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Critique du film Le Météore: Beau portrait expérimental du mal-être humain
Crédit: On accepte de sombrer dans ce puissant spleen d’1h25. C'est à voir, mais pas nécessairement en mangeant du popcorn.

Pour son plus récent film Le Météore, François Delisle (Le Bonheur est une chanson triste, Toi, 2 fois une femme) se libère de la forme cinématographique habituelle pour construire un film qui ressemble plus à un poème noir imagé (dirigé par la voix off de ses personnages). Le projet est né d'une proposition de cinq images Polaroid prises par Anouk Lessard. Cinq images qui ont amené Delisle à écrire cinq monologues.

Dans cet univers se côtoient un prisonnier, sa mère, son ex-blonde, un gardien de prison et un dealer de drogue. À tour de rôle, chacun exprime ses états d'âme. On apprend à les connaître de l'intérieur. On entend tout haut ce qu'ils ne diront jamais même tout bas. On voit les rôles dans lesquels ils se forcent d’exister pour arriver à vivre plus normalement en société. Les personnages se présentent à nous par des mots, plus que par des actions.

Sur l'écran, des images: une rivière, un plafond, une rose, un condo, une femme couchée dans son lit, un loup… Beaucoup de plans fixes, forts en symboles, qui viennent charger les mots de sens poétique. C'est ici que l'expérience prend tout son sens. Tout au long du film, on a cette impression de regarder un album photo avec ses images en mouvement (on peut rapidement penser à la La Jetée de Chris Marker pour la forme et même le contenu). Le rythme est lent et contemplatif. La prison est la grande métaphore qui pèse sur tous les personnages. Chacun se retrouve cloîtré dans un monde isolé, incompris, où il est difficile d’accéder à un peu de bonheur. Ils se referment sur eux-mêmes, destinés à vivre une vie qu'ils ne méritent pas.

Le pari était audacieux. Au début, on peut se demander si on va tenir le coup (la formule inhabituelle du film peut déstabiliser), mais on embarque assez rapidement et on se laisse guider. La justesse de la narration, l'isolation des voix sur les autres sons, la charge symbolique des images et surtout l'écriture qui ne tombe jamais dans le pathos du « je déprime et c'est noir, rien que du noir », font en sorte qu'on accepte de sombrer dans ce spleen d’1h25.

Malgré toute cette déprime, il y a quand même au final une lumière qui illumine d'une drôle de façon. À voir, mais pas nécessairement en mangeant du popcorn. 

Le Météore
En salle le 8 mars | meteorefilm.com