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Entrevue avec Kandle, la nouvelle coqueluche de l’industrie montréalaise qui fait honneur à sa famille

Moyen fréquent de rébellion contre son éducation, la musique est plutôt une affaire de famille chez les Osborne.

On le sait: Kandle Osborne, nouvelle égérie folk-rock montréalaise, est non seulement la fille de Neil Osborne des piliers can-con 54-40, le vétéran est aussi le réalisateur du premier EP éponyme qui a fait découvrir la chanteuse en janvier (et qui est réédité cette semaine sur format physique), ainsi que son mentor. En troquant sa Victoria natale contre Montréal, à l’été 2011, Kandle s’en est éloignée, mais lorsqu’elle y retournera à l’automne pour concevoir son premier album complet, c’est encore papa Neil qui devrait être aux commandes.

Cette jeune carrière solo que Kandle lance du haut de ses 21 ans arrive par ailleurs après une entrée dans l’arène musicale survenue dès l’adolescence au sein du groupe The Blue Violets, qui unissait Kandle à sa sœur, Coral. Cette dernière a depuis pris sa «retraite» pour œuvrer au sein du label Arts & Crafts, puis dans l’équipe de l’émission de George Stromboulopoulos.

Ça se garde, des rêves et de l’ambition, quand on vient d’une telle famille? «J’imagine que ça va dans les deux sens», indique la demoiselle depuis la France, où elle effectuait dernièrement sa toute première tournée après que des promoteurs eurent été séduits par son EP. «J’ai pu voir les bons et les mauvais côtés. Je pense avoir une bonne compréhension de la réalité de ce milieu; de ce que ça prend, qu’il ne s’agit pas seulement de bus de tournées et de partys… Je sais que c’est beaucoup de travail, mais je sais aussi à quel point c’est gratifiant de créer de la musique qui touche les gens.»

Le poids des chiffres
Même si sa musique évoque davantage Nancy Sinatra, Mazzy Star et les road movies que 54-40, Kandle soutient quand même avoir été lourdement influencée par le groupe de son père. «C’est mon groupe préféré! Je connais les paroles de chaque chanson!» ricane-t-elle. On ne sait trop si son ton moqueur vient de l’évidence d’une telle affirmation ou du vin français…

Plus sérieusement: «Toute mon enfance, il me montrait ses nouveaux albums, me jouait ses nouvelles chansons. Il a aiguisé mon goût», souligne-t-elle, précisant que son père n’a ni encouragé, ni découragé son choix de carrière. «Il ne m’a jamais poussé vers quoi que ce soit, mais il m’a toujours soutenue dans ce que je faisais, qu’il ait s’agit de concevoir des bandes dessinées ou d’écrire de la poésie.»

Musique, BD et poésie n’ont pas été les seules entreprises artistiques de Kandle: elle est également une photographe diplômée. «Je pensais que c’est ce que je ferais de ma vie! J’ai fait beaucoup de photos de concerts. Mais c’est très compétitif à Montréal. Quelqu’un qui a une caméra jetable et assez de contacts peut très bien avoir davantage de travail que quelqu’un qui a été formé là-dedans. Mais c’est vraiment quelque chose que j’adore faire.» Doit-on voir dans ce profil l’explication de sa pop fort visuelle, aux ambiances cinématographiques? «Il y a sûrement un lien, mais aucun que je puisse résumer en mots, dit-elle. Dans les deux cas, ça vient d’une émotion prenante.»

Contrat de fille
Astucieuse, Kandle a réussi à enrôler son guitariste et acolyte, Sam Goldberg (de Broken Social Scene, Hawaii et anciennement du groupe montréalais Bionic), dans un échange de bons procédés. «Un jour, il est venu à Victoria pour enregistrer dans le studio de mon père. Je lui ai offert de prendre des photos pour son projet, mais en échange, il devait jouer sur mon EP. Je l’ai obligé à jouer sur toutes les chansons et maintenant, il est pris avec moi pour toujours!» lance-t-elle en riant.

À l’écoute de la musique de Kandle, on peut difficilement s’empêcher de faire le lien avec l’univers d’une autre jeune chanteuse très inspirée par Nancy Sinatra: Lana Del Rey. La principale intéressée s’amuse de la comparaison. «Ça fait quelques fois que je l’entends, soutient-elle. C’est drôle. Ouais, pourquoi pas? En fait, j’ai bien aimé son EP, mais son album est un peu confus. On dirait qu’elle est un peu perdue quant à la direction qu’elle doit emprunter. Mais sa voix est magnifique. Je me demande ce qu’elle fera ensuite.»

Kandle: lancement de la version physique du EP Kandle
29 mai | O Patro Vys
356, Mont-Royal E.
avec Louise Burns
kandlemusic.com