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Pourquoi le nouvel album de The Knife risque d’être l’album pop le plus important de l’année
Crédit: Shaking The Habitual, le quatrième album du duo familial de Stockholm, repousse tout plein de limites.

Avez-vous entendu Shaking The Habitual? Le nouvel album du duo frère-sœur suédois The Knife est en streaming depuis hier sur Pitchfork (et y restera jusqu'au 9 avril). Son album précédent, Silent Shout (2006), a marqué le cours de la musique en plus de recevoir maintes distinctions. Cette suite attendue connaîtra-t-elle le même accueil?

Au niveau populaire, peut-être pas. Shaking The Habitual est pour le moins difficile. La plupart des morceaux dépassent les dix minutes, et il faut attendre la seconde moitié de l'album pour entendre des lignes mélodiques distinctes. Le premier pan est tout en rythmes tribaux et en bruitages électroniques. Vient ensuite un interlude ambiant de 20 minutes. À bien des moments, Shaking The Habitual est plus près du free jazz ou de l'électroacoustique que de la pop.

Mais la pop vient bel et bien. Karen Dreijer Andersson et Olof Dreijer sont parvenus à faire un tube à partir d'un bouillonnement d'idées, comme A Tooth for an Eye ; il y a plusieurs autres occasions du genre sur Shaking the Habitual. Ready to Lose, servie en conclusion, ramène le cachet plus simple et nostalgique des débuts. Et même sans ces moments plus faciles, le succès d'artistes comme Devendra Banhart ou Yeasayer prouve qu'il y a une place pour l'excentricité sur les palmarès.

Succès commercial ou non, le tandem est déjà une force motrice importante et ce nouveau chapitre ne peut que renforcer sa position. Après tout, Silent Shout n'a établi The Knife que partiellement et en différé chez nous. Alors que le tandem était déjà bien connu en Europe au moment de sa parution, l'album a fait son chemin en Amérique du Nord, lentement, mais sûrement. Sans tournée ni véritable promotion, il n'a cependant rejoint que les mélomanes les plus curieux.

On a surtout connu l'univers du duo à travers Fever Ray, le projet solo de Karen Dreijer Andersson. En venant tourner de ce côté-ci de l'Atlantique, elle s'est implantée plus fermement en solo.

Cette drôle de trajectoire de diffusion n'a pas empêché The Knife de faire des petits. On peut penser au combo danois When the Saints Go Machine. Plus près de nous, il y a le tandem montréalais Solar Year. Et on pourrait parier que Grimes a pris un cue ou deux de l'équipe. Des noms qui ont connu leur essor alors que The Knife avait disparu des radars. Maintenant que le volcan est à nouveau en activité, on peut compter sur une nouvelle vague de descendants.

Qui plus est, la culture pop est bien tranquille. L'indie a été assimilé par le mainstream, l'électro est à court d'idées, le rap implose et le (vrai) rock n'intéresse personne. Comme son prédécesseur, Shaking The Habitual fait table rase des conventions et constitue l'un des rares exemples de pop véritablement originale. Avec ses textes résolument politiques et confrontateurs, The Knife fait par ailleurs écho aux soulèvements sociaux récents et prend une place de porte-parole dont bien peu d'artistes veulent.

Shaking The Habitual: sortie le 8 avril
theknife.net

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