical de Vice. Chaque titre est accompagné de commentaires du groupe. On y apprend à quel point le batteur Brian Chase éprouve des difficultés à s'exprimer, à quel point le guitariste Nick Zimmer a l'air blasé et à quel point la chanteuse Karen O, seule membre du trio qui semble encore avoir un pouls, pige des idées n'importe où lorsqu'elle en manque elle-même.

L'album n'est pas mauvais. Les inconditionnels ne risquent pas de se fâcher. Le son est bon, il y a du muscle où il faut, quelques idées d'arrangements intéressants. Karen O lance ses petits hoquets caractéristiques et tout le monde fait ce qu'il a à faire. Mais réécoutera-t-on Mosquito? Probablement pas. Pas plus qu'on réécoute It's Blitz (2009) ni Show Your Bones (2006). Les Yeah Yeah Yeahs avec de l'appétit, les Yeah Yeah Yeahs en ébullition créative sont morts après Fever to Tell.

Les commentaires du groupe viennent presque confirmer les impressions de déroute. Le band a dû faire appel à un chœur gospel sur Sacrilege et à Kool Keith sur Buried Alive pour se sentir stimulé. En fin de compte, ni l'un, ni l'autre de ces ajouts n'apporte quoi que ce soit aux chansons.

Karen O admet avoir entendu un album de reggae et avoir voulu faire dans la même veine avec Under the Earth. Le procédé est tout à fait justifié, mais lorsqu'on entend le résultat, on ne peut qu'imaginer la scène: Karen au retour de son meeting avec son entraîneur personnel, verre d'eau de coco réoxygénée à la mangue du Népal dans une main, bichon miniature dans l'autre, se décidant à «popper» le disque qu'un assistant lui a remis six mois auparavant; l'éclair de génie du type «ah, voilà ce qu'il faut pour nous remettre sur les rails!», un enthousiasme de quelques heures le temps d'une composition bien mécanique, puis, zou, départ en limo vers X événement-bénéfice glamour.

J'en beurre épais – elle n'est probablement pas si riche –, mais c'est quand même le genre d'image qui vient en entendant Mosquito, et tout le problème est là.

Le trio arrive à mimer la santé créative le temps de quelques morceaux – une pétillante pièce-titre, l'atmosphérique These Paths, la costaude Slave, la bruyante Area 52 ainsi qu'Always, une ballade qui arrive presque à reproduire le coup Maps. Mais faites le test: pouvez-vous vous rendre jusqu'à la fin de chacun de ces morceaux sans que votre attention ne dérive? Probablement pas, parce qu'il leur manque quelque chose. Comme il manque quelque chose à Mosquito dans son ensemble. Quelque chose comme un feu authentique.

Combien de temps les Yeah Yeah Yeahs peuvent-ils encore passer sous respirateur artificiel?

Mosquito: sortie le 16 avril
yeahyeahyeahs.com

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