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Le Détesteur: élections ce soir & Big Bang d’humilité, la politique nous dépasse

C'est ce soir, assurément très tard, qu'on saura qui gouvernera le Québec.

Sincèrement, j'espère qu'avec cette campagne on aura appris. C'est probablement celle qui nous aura finalement départi de tous nos complexes politiques pis y'était crissement temps. ENFIN, les initiés l'ont admis pour une rarissime fois: ils n'arrivaient pas à suivre tout ce qui se passait pendant la semaine des débats des chefs.

Ça, c'est comme au secondaire, quand t'apprends que le dude qui prétend se promener avec une 12 pouces dans ses pants, avait menti et se situe contre toute attente dans la moyenne. Quel soulagement de savoir que 12 pouces, c'est exagéré comme longueur de pénis. C'est à partir de là qu'on commence à gagner en humilité.

Y'a tout un système hiérarchique maquillé de tromperies et de sous-entendus derrière ça, en plus. On se moque de celui qui ose, plein de candeur, admettre la véritable longueur de son engin, alors qu'elle se rapproche en fait de la réalité. De par ce fait, on laisse entendre qu'on a 99 problèmes mais le dick ain't one, même qu'il a d'quoi impressionner.

La politique, c'est c'qui se rapproche le plus de ces pactes mensongers juvéniles. On n'est pas humble, y'a rien à faire, on joue dans le domaine de l'évidence. Moins risqué. On choisit d'abord un camp, pis on poussera nos recherches plus tard, si nécessaire. Pour l'instant, ayons l'air certains. L'exemple le plus frappant aura probablement été le fameux discours sur le vote stratégique qu'on nous a vivement contre-indiqué sur un ton des plus moralisateurs.

Des fois je m'amuse à pousser les discussions plus loin, d'un «Pourquoi?» déstabilisant. «Ah ouin, ça ne date pas d'hier que Charest soit corrompu? Explique.» Habituellement, c'est ici que le bafouillage entre en scène. Ils ne peuvent l'expliquer, ils le savent, c'est comme ça. La pensée populaire. La plupart des gens n'ont jamais eu à se préparer à une telle question qui va pourtant de soi. Qui pourrait remettre en doute les intentions véreuses de Jean Charest, anyway?

On sait également que Bush, c'est le diable parce qu'il a fait la guerre pour le pétrole pis qu'Harper est homophobe, and so on. J'te dis pas que j'suis pas d'accord, j'te demande juste de m'expliquer, parce que visiblement, tu sembles connaître le sujet. Si mettons je m'y connais peu, c'est fort probable que je te sollicite pour une élaboration, pour de vrai, en toute humilité. Tu dois pas être le genre à faire semblant de savoir, right?

Mais non, on apprend pas. On me dit que de nationaliser à peu près tout ce qui se nationalise serait la meilleure chose qui pourrait arriver au Québec. Alright, mais encore? Peux-tu m'expliquer? Ah, tu peux pas. Cool. Pis l'abstention, ça, peux-tu me faire parvenir les motivations qui t'ont poussé à l'adopter? Non plus? Fou. T'en connais des choses.

On devrait pourtant réaliser la chance qu'on a d'avoir finalement pu assister à un big bang d'humilité politique, probablement le plus grand de l'histoire, crisse, pis en profiter pour recommencer sur une base plus sincère, plus enrichissante. Admettons-le, le commun des mortels a passé 9 années à détester Charest sans trop savoir pourquoi, parce qu'on lui a suggéré qu'il le devrait. On a tous allumé, le soir du débat, à quel point nos connaissances en tant que peuple SUCK dans ce domaine. Moi ça me fascine, il s'est passé quelque chose ce soir-là. Mais au lieu de poser des questions pis d'admettre, on est là à poursuivre notre propagande pis à maternaliser autrui en lui expliquant comment et pour qui il devrait voter.

Jusqu'à récemment, on vivait dans cet espèce de consensus silencieux qui nous évitait d'avoir l'air con, all good. Mais là, devant un constat des plus patents, on s'est offert cette confirmation qui nous libère de tous les complexes. On a tous l'air cons, même les initiés. La politique nous dépasse, c'est dit, plus la peine de jouer les adultes. Les chiffres, l'économie pis tout ça, ça se peut qu'on n'y comprenne rien. T'es pas certain? Pose la tabarnack de question. Ton interlocuteur est inapte à y répondre? Tant mieux, tu viens d'lui faire réaliser pis vous êtes deux maintenant.

Je vous déteste.

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