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Le rappeur montréalais Cadence Weapon arrive à maturité artistique avec son nouvel album

Il y a toujours eu un gros capital de sympathie pour Rollie Pemberton. Dans le plat et calme paysage du hip-hop canadien, l’Edmontonien a apporté une touche de couleur dès son premier album, Breaking Kayfabe, en 2006.

Fils du DJ et journaliste new-yorkais Teddy Pemberton, l’homme qu’on dit avoir importé la culture hip-hop à Edmonton en 1980, Rollie s’est immédiatement fait remarquer pour sa plume créative et acérée, de même qu’un parti pris rafraîchissant pour le rap champ gauche.

Son talent s’est fait remarquer en dehors du cadre hip-hop quand, en 2009, il a été nommé poète officiel de la ville d’Edmonton. Les tournées et un remix pour Lady Sovereign ont permis de faire circuler son nom à l’étranger, mais comme bien des artisans du rap expérimental, Cadence Weapon a eu peine à s’imposer en-dehors du cercle des amateurs d’acrobaties verbales et de croisements entre rap et électro. Breaking Kayfabe et sa suite, Afterparty Babies (2009) ont établi une vision, mais pas nécessairement un discours musical complet.

C’est maintenant chose faite avec Hope in Dirt City, son troisième effort, lancé fin mai. Pemberton ose sortir de sa mixture de grime et d’électro, il ose des contacts avec un rap plus classique à travers un flow plus posé, un rap plus musical, et se risque même à flirter avec l’indie-pop et le rock à l’occasion. Le ton y est plus sombre et le résultat n’en est que plus personnel et différent encore que les premiers chapitres. Côté textes, il se montre toujours aussi inspiré, alternant entre le personnel et les réflexions sur son métier.

En plus d’excellentes critiques à l’international, Cadence Weapon s’est mérité pour l’album une autre nomination au prix Polaris, qui sera remis cet automne.

Pour nous autres Montréalais, Hope in Dirt City est d’un intérêt particulier puisqu’il chronique le déménagement du personnage chez nous. Pemberton est en effet devenu progressivement montréalais ces deux dernières années. Dans la chanson «There we go», les plus sorteux pourront reconnaître la description d’une soirée typique dans un afterparty local et même quelques-uns des personnages qu’on y rencontre fréquemment.

Cadence Weapon
25 juin | La Sala Rossa
4848, Saint-Laurent
avec Japandroids
cadenceweaponmusic.com