Aller au contenu
Le Détesteur: aucun automobiliste ne mérite réellement de conduire

Comme à toutes les années, plus l'automne avance, plus j'ai (davantage) l'impression d'être cet indésirable qui ferait mieux de baisser les bras devant la fin de l'été et s'en remettre au transport en commun et/ou à l'achat d'une voiture. Si j'dis ça, c'est qu'avec l'arrivée du temps froid et la présence sporadique du soleil, les automobilistes sont moins alertes quant à l'existence des vélos sur nos routes, via le calcul simplet suivant: il fait beau et chaud = on prend notre vélo; il fait froid et gris = on renouvelle la carte OPUS jusqu'au printemps prochain. Comme si notre saison avait une date de péremption méga précoce qui se situait aux alentours de la mi-septembre. Même s'il est vrai que l'automne en décourage plusieurs et qu'on se fait moins nombreux, ce qui, j'imagine, rappelle moins souvent aux véhicules qu'ils pourraient croiser d'autres confrères à la prochaine lumière, il faut se raviser, on est toujours là.

En tant que cycliste, à moins de rouler sur une piste cyclable fermée, j'évite la zone de confort. Je me dois d'être conscient de mon invisibilité sur la route, et ça, je ne cesse de l'apprendre à mes dépens à chaque fois que je frôle la mort, malgré une hyper-vigilance irréprochable. Arrivé à un arrêt, quelle sacrament d'ironie de faire face à un dilemme se voulant le plus téméraire de ma journée. Le stop, esti. Le symbole qui devrait, au contraire, me rassurer et non m'annoncer la présence de la grande faucheuse dans les parages. Mais non. Pour ça, faudrait que je puisse d'abord établir un eye contact avec le conducteur sans considération pour le vélo. C'est ma seule façon de savoir que dans quelques secondes je n'irai pas me crisser délibérément en dessous d'un char. Sérieusement.

Le problème, c'est que le eye contact ne se fait pas aussi aisément qu'on le pense. Le facteur automne le rend souvent même impossible. La vérité c'est que pour l'automobiliste, le stop s'exécute systématiquement. Il s'y arrête parce qu'il le doit, sans vérifier, se croyant à tort, bien conscient de son environnement. Il en profite pour vérifier ses messages textes, pour prendre une gorgée de son café ou pour changer de toune sur son iPhone.

Il me laisse donc enchevêtré à me demander s'il m'a bien vu, mais surtout s'il s'est immobilisé pour me laisser passer, moi qui suis dans une zone où j'ai priorité, ou si plutôt il fonctionne sous la règle du premier arrivé, premier servi. Puis, il repart, inconscient de toute arrivée imminente d'un cycliste sur la rue transversale qu'il s'apprête à franchir, et ce, même s'il se trouve dans une zone réservée à ce dernier, voire, à la sortie d'une piste cyclable. Généralement, c'est là que je lui crie, avec raison, qu'il est un tabarnack de crétin parce que ma vie vient de passer à ÇA de m'être enlevée. C'est donc pour ça, que le eye contact est primordial.

J'ai donc décidé de cesser de remercier d'un signe d'la main les plus courtois qui me laissent passer. Ça ne serait que d'admettre que, malgré leur bonne foi, ils m'accordent ce grand privilège de traverser la rue sans qu'on me décâlisse la colonne vertébrale, alors que ça devrait normalement pourtant se faire de soi, que l'on constate ma présence.

Que les gens soient idiobéciles, inattentifs, dans la lune, impatients, stressés ou mal intentionnés, le résultat reste le même. En tant que piéton/cycliste, j'observe ces facteurs de risque à TOUS les jours chez pratiquement tous les automobilistes. On ne devrait JAMAIS laisser à l'humain le soin de décider s'il peut happer ou non un autre humain. Il est plus souvent qu'autrement inapte à le faire sans compromettre la vie d'autrui, ou la sienne.

Je vous déteste.