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Critique du film «Lincoln» : un peu long, mais vraiment pas mauvais

Spielberg nous présente avec son Lincoln les quatre derniers mois de vie du 16e président des États-Unis, en pleine guerre de Sécession. On relate le chemin vaseux qui a mené au vote du 13e amendement (abolition de l’esclavage) qui, une fois adopté, a mis un terme à la guerre. On s’éloigne de l’approche habituelle du réalisateur, qui reste ici plus sobre qu’à l’habitude. Spielberg raconte cette étape importante dans l’histoire des États-Unis d’un ton sérieux ponctué de quelques pointes d’humour. Abraham Lincoln a laissé comme héritage une politique démocratique ayant marqué l’identité du pays et Spielberg veut souligner l’importance de ce qu’a légué l’homme.

Loin de le vénérer, on le montre donc humain, imparfait. Entouré de son dream team politique, Lincoln (Daniel Day-Lewis) semble en contrôle, avançant avec la conviction de savoir que ce qu’il fait est bon. C’est un orateur de talent, il fait preuve d’écoute auprès de son entourage et est attentif à son bras droit, le secrétaire d’État William Seward (David Strathairn).

Le milieu familial, quant à lui, est l’endroit où tous les conflits semblent perdurer. Mary Todd Lincoln (Sally Field), femme du président, vit tourmentée, gravement blessée par la mort d’un enfant, plus malheureuse qu’heureuse du deuxième mandat présidentiel qu’obtient son mari. Le plus vieux des fils, Robert (Joseph Gordon-Levitt), veut combattre au front et doit affronter l’autorité paternelle qui veut l’en empêcher. Le seul semblant jouir d’un certain confort au sein de la famille est le plus jeune, Tad (Asa Butterfield), objet d’amour pour son père.

Le film atteint son paroxysme (musique de violon à l’appui) lors de la reconstitution du moment décisif où le vote a lieu. Il y a les pours, les contres, la tension, la victoire et les émotions. On ne montre pas l’assassinat du président. Le sujet est abordé, mais esquivé par le biais de Tad, qu’on retrouve loin de son père lorsqu’il apprend la nouvelle. Ensuite, il reste le président inconscient sur son lit.  

Daniel Day-Lewis incarne un Lincoln mystérieux, intelligent, qui impose de par sa stature et son regard perçant; une performance solide (on ne s’attendait pas à moins). Le reste du casting est également à la hauteur, entre autres un Tommy Lee Jones particulièrement touchant (il faut voir la perruque).

Spielberg démontre sa maîtrise du septième art. Sa mise en scène est académique, oui, mais très réussie en son genre. On peut se perdre par moments, les dialogues occupent une très grande place dans ce récit chargé d’histoire (scénarisé par Tony Kushner Munich, Angels in America), mais on s’y retrouve rapidement. Le film sort quelques jours après la réélection d’Obama. Il devient porteur d’espoir pour des États-Unis meilleurs.
Un peu long, mais vraiment pas mauvais.

 

Lincoln
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