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Le Détesteur: Bazzo et la culture de mauvaise foi
Crédit: Le samedi 9 mars, j'étais invité à l'émission La Sphère sur la Première Chaîne de Radio-Canada. C'que je dois vous admettre, c'est que j'ai des tendances bipolaires à la radio. Mais là, j'étais sur un high. Sur un down, j'peux décider d'crisser mon camp pis laisser mes collègues dans l'embarras.

Le samedi 9 mars, j'étais invité à l'émission La Sphère sur la Première Chaîne de Radio-Canada. C'que je dois vous admettre, c'est que j'ai des tendances bipolaires à la radio. Mais là, j'étais sur un high. Sur un down, j'peux décider d'crisser mon camp pis laisser mes collègues dans l'embarras.

Bref, j'étais relativement confiant, jusqu'au moment où je décide de checker ce qui s'disait sur Twitter. Y'avait alors Marie-France Bazzo qui pointait, avec beaucoup de mépris, un ou deux de mes lapsus, notamment, le plus marquant: Sortir des chantiers battus. Évidemment, plein de gens ont embarqué dans sa mascarade.

Man! J'arrivais pas à croire que j'avais dit ça. J'peux même pas l'expliquer, c'est sorti comme ça. Mais ça arrive.

J'me suis dit: "Ah, voilà. Mon premier bashing en direct. Ça va de soi, c'est le retour du balancier." Mais en revenant chez moi, j'ai songé à ça un peu pis j'me suis dit FUCK ÇA. Retour du balancier? Pantoute. Parce que oui, j'frappe sur des gens, des fois. Mais j'me suis toujours fait un devoir de ne plus JAMAIS adhérer à cette culture de mauvaise foi, à l'ère post-forum de discussions/post-anonymat.

Culture qui ne laisse place à aucune erreur, aucun droit d'se tromper. Culture de scrutage à la loupe où la moindre imperfection permet d'se dégoter un bouc émissaire de façon complètement inattendue et aléatoire. Culture où règne en maîtresse la mauvaise foi, sans quoi, on devrait s'en remettre au rationnel, pousser la réflexion plus loin à savoir si l'erreur est humaine/banale ou encore, prendre le temps d'analyser et questionner les réelles intentions/inattentions du fautif.

On se dit intellectuel, du moins, on aime le laisser entendre. On est journaliste, animateur, détenteur d'un diplôme ou plus. Et malgré tout, on met en charge notre alliée (la mauvaise foi) de décider à notre place. Cette réactionnaire n'en a rien à câlisser de nos tergiversations de bonne conscience. Elle règle ça en fonçant dans l'tas, en omettant toute forme d'honnêteté intellectuelle, pis elle nous trouvera une excuse boboche dans le consentement collectif, plus tard.

C'est la nouvelle façon de visionner la télé, d'écouter la radio. De communiquer, même. On profite des maladresses liées aux 140 caractères de Twitter pour se faire une idée toute détaillée de c'qu'a tenté de dire un chanteur populaire. On observe minutieusement la locution des gros bras en voyage ou de celui qui reçoit chez lui pour son souper presque parfait. Comme si c'était obligatoire pour le commun des mortels d'avoir une maîtrise parfaite du français, le temps qu'on le juge. Pis on s'compare. On gratte dans l'fond du pot pis on ne fait que ça, se comparer. Se consoler. Amener l'imparfait sur la place publique.

Et pourtant on le sait trop bien qu'il suffirait de prendre un verre avec ces gens pour cerner leurs intentions en 30 secondes. Communiquer. Comprendre. Qu'un simple lapsus se finit habituellement en rigolade. Qu'un manque d'éducation ne fait pas toujours obstacle entre deux humains.

À quoi bon se servir du web si on n'espère pas réellement l'épanouissement. Si, à tout moment, ceux qui osent ont des comptes à rendre. Si se tromper n'est plus envisageable, au risque qu'une animatrice télé saute sur l'occasion pour (re)vérifier sa notoriété, à savoir si elle causera tout un vacarme dans son réseau. Et trop souvent, ça fonctionne.

Culture de mauvaise foi, culture d'émotions primaires. De matantes.

Je vous déteste.

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