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Dix légendes à voir à Pop Montréal

Pop Montréal, c’est toujours un tour d’horizon des tendances musicales en vogue, mais au fil des ans, le rendez-vous automnal a aussi développé un certain talent pour ramener sous nos projecteurs des pionniers de différents recoins du panorama musical. Ici, le culte rencontre le présent et vice-versa.

Par les années passées, il y a eu Burt Bacharach, Lee Fields, Samiam, The Velvelettes, Redd Kross et maints autres.

Et cette année, on a quoi? Une édition à forte saveur d’années 1990. Ce qui ne devrait pas surprendre, puisque deux décennies plus tard, les grands joueurs de cette époque ont inspiré bien assez d’artistes pour entrer à leur tour dans les annales.

Laetitia Sadier

Pendant que rageaient les guitares du grunge, Stereolab, avec Sadier au micro, ouvrait une fenêtre sur les croisements possibles entre les fantaisies électroniques des années 60, la rigueur expérimentale du krautrock, l’easy-listening et l’indie-rock. Au passage, le groupe a autant affecté l’évolution du rock que celle de la musique électronique. Tandis que Stereolab est en pause depuis 2009, Sadier continue d’explorer en solo des sentiers similaires. Elle lançait récemment Silencio, un second album en son nom, auquel contribue notamment Tim Gane, son ex-mari et compère stereolabien. Le 19 septembre à la Fédération ukrainienne.

The Dirty Three

Légendaire par procuration parce que Warren Ellis, le violoniste du trio australien, est aussi celui de Nick Cave and the Bad Seeds. Mais légendaire aussi pour sa position de leader en matière d’indie-rock instrumental. Au milieu des années 90, avant Mogwai et Godspeed, le trio a donné ses lettres de noblesse au genre en croisant l’héritage du folk et du cajun à celui du Velvet Underground. Horse Stories (1996), Ocean Songs (1998) et Whatever You Love, You Are (2000) demeurent des incontournables. Le groupe est revenu au jeu au début 2012 avec Toward the Low Sun, son premier album en sept ans. Le 20 septembre à la Fédération ukrainienne, dirtythree.com.

Hot Snakes

Le tandem Rick Froberg/John «Speedo» Reis a eu une influence aussi déterminante que méconnue sur le rock. Ces cris hauts perchés, ces riffs angulaires, fragmentés et lourds sur fond de rythmes effrénés dont se sont plus tard emparés At the Drive-In, puis le mouvement emo-punk; tout ça était d’abord la spécialité de Drive Like Jehu, l’essentiel groupe que le duo Froberg-Reis a mené de 1990 à 1995. Hot Snakes est une sorte d’incarnation plus directe et agressive de Drive Like Jehu que le tandem a mis en route en 1999. En 2005, celui-ci s’est dissous, mais a repris ses activités l’an dernier. À voir au moins une fois dans sa vie. Le 20 septembre à la Mission Santa Cruz, hotsnakes.com.

Bertrand Burgalat

L’avènement de toute cette pop kitsch, rétrofuturiste et franchouillarde apparue dans les années 90 qui a fait chanter Valérie Lemercier et Michel Houellebecq et nous a fait découvrir l’Américaine April March ainsi qu’un tas de figures francophiles du Japon et d’ailleurs, on la doit à Burgalat, fondateur du fameux label Tricatel. Celui qui recrutait récemment le Montréalais Jef Barbara dans son écurie est aussi un artiste solo accompli; son album Toutes directions a été lancé en avril dernier. Le 21 septembre au Cabaret du Mile-End avec Jef Barbara et TOPS, bertrandburgalat.com.

Arthur H

Pour un gars qui s’apprêtait à marcher plutôt sagement dans les traces de son père Jacques Higelin, au début des années 90, Arthur H est devenu un bien drôle d’oiseau, à la direction imprévisible. Avec le temps, sa voix est devenue plus basse et graveleuse et sa musique, plus aventureuse. On pourrait aujourd’hui le comparer à une sorte de Tom Waits de la chanson française. Le 22 septembre au Rialto, arthurh.net.

David Byrne

Celui-là n’a plus besoin de présentation. Ex-leader des Talking Heads, fondateur du label Luaka Bop, inspiration majeure d’Arcade Fire, The Rapture et d’au moins deux autres générations d’indie-rockeurs… Dans chacun de ses projets, furent-ils sur disque, sur scène ou à l’écran, il a amené la pop plus loin que la plupart des artistes ne sauront le faire leur vie durant. Son plus récent projet est son album-duo avec l’énigmatique St. Vincent, Love This Giant. C’est avec elle qu’il s’amène chez nous. Le 21 septembre à l’Église Saint-Jean Baptiste, davidbyrne.com.

Change of Heart

La dernière décennie nous a fait connaître Ian Blurton comme réalisateur (pour les Weakerthans et l’album solo d’Amy Millan, entre autres) ainsi que comme membre de feu C’mon et Bionic. Mais Blurton a d’abord roulé sa bosse pendant quinze ans comme leader du combo indie-rock Change of Heart, un modèle d’audace et de persévérance DIY à une époque où la scène canadienne n’en comptait pas beaucoup. Le groupe se réunit le temps de quelques concerts à l’occasion du lancement d’une compilation. Le 22 septembre au Il Motore.

Onyx

Pas nécessairement l’un des meilleurs groupes rap, mais ses 24 ans de longévité (une rareté dans le genre), sa prise en charge par Jam Master Jay (Run-D.M.C.) pour l’album Bacdafucup (1993) et son style agressif, qui laissait présager l’avènement du gangsta rap, en ont fait un chaînon important de l’histoire du rap. On lui doit notamment les tubes «Slam» et «Throw ya Gunz». Le 21 septembre au Belmont, onyxdomain.com.

Andre Williams et The Sadies

Deux légendes pour le prix d’une, ensemble sur scène! Âgé de 76 ans, Williams est l’incarnation du mot «culte»: il a écrit des chansons pour Stevie Wonder, Ike & Tina Turner et Parliament et connu du succès comme chanteur soul et funk dans les années 60 et 70, pour ensuite tomber dans l’abus et la criminalité dans les années 80. Sa carrière a connu un nouveau souffle dans les années 90, notamment avec un premier album en duo avec les Sadies (Red Dirt), en 1999, dans une veine beaucoup plus rock garage. Cet été, les deux entités ont lancé une suite à cette association: l’album Night & Day. Bien que plus jeunes, les Sadies peuvent eux aussi endosser l’étiquette de «légendes» pour leur maîtrise étonnante du rock roots, maculé de country et de bluegrass, dont on notamment bénéficié Neko Case, Jon Langford (The Mekons) et John Doe. Le 22 septembre au Cabaret du Mile-End, thesadies.com.

Jimmy «Bo» Horne

Le disco a certainement laissé derrière lui des artistes plus marquants que ce chanteur floridien, dont la carrière active s’est essentiellement limitée aux années 70. En revanche, ses hits, comme «Spank», «You get me hot», «Let me (be Your Lover)» et «Get Happy» ont allègrement été repris et/ou échantillonnés depuis, ce qui les rend reconnaissables à bien des oreilles plus jeunes. DJ Cash Money, Ultra Naté, les Stereo MCs, Cee Lo Green et les Jungle Brothers, entre autres, ont utilisé des fragments de sa musique, qui a par ailleurs été entendue dans maints films, jeux vidéo et émissions de télé au fil des ans. Le 22 septembre à la salle Little Burgundy.

Pop Montréal
Du 19 au 23 septembre
popmontreal.com

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