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Critique de la pièce «Le roi se meurt»: la mort et l’espoir avec une pointe de cynisme
Crédit: Les costumes sont éblouissants, la scénographie est géniale, les acteurs sont justes… Mais, il manque quelque chose; la chimie n’est pas au rendez-vous.

Dans Le roi se meurt, la reine pleure, les sujets vieillissent… même le château craque! Bref, ça va mal. Alors que le soleil refuse de se lever sur le royaume de Bérenger, l’angoisse plane sur la salle du TNM. La mort, notre mort, celle qu’on veut tous remettre à demain, devient palpable, inévitable.

Fougueux, Benoît McGinnis entre sur scène avec la prestance d’un dandy. Il ordonne, se met à l’aise puis, l’énergie du trentenaire s’éteint, tout comme sa prestance. Le roi boite, c’est évident, mais il refuse de l’admettre! Bérenger chancèle, tombe, se découvre un lumbago et se relève tant bien que mal. Par-dessus tout, il court après le temps; n’est-il pas trop tôt pour mourir?

Le metteur en scène Frédéric Dubois se confesse: « Nous nous battons pour être roi de quelque chose. Pour monter. Nous élever… Notre roi à mon âge parce que c’est triste de ne pas avoir pu vivre complètement. Il a mon âge parce que j’espère. » Ainsi, la mort et l’espoir se rencontrent dans cette pièce avec une pointe de cynisme. Le roi n’a pas 84 ans comme l’indique Ionesco et cette idée originale transforme la mort en métaphore. Le roi, cet être narcissique, refuse de laisser mourir ses illusions. Il serait partant pour un énième voyage de noces avec la jolie Marie si seulement son corps ne l’abandonnait pas.


Benoît McGinnis et Violette Chauveau dans «Le roi se meurt»

Haut perchée sur des talons sertis de diamants, Violette Chauveau incarne Marie, une reine aussi exubérante que sa robe affriolante et ses longues boucles blondes. Prenant des poses à la Anne-Marie Losique, elle aguiche le roi en dévoilant sa cuisse. L’autre reine, l’ex du roi, tente de la raisonner: le roi va mourir et ses faux espoirs sensuels ne font qu’empirer son cas! L’amour passionnel de l’une affronte la lucidité cinglante de l’autre dans un dilemme qui rappelle une fable de La Fontaine; faut-il chanter comme la cigale ou travailler comme la fourmi?

Les costumes sont éblouissants, la scénographie est géniale, les acteurs sont justes… Mais, il manque quelque chose; la chimie n’est pas au rendez-vous. Jouée à l’avant-scène devant un miroir, cette pièce manque de profondeur et il y a des longueurs.

 

Le roi se meurt
Jusqu’au 9 février
Théâtre du Nouveau Monde | 84, rue Sainte-Catherine Ouest | tnm.qc.ca

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