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Victime de la porn: la peur d’être freak

«Es-tu en train de me dire que je suis le seul à me branler sur des naines qui branlent des Inuits avec leurs aisselles?!»

***

Quand t’es tout seul devant l’ordi avec les culottes aux genoux, c’est clairement toi qui es aux commandes. T’as le plein contrôle de ce qui va se passer, autant au niveau du frottement que de la porn choisie.

Si t’ajoutes quelqu’un par-dessus ton épaule qui te juge sur le choix de tes vidéos, il y a des chances que ça change l’expérience.

Coucher avec quelqu’un, c’est un peu ça: tu confrontes tes trips sexuels à ceux de quelqu’un d’autre. Dans les premières fois, t’essaies d’avoir l’air normal. (Selon ta définition de ce qui est normal.) Et tranquillement, tu sors le reste en espérant que l’autre va continuer à kiffer.

Est-ce que ce sera compatible, risible, ou carrément malaisant?

Ce n’est pas évident d’assumer ses trips sexuels. Tu peux faire le même truc banal avec trente lovers et un jour, tu tombes sur quelqu’un qui voit ça différemment.

«Tu veux me prendre doggy style? Tu veux dire, comme une chienne? C’est ça ta vision de moi? Je pensais que tu me respectais!»

Et là, tu la regardes avec stupéfaction (et terreur) en attendant que les caméras sortent, espérant que tout ça ne soit qu’un gros gag pour une nouvelle émission louche à V.

Tu peux même faire un truc cool et cochon en pensant que ça va te faire gagner des points et c’est l’inverse qui arrive.

«QUOI!? T’as avalé mon sperme? Ark, mais t’es folle! Ça goutte tellement méchant! Je criss ça à la poubelle d’hab… AAAAH, ne m’approche pas avec cette bouche!!»

Le dégoût, c’est la dernière chose que tu veux voir dans la face de ton lover. (Ça, ou un tattoo de Joanne Marcotte.) Le sentiment d’être freak, c’est à l’opposé du bien-être sexuel et orgasmique.

«Est-ce que t’es vraiment en train d’essayer de pénétrer mon anus? Ah bon, je savais pas que tu tripais là-dessus, toi, le caca.»

Tant de trucs auxquels t’as envie de répondre «Ah! Non… Mais, je… pas… Tu… Vladeujoazzuz…» Et dans la tête de cette personne-là, tu resteras à jamais ce freak avec un trip bizarre.

Parce que la plupart du temps, on n'éclaircit rien parce qu'on n’a pas envie de parler de ces choses-là. Dans le sexe, on aimerait que l’autre devine tout. On aime penser que c’est simple et assez évident. La fille t’envoie une photo cochonne et te demande plus tard si t’as apprécié.

 – Gars: «Ah, ça m’a excité grave! Je suis allé me branler trois fois sur l’ordi après.»

 – Fille: «Mais…! T’étais censé te branler sur MA photo!»

 – Gars: «Ah! Ben… c’est sûr que la photo était sur le bureau, hein! Juste là, sur le bord!»

Et même en se parlant, on n’aime pas toujours ce qu’on entend.

 – Fille: «Ça m’a coûté 200$ ce kit de lingerie-là!»

 – Gars: «Je veux bien, bébé, mais ça me fait juste rien la lingerie.»

Et si ta vie suce particulièrement, ça peut déboucher sur des trucs surréalistes comme:

 – Fille: «OUAIS BEN JE SUIS DÉÉÉÉSOLÉE, MAIS TU NE BANDES PAS SUR LES BONNES AFFAIRES!»

Tu peux jouer safe en écrivant un petit poème romantique à une jolie fille tranquille, mais elle, elle a juste envie de se faire traiter de grosse pute. (La méprise inverse est encore pire.)

À moins de crier ses trips dans une chronique, l’autre ne les connaîtra pas à l’avance. Et même là, t’es pas nécessairement à l’abri.

 – GROUPIE: Wow! Je tripe sur tes chroniques! J’ai particulièrement aimé celle qui s’appelle «Dans tes fesses»!

 – CHRONIQUEUR: Ah oui? T’aimes ça, le buttsex?

 – GROUPIE: C’est pas de tes affaires, gros dégueulasse!

Too soon? Difficile à dire. Le timing est aussi important que difficile à suivre.

Tu ne peux pas envoyer les mêmes textos à 20h qu’à 3h20 quand l’autre feel guidoune. Même que tu peux avoir du sexe sur la brosse que tu ne pourras pas ravoir le lendemain quand vous serez à jeun. Ce sera redevenu tabou. Ou juste trop gênant, pour le moment.

Chaque dévoilement est un petit gamble qui t’approche ou t’éloigne du cul que t’aimerais vraiment avoir. Et si t’es béni par le dieu du tout-nu, tu vas avoir des trips assez faciles à satisfaire et qui ne sont pas trop difficiles à assumer.

Comme récemment, je me suis rendu compte que ce qui me turnait on dans toutes les vidéos de fellation que je me tape de ce temps-là, c’était ce petit bruit de succion que certaines filles font. (Une autre de ces fois où j’aurais besoin d’un mp3 à l’appui.)

C’est le parfait genre de trip! Facile et à la portée d’à peu près tout le monde. (Bon ça aide d’avoir une grosse bouche de black.) Mais quand c’est rendu que t’as besoin de quatre personnes avec les bons suits en spandex, une chaudière de lube et une cordée de bois de chauffage pour te faire mouiller un peu, ce n’est pas nécessairement que l’autre va te trouver freak, mais peut-être juste trop de trouble.