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Le Détesteur: pas payé pour être moins drôle que Denis Coderre

Salut l'humoriste (de la relève). Je sais que tu me lis, sporadiquement/on the regular, que t'es pas toujours d'accord avec c'que j'écris, mais tu l'fais quand même. De mon côté, c'est semblable, je te suis dans ta carrière, j'te trouve pas toujours drôle, mais j'continue malgré tout de le faire. L'humour m'a toujours fasciné. Toi pis moi on est des observateurs pis on va toujours finir par se rejoindre.

La plupart du temps, tu me fais rire pis je trouve que ta scène est en pleine santé. Un seul bon numéro au Zoofest vaut au moins trois gros galas du Festival Juste pour rire. Mais là, si tu veux bien mettre le chapeau (s'il te fait), pour m'éviter de généraliser, j'ai un problème avec toi (celui qui l'aura enfilé).

Sur le web, t'es EXÉCRABLE.

La vérité c'est que sur mon newsfeed, c'est rarement toi qui me fais rire. Autant avec tes vidéoclips, tes statuts, sketches qu'avec tes webisodes. Mais ça, c'pas grave, t'as l'droit de ne pas être le gars le plus comique sur Facebook, surtout si tu ne tentes pas forcément de l'être. Malheureusement, t'as décidé de t'embarrasser à chaque fois que tu te connectes en devenant celui qui nous procure des câlisse de frissons de malaises dans l'dos. N'importe qui est plus drôle que toi, man. On ne peut t'ignorer, t'as trop laissé de marde sur ton passage qu'on se facepalm de honte à ta place. Imagine comment tu gâches tout. T'es humoriste, tabarnack.

Je sais, tu pourrais me réfuter que l'humoriste réserve son meilleur stock pour gagner sa vie, alors que nous, on balance nos bons flash quand bon nous semble, sans contrainte de temps ni d'argent. Ok.

Par contre, pour reprendre ton vieux gag qui illustre bien la situation, tu nous a souvent répété que l'humoriste, face à de nombreuses demandes dans sa vie de citoyen, n'a pas à faire des blagues 24h/24. J'ai pourtant l'impression que c'est l'inverse qui se produit présentement. Tu nous cours après pour nous soutirer des rires, des cliques, des likes pis des partages, en dehors de tes heures de spectacles. On ne t'a pourtant rien demandé. Et c'est correct, on est en 2012. La maladresse c'est que t'aurais peut-être dû t'en tenir à la promesse de ne pas faire de jokes sur commande, étant donné le piètre niveau offert.

Sur les médias sociaux, t'es pas contraint de nous faire rigoler à tout prix, tsé. Contente-toi donc d'être intéressant, après tu penseras à y ajouter un brin d'humour, si tu penses qu'un jour t'auras suffisamment de répartie pour faire rire tant sur scène que sur le web.

Quand j'dis que t'es médiocre, ça n'a pas tant à voir avec tes blagues qui ne me font pas rire. Parce qu'après tout, ça fait partie de ton cheminement, ne pas toujours être rigolo, pis c'est parfait comme ça. T'as l'droit à l'erreur, probablement plus que n'importe qui d'autre, parce que ton métier est basé là-dessus, les erreurs. Tu les repères rapidement à la fin de chaque numéro afin de ne plus les répéter.

Mais toi (qui n'a toujours pas retiré le chapeau), t'as abandonné tout effort depuis longtemps. Tes erreurs sont les mêmes que celles des matantes au réveillon du jour de l'An. Tes blagues d'actualité sont toujours moins efficaces que celles des mononcles sur Twitter. C'est INACCEPTABLE. On attend de toi à c'que tu fasses des erreurs de pro, rien de moins. Pas celles de Denis Coderre.

T'as l'droit d'te planter si tu prends un risque, une initiative, si tu tentes d'entreprendre une nouvelle direction. Quand je t'ai vu à ta première année de «En Route vers mon premier gala Juste pour rire», tu t'es trompé, mais j'ai gardé ton nom en tête. L'année suivante, t'es revenu pis t'as surpris fucking tout le monde. J'étais fier pour toi parce que t'as tout fait ça en laissant de côté la facilité. C'est seulement que des fois, j'ai l'impression que tu piges dans le sac des valeurs sûres de Jean-Michel Anctil pis tu te ramasses avec le même type de gags, du genre, te rouler par terre en te frottant les mamelons. Le truc c'est que lui, ça fait longtemps qu'il est là, assez pour s'être mérité le droit de ne plus faire d'effort (lire: ne plus être drôle) pour que son public éclate de rire et applaudisse à n'importe laquelle des médiocrités.

J'me demandais ça: tu ne t'es jamais concocté une liste des faux-pas, des trucs à éviter? Tsé les évidences là, les blagues qui sont arrivées à échéance en 1996? Parce que dude, tu fais encore des jokes de nain à l'occasion, sacrament! Dans un sketch, tu joues même le gars qui, secrètement, aime se déguiser en femme… pis là, bang, on te surprend à te mettre du rouge à lèvres. Et c'est là que tu nous lâches un «C'est pas c'que vous pensez!». Crisse-câlisse. Même à 14 ans,  je savais que je devais éviter tout ça pour ne pas devenir le gars qui fait pitié à autant essayer désespérément d'être drôle.

Pis ton clip qui énumère les défauts des hipsters, ouf. C'est ça le risque à prendre quand tu fais dans l'opportunisme. Si t'as misé sur l'effort, ça peut être bénéfique. Si en revanche c'est sans saveur, que ton propos n'est pas on point et que tu te retrouves à copier-coller le travail de quelqu'un d'autre (3 ans trop tard) parce que t'as négligé de te taper une petite heure de repérage pour t'assurer que t'apportais quelque chose de nouveau (et à jour, surtout): tu risques de te faire étiqueter comme le dude pathétique qui prône la loi du moindre effort. Pis ça, c'est pire que d'avoir livré un numéro qui n'a pas levé. Surtout si les gens savent que t'es payé pour être plus drôle qu'eux.

J'ai d'la difficulté à concevoir que des fois tu puisses endosser tes propres blagues, ta démarche. Avoue-le moi, tu le fais pour l'argent? Pour rejoindre un plus grand public?

Je te déteste.

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