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Le Détesteur te parle de la trahison de Facebook

Pour cette chronique, je te recommande vivement de me lire avec un ton des plus alarmistes. Vraiment. Parce qu'après que t'aies appris que tes messages privés de 2007-2010 se sont vus dévoilés au grand jour sur ta timeline, j'aurais pensé que t'aurais capoté un peu plus, puisque t'avais coutume de le faire (pas mal à tort) à chaque fois que tu découvrais que Facebook ne gardait jamais les secrets que tu confiais à 376 personnes.

C'est que là, on a un cas de catastrophe ici pis tu le traites comme un fait divers. J'ai même vu des crétins invalider l'indignation des gens à l'aide d'arguments simplistes du genre: «C'est pas comme si c'était compliqué de supprimer les messages!» ou encore: «C'est pas nouveau, big brother is watching us!».

Visiblement, la chance t'a frappé (moi aussi) pis tu ne sembles pas avoir été embarrassé par des propos awkward que t'aurais pu avoir partagés à un ami en 2007. Corrige-moi si j'me trompe, mais j'pas mal certain que t'évalues la gravité de la situation en fonction des ravages que Facebook t'a occasionnés personnellement, c'est-à-dire, aucun. Mais imagine que la faille informatique ait ajouté à sa bourde tes deux dernières années. Ouch. Le chaos, sans aucun doute. Suffit de retourner dans le passé pour se rendre compte que c'est seulement en 2008 que Facebook dévoilait son outil de chat alors qu'on n'avait pas encore délaissé MSN Messenger. Normal que 2007-2009 ne t'aient pas affecté trop trop.

Ce qu'il faut donc retenir, c'est que ce n'est qu'avec l'arrivée de sa timeline que Facebook a décidé de combiner son chat avec sa messagerie privée. Là est toute la différence. Si on s'en sort bien présentement, c'est parce que la majeure partie des discussions enflammées, des talkshit pis des jokes racistes/homophobes, se passe en direct, sur le chat, et que de 2007 à 2009, Facebook n'archivait pas automatiquement les discussions dans la messagerie. Les conséquences auraient été désastreuses pour à peu près tout le monde si seulement on y avait inclus les années 2011 et 2012.

Et pour en faire une analogie avec la vie réelle, quand on vient me rapporter qu'une personne a dit du mal de moi en mon absence, c'est à celle qui n'a pu s'empêcher de tout me dire que je tiens rigueur. Quand t'appartiens à un groupe de personnes, il est normal que les humains qui y appartiennent deviennent le principal sujet de conversation et inévitablement, ce qui se dit n'est pas toujours beau. Mais ça, personne n'y échappe, ni ne veut le savoir. Et ce n'est certainement pas Facebook qui va s'en charger.

Hélas, too late, il s'est attribué ce rôle de taupe et nous a poussés bien malgré nous à devoir vérifier, à se sentir coupables d'une chose complètement humaine, à suspecter nos amis les plus chers, ce qui aurait pu nous causer de grands problèmes et ce, faisant fi de notre mood, notre santé, nos amours, nos relations de travail et bien d'autres.

On peut se compter chanceux pour cette fois, mais gardons en tête qu'on assiste au premier réel bris de confiance significatif qu'on accorde aux réseaux qui se sont passé le relais depuis des années, quant à la confidentialité de nos conversations privées. On pense entre autres à Mirc, Hotmail, ICQ, The Palace, MSN, MySpace, Twitter… Et c'est finalement le grand Facebook qui est venu nous confirmer qu'il était maintenant possible de décâlisser une vie entière, en lui laissant candidement le soin de protéger nos jardins secrets, de se faire le substitut moderne du téléphone résidentiel, du courriel et autres outils de discussion en direct, les laissant quasi désuets. Et il fait des milliards avec ça, ayant fait de la messagerie privée, notamment, une de ses spécialités.

Mais la plus grande trahison, si tu veux savoir, c'est qu'il nie absolument tout. Pas de faille, seulement une mauvaise interprétation des utilisateurs. Nous, les caves.

Fak, yeah. Tu peux affirmer que les gens n'ont qu'à supprimer les messages pour ensuite passer à autre chose, mais encore faut-il qu'ils aient accès à un ordinateur et une connexion Internet au moment propice. Affecté ou pas par cette faille, t'as été trahi. Ça aurait pu être pire pis à compter de maintenant, on doit s'y attendre. La confiance a été brisée. Doit-on s'en indigner? Crisse, oui.

Je te déteste.

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