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Festival du Film Black de Montréal: «train surfing» à Soweto, Common en gangster et tensions raciales à Harlem
Le Festival international du Film Black de Montréal (anciennement connu sous le nom « Festival du Film Haïtien de Montréal ») présente depuis ses humbles débuts des histoires haïtiennes qui vont au-delà des clichés convenus de pauvreté, de vaudou et de VIH – même si ces sujets ne sont pas pour autant évincés de la programmation.

Pour sa 8e édition, les organisateurs se sont décidément payés la traite : Winnie, un film d’ouverture sur le couple Mandela mettant en vedette Jennifer Hudson et Terrence Howard, un premier « Grand Prix Humanitaire » au chanteur, acteur et activiste Harry Belafonte et la présence de Stedman Graham, auteur et conférencier mais surtout copain de longue date de la reine colossale du talk-show, Oprah Winfrey. (Impossible de passer sous silence tous les sketchs tordants de MADtv à propos du curieux couple que forment Oprah et Stedman.)

Mis à part tout le vedettariat en ville, il reste tout de même quelque 115 films en provenance d’une quarantaine de pays. Nightlife.ca s’est arrêté sur 5 titres qu’on a bien hâte de découvrir.

 

Girls in the Band
Samedi 22 septembre à 19h | Cinéma du Parc
Mardi 25 septembre à 21h | Cinéma du Parc


Vous connaissez The DIVA Jazz Orchestra et Ina Ray Hutton and Her Melodears? Moi non plus. C’est bien dommage, car d’innombrables jazzwomen talentueuses ont dû, au fil des décennies, travailler d’arrache-pied pour se faire accepter en tant que musiciennes au même titre que leurs comparses Thelonious Monk et Charlie Parker. Comme nous l’apprenons dans ce fascinant documentaire, les femmes du jazz ont bûché dès la fin des années 30 pour le simple droit de se produire sur scène. Que ce soit d’afficher de grands sourires aguichants ou de porter des robes décolletées de starlettes n’ayant rien à voir avec leurs aptitudes au saxophone, elles l’ont fait afin de partager leur passion avec le public. Girls in the Band revendique un chapitre entier aux femmes dans l’histoire du jazz.

 

Hôtel Haïti
Dimanche 23 septembre 17h | Cinéma du Parc


Un légendaire hôtel à Port-au-Prince datant du début du 20e siècle que l’on surnomme « l’Hôtel Chelsea des Caraïbes »? Ça y est, on veut en savoir plus! Car même si la comparaison avec le mythique repère new-yorkais ayant accueilli les Jack Kerouac, Sid & Nancy et Patti Smith de ce monde relève plus de wishful thinking qu’autre chose, force est d’admettre que l’Hôtel Haïti (mieux connu sous le nom Hôtel Oloffson) a cumulé un impressionnant parcours. D’abord une résidence somptueuse construite au tournant du siècle pour le président, le lieu devint vite un casino puis un hôpital avant de passer à sa plus célèbre incarnation : un lieu très couru du gratin artistique mondial – Humphrey Bogart, Mick Jagger et Truman Capote parmi eux. Le documentaire allemand lève le voile sur le riche héritage de l’Hôtel Oloffson, ayant notamment survécu au tremblement de terre de 2010.  

 

LUV
Mercredi 26 septembre à 21h | Cinéma du Parc


LUV, d’abord présenté à Sundance en janvier dernier, suit un jeune orphelin à Baltimore au cours d’une journée bien mouvementée. Il découvre des facettes peu reluisantes de l’oncle gangster fraîchement sorti de prison qu’il admirait pourtant (le rappeur Common). Le jeune réalisateur Sheldon Candis a affirmé s’être inspiré de sa relation avec un oncle proxénète alors qu’il était ado à Baltimore. On joue clairement dans les mêmes platebandes de monde interlope/gangs de rue que la télésérie The Wire, ce qui est en soi fort ambitieux et qui pique d’emblée notre curiosité.

 

Surfing Soweto
Jeudi 27 septembre 21h | Cinéma du Parc


Un passe-temps populaire parmi les jeunes défavorisés habitant les bidonvilles de Soweto, en Afrique du Sud? Le « train surfing », sport extrême qui se résume à grimper sur le toit de trains en mouvement entre Johannesburg et Soweto afin de surfer… à ses risques et périls, bien évidemment. La pratique est si dangereuse que le simple fait d’effleurer l’un des nombreux câbles qui pendent au-dessus de la tête des surfers entraîne la mort certaine.

La question qui tue : pourquoi le font-ils? « Parce que Satan m’a obligé », qu’ils répondent à la réalisatrice Sara Blecher dans Surfing Soweto, un documentaire coup de poing à propos d'une génération de jeunes laissés pour compte. Blecher, après avoir rencontré l’un des jeunes dans le cadre d’un autre tournage, lui a remis des caméras (ainsi qu’à deux de ses potes) afin qu’ils puissent témoigner de leur quotidien. Sa seule contrainte? Pas le droit de se filmer en train de surfer les trains. Quatre ans plus tard, Blecher nous livre son film, que le festival décrit comme un mélange de Dogtown and Z-Boys et Rebel Without a Cause.

 

The Central Park Five
Film de clôture : Dimanche 30 septembre 19h | Cinéma Impérial


Le grand documentariste Ken Burns, accompagné de sa fille Sarah Burns et de David McMahon, se penchent sur une terrible erreur judiciaire américaine. Les trois cinéastes explorent les tensions raciales et le climat politique à New York qui auront permis à un coupable de passer incognito pendant plusieurs années, alors que cinq adolescents noirs et hispaniques de Harlem ont été accusés et condamnés (à tort) du viol d’une joggeuse blanche dans Central Park en 1989. Et ce, malgré des analyses ADN qui auraient dû suffire à les exonérer, ainsi que les aveux de l’homme reconnu coupable plusieurs années plus tard – qui ne convaincront guère tous les partis impliqués de l’innocence des cinq hommes.

Présenté à Cannes en mai dernier puis au TIFF la semaine dernière, le film revisite une page bien sale de l’histoire judiciaire américaine en décortiquant les conclusions hâtives que tous ont voulu tirer et en prenant le pouls de cinq vies brisées par des années d’incarcération. La co-réalisatrice Sarah Burns et deux des hommes en question seront présents.

 

Festival international du Film Black de Montréal
Du 19 au 30 septembre | montrealblackfilm.com

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