Aller au contenu
Le Détesteur: on a piraté le monde pour le rendre moderne

Quand j'ai appris que les Américains venaient de takedown Megaupload.com, j'ai su que je devais en faire un article, pis j'avais même hâte de m'y mettre. Ça me ramène à la première fois où j'ai eu à développer mon sens critique sur des forums de discussions, il y a 15 ans. Mon tout premier débat s'est fait sur le piratage. Le plus beau dans tout ça c'est que j'suis toujours aussi partagé sur le sujet que dans l'temps. Pis que les mp3 me sont davantage accessibles.

En fait, j'pense qu'en 2012, si on prend position, en faveur ou non du libre partage c'est qu'on n'a rien compris, rien retenu. Ça devrait être clair, la bonne réponse n'existe pas. À l'époque de Napster, ça nous semblait pas mal plus légitime de prendre position contre les malhonnêtes pirates. Des années plus tard, on peut le vivre ce futur que 1997 ne nous permettait pas de voir clairement, avec ses bienfaits et ses désagréments, et qu'on le veuille ou non, le piratage nous a menés vers un monde ultramoderne et technologique. À ce stade-ci, on serait idiot de prétendre savoir ce qui est bon ou non pour l'industrie du divertissement.

Le PIRE c'est qu'il y a toujours eu un consensus, en faveur du libre partage, sous-entendu par les grandes entreprises qui se positionnent clairement contre. Au début des années 2000, on me disait que mon modem était désuet, que je devais passer à la haute-vitesse et qu'on augmenterait de beaucoup ma bande passante. En présumant qu'on reste dans le domaine du légal, avec les technologies de l'époque, peux-tu m'expliquer, le cave, ce qu'un adolescent va crisser avec 50 gigaoctets de bande passante? Tu le sais. C'pas MSN qui va lui faire buster l'espace permis.

Et là, je ne parle pas des lecteurs mp3 qu'on m'a offerts avant même que le format mp3 puisse être rentable pour les labels.

On m'a laissé faire, on m'a observé. Belle étude sociologique. Après tout, moi pis des millions de gens, on a bâti quelque chose de gros, on a changé le monde. Nos nouvelles habitudes de consommation, à la longue, sont devenues un mode de vie. On a piraté le monde pour le rendre moderne, lui permettre l'upgrade que tardait à nous offrir le nouveau millénaire. (des chars volants, LOLZ) On a livré le briefing le plus concis et limpide de la planète.

Megaupload vient de se faire shutdown pis c'est pourtant celui qui a le plus grandement contribué à l'ascension rapide de Netflix et de la vidéo sur demande. On y a tous contribué en décidant de ne pas suivre une ligne droite.

Sans cette dérogation, ce mal nécessaire, le web et la réalité n'auraient jamais été ce que l'on connaît d'eux en 2012. Quoi qu'on en dise, nous avons été le plus riche élément ayant permis l'évolution des technologies pis y'a aucune boîte de pub qui aurait pu nous mener vers ça, tout devait se dessiner de façon spontanée.

Du jour au lendemain, après avoir usé de nos services comme contributeur/beta-testeur à l'échelle mondiale du file sharing, on nous demande de décâlicer. Comme ça, sans pré-avis. On pourrait même séjourner en prison, si on s'adonnait à nouveau à ces activités maintenant plus que jamais douteuses.

Le piratage, on l'a tous endossé. Tout le monde. Son adhésion ne se limite pas qu'au libre partage. On a le droit de remettre en doute son existence, mais il est trop tôt pour prendre des décisions. La question mérite de rester sur la table, on doit continuer de réfléchir, d'observer, de laisser les choses aller, d'apporter des alternatives. Autrement, on gâche tout.

Les gens qui luttent en sa défaveur n'ont rien compris, rien retenu.

Je les déteste.

Plus de contenu