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3 documentaires à voir avant le début de l’automne: Samsara, Ai Weiwei et The Queen of Versailles

L’été tire déjà à sa fin et pour bien des cinéphiles, c’est le signe annonciateur que nos lieux sacrés du septième art auront bientôt plus à nous offrir qu’un simple refuge climatisé en temps de canicule. Mais avant que tous les gros blockbusters bruyants ne cèdent définitivement leur place aux films auréolés pour publics plus « avertis », nos grands écrans présenteront trois délicieux documentaires qui valent à coup sûr le déplacement… question de reprendre ses bonnes habitudes ciné et d’apprendre un tas de choses qui n’ont rien à voir avec la plateforme électorale de la CAQ, les contrats douteux en construction ou les propos du xénophobe de Saguenay. En attendant d’exercer ton droit de vote, profite donc d’un mini répit de cette campagne omniprésente.

 

1. The Queen of Versailles

En une phrase, c’est…
un couple de milliardaires qui incarnent le rêve américain dans toute sa démesure (voir : un palais résidentiel, inspiré de Versailles, plus gros que la Maison-Blanche), mais qui voient leur fortune s’effriter à la suite de la crise bancaire/boursière de 2008.

Un film fascinant parce que…
les 90000 pieds carrés d’excès du couple (30 salles de bain, 10 cuisines, 13 chambres à coucher, 2 courts de tennis, une piste de roller et j’en passe) et le rôle qu'ils ont joué dans un engrenage immobilier complètement corrompu vous laisseront bouche bée. Les 30 ans qui séparent la reine du mauvais goût de son vieux crouton aux idées périmées ne sont en fait que la cerise sur un sundae super size qui dégouline grossièrement de partout.

Ce que tu dois savoir à propos de la « Queen » ?
Cette Miss Florida 1993 adore le magasinage, les injections de Botox et les pantalons ultra ajustés aux imprimés « camouflage ». Celle qui a donné naissance à sept enfants avant d’atteindre la quarantaine est assez naïve (soyons polis) quant aux rouages du capitalisme, mais reste en fin de compte un personnage plutôt attachant (pensez à une Legally Blonde avec les études de droit en moins).  

Meilleure citation du film ?
Le mari nous dit « I got George W. Bush elected President. » Mais lorsqu’on lui demande d’élaborer, il reste évasif: « I’d rather not say it. It may not necessarily have been legal. » Si j’étais un démocrate américain, je rirais jaune.

À voir absolument si …
tu éprouves un certain plaisir à voir des gens arrogants, opérant dans le déni total, se faire péter leur bulle de façon assez magistrale. C’est tout en l’honneur de la réalisatrice Lauren Greenfield qu’elle accorde au montage un certain capital de sympathie au couple.

Quand ?
En salles dès le 31 août

 

2. Samsara

En une phrase, c'est…
une grande méditation sur les liens plus ou moins étroits qui nous unissent, tissée au fil d’un débordement ininterrompu d’images saisissantes.

Un film fascinant parce que…
tout comme les autres films transcendants du réalisateur Ron Fricke (Baraka), ainsi que Koyaanisqatsi de Godfrey Reggio (sur lequel Fricke a œuvré à titre de directeur photo), le montage juxtapose une panoplie de paysages imprenables et de réalités toutes plus différentes les unes des autres: zones de guerre sinistres, merveilles du monde, temples du sacré, jungle urbaine, sérénité rurale, etc.

Ce que tu dois savoir à propos du terme sanskrit « samsara » ?
C’est une référence bouddhiste et hindoue au cycle éternel de l’existence – naissance, mort, réincarnation. C’est le point de départ que choisissent les cinéastes afin de peaufiner leur réflexion sur l’interdépendance de toutes les formes de vie sur Terre.

Nombre de pays où Fricke et Magidson ont tourné ?
25 (s’étalant sur cinq continents) dont l’Éthiopie, le Japon, le Brésil, la France, le Myanmar et l’Inde.

Un pays où ils n’ont jamais pu filmer ?
La Corée du Nord – et ce n’est pas par manque de volonté… Fricke croit que le fait qu’il soit Américain ait joué contre lui…

À voir absolument si …
tu n’as pas besoin d’une trame narrative ou de voix off pour qu’on te mette en contexte toutes les images qui défilent devant tes yeux. Si tu aimes être émerveillé par l’immensité de notre monde gracieuseté d’images au ralenti, filmées en time lapse (comme celles de moines bouddhistes travaillant avec remarquable minutie à la création d’un mandala, ou peinture de sable). Surtout, si tu as un penchant pour du contenu National Geographic un peu décalé.

Quand ?
En salles dès le 14 septembre

 

3. Ai Weiwei: Never Sorry

En deux phrases, c'est… 
un portrait intimiste de l’artiste chinois le plus connu à l’étranger, qu’on qualifie de véritable « rock star de l’art contemporain ». Ce courageux contestataire dénonce haut et fort la censure et la surveillance omniprésente au sein de la République, chose que la plupart de ses compatriotes n’osent faire, par peur de représailles.

Un film fascinant parce que…
la réalisatrice Alison Klayman a obtenu un accès assez remarquable à ce grand plasticien lorsqu’elle travaillait comme correspondante étrangère pour PBS, NPR et CBC en Chine. Elle nous livre un portrait nuancé d’un Weiwei parfois drôle, toujours intarissable, astucieux quant à son utilisation des réseaux sociaux et provocateur par le biais de son art touche-à-tout (architecture, cinéma, photographie, installation, commissariat, etc).

Ce que tu dois savoir à propos de Weiwei ?
Damien Hirst, Jeff Koons, Banksy? Tassez-vous de d’là. La revue ArtReview l’a classé au premier rang de son palmarès annuel « Power 100 List », reconnaissance que les autorités chinoises ont (évidemment) vivement dénoncé. L’architecte de formation a aussi été finaliste pour le titre de Personnalité de l’année 2011 du prestigieux Time Magazine. Ah oui, et les forces du gouvernement l’ont battu, son blogue a été censuré par la République et on a démoli son studio pendant qu’il était en prison.

Nombre de jours que Weiwei a passé en détention ?
81. il a été arrêté à l’aéroport de Pékin en avril 2011 et détenu pendant plus de deux mois sans aucun mandat d’arrestation, ce qui a suscité l’indignation de la planète. Ces jours-ci, il est assigné à résidence à Pékin, où ce dernier peine à rester bien sage et tranquille…

À voir absolument si …
la question des droits humains et de la démocratie en Chine te préoccupe. Si tu souhaites qu’on te dresse un portrait des nombreuses contradictions de la Chine moderne à l’aide d’un artiste conceptuel dont on s'arrache à l’étranger, mais que son gouvernement tente plutôt d’étouffer.

Quand ?
En salles maintenant au Forum Cineplex (2313, rue Sainte-Catherine Ouest)

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