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Le réalisateur Guy Édoin flirte à nouveau avec le court, le temps des Prix Prends ça court!

Dans l'univers du court métrage, Prends ça court! profite d'un vent chaud depuis dix ans, une réputation plus qu'enviable auprès des cinéphiles québécois. Sa formule? Une sélection en or qui sait repérer chaque année les perles à ne pas manquer grâce à son légendaire programmateur Danny Lennon. La preuve de son efficacité? L'évènement qui se promène dans le beau et grand Canada rejoint en tout 2 millions de personnes chaque année. C'est toutefois durant les Rendez-vous du cinéma québécois, ce vendredi 17 février, que 53 films se disputeront une tonne de prix. Une tâche agréable mais loin d'être facile que devront s'acquitter les 11 membres du jury, dont Guy Édoin, le réalisateur de la fable naturaliste et agricole, Marécages.

 

Cinéaste d'une trilogie de courts métrages fort prisés et d'un long métrage qui a connu plus d'un festival, tu as plutôt l'habitude d'être jugé que de juger. Comment as-tu aimé te retrouver de l'autre côté,  dans la chaise du juge?
J'étais très content de l'invitation. Le long métrage m'a quelque peu éloigné de l'univers du court, qui a pourtant été très présent dans ma vie. J'en ai signé 8 au total. Ce fut donc un bonheur de tâter le pouls à nouveau, d'apprécier ce qui s'est fait dans cette dernière année.

Que représente le court métrage pour Guy Édoin?
Pour moi, c'est une fin en soi, c'est faire du cinéma. Et personnellement, je ne l'ai jamais fait dans l'intention de me bâtir un démo ou de passer vers le long métrage. Avec la trilogie, je voulais intégrer des œuvres courtes dans une œuvre plus grande, tout en gardant une indépendance entre chacune des pièces. Certaines histoires sont faites pour le format court et d'autres pour le format long. J'ai encore dans mon tiroir des histoires de courts métrages. Le court métrage révèle notre amour pour le cinéma.


Guy Édoin sur le plateau de Marécages

Un bon court métrage pour toi, c'est quoi?
Un bon court métrage est extrêmement difficile à faire. Il faut un sujet, un propos, une émotion. C'est prendre des risques, oser dans la forme, oser dans le propos. Et ça demande concision et détails, ce qui le distingue complètement du long métrage. Mais au bout du compte, le bon court métrage, c'est celui qui nous touche, qui nous habite, qu'on ramène avec soi à la maison. Je pardonne alors les erreurs. Je crois que le plus beau compliment que l'on puisse faire à un film, c'est de dire, «wow, ton film m'habite encore…».

À quel point un jury influence le choix des courts métrages gagnants?
Chaque jury a sa dynamique qui détermine des palmarès uniques. Et il faut se le rappeler lorsque nous sommes de l'autre côté, participants à un concours. Nous sommes tous des êtres humains qui ont des émotions et qui revendiquent leurs coups de cœur pour certains films. Pour Prends ça court!, nous venons tous de milieux différents, ce qui amène une variété de regards sur les films. Bref, on ne sait jamais ce qui va sortir d'un jury. Il y a parfois des évidences et finalement, ce n'est pas ça qui se démarque.

Comment vis-tu le peu de nominations de Marécages au Jutra?
Je m'étais promis de ne pas commenter les nominations du Jutra.  Et ça revient exactement à ce que nous parlons. Ce sont des décisions de jury. Nous avons lancé le film à Venise. Et nous avons vécu des choses extraordinaires là-bas. On a même eu une ovation qui a duré très longtemps. Ça, c'est marqué au fer rouge comme un des plus beaux moments de ma vie que j'ai partagé avec Félize Frappier et Pascale Bussières. Cette réaction d'un public pour mon premier long métrage, ça vaut n'importe quel prix du monde. C'est juste que ça ne vient pas avec un bout de métal…


Gabriel Maillé dans Marécages

Que prépares-tu?
Je travaille à l'adaptation d'un roman québécois, La canicule de pauvres de Jean-Simon Desrochers. J'ai terminé une première étape, une sorte de scène à scène d'un roman extrêmement imposant, inadaptable. C'est une proposition de Roger Frappier qui a lu le roman et qui m'a encouragé à le lire et à l'adapter, car cela correspondait bien à mon univers, bien que ça me sort de ma ruralité. Je sors ici de ma zone de confort.

Tes coups de cœur culturels du moment?
J'ai adoré plusieurs films qui n'ont curieusement pas été en nomination aux Oscars. Shame de Steve McQueen, Drive de Nicolas Winding Refn et Melancholia de Lars von Trier.

 

Les Prix Prends ça court!
Vendredi 17 février à 20h 
Entrée libre 
Cinémathèque québécoise – Bistro SAQ 355, De Maisonneuve Est 
courtmetrage.ca | rvcq.com