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Pour ou contre l’adaptation américaine de Millénium? Hmm.

Il y a des choses qu’on a aimées dans l’adaptation que David Fincher a faite de Millénium: Les hommes qui n’aimaient pas les femmes du regretté Stieg Larsson, et d’autres moins. Voici lesquelles.

Pour: La musique
Comme dans The Social Network, précédant film signé David Fincher, le magnifique Trent Reznor et son comparse Atticus Ross se sont attelés à la tâche musique et ont concocté quelque chose d’excellent. Ces ambiances obsédantes qu’ils ont créées conviennent tout à fait à l’atmosphère de l’ensemble. On pense, par exemple, à la scène où Henrik Vanger (très bon Christopher Plummer) dévoile les tableaux de fleurs séchées à Mikael. Réussi. Joli clin d’œil aussi avec le très effacé Plague, qui porte un t-shirt de NIИ. Et que dire de la reprise du Immigrant Song de Led Zep, faite par la chanteuse des Yeah Yeah Yeahs, qui figure au stupéfiant générique d’ouverture? Damn, ça jette à terre à tous les coups. Mais bon, Karen O pourrait interpréter Boumbo et ça aurait de la gueule pareil.

Contre : L’accent
Si des Suédois faisaient un film se déroulant aux States, est-ce qu’ils parleraient… le suédois avec l’accent américain? Si nous faisions un film en Russie, est-ce qu’on parlerait… québécois avec l’accent russe? Avouez qu’on trouverait ça nul. Méga nul. Alors pourquoi des Américains jouant des Suédois parlent-ils anglais avec un accent… étrange ?

C’est probablement l’élément le plus gossant de ce Millenium. Ce melting pot de prononciations forcées qui sonnent toutes assez pourri, merci.

Au centre de tout, le beau (et étonnamment bon) Daniel Craig, qui incarne un Mikael Blomkvist assez solide, surfe sur la vague avec ses belles tonalités de British. Robin Wright, dans la peau d’une Erika correcte, parle américain avec une touche de… quelque chose. Stellan Skarsgård, qui personnifie avec aplomb Martin Vanger et qui, lui, est Suédois-pour-de-vrai-dans-la-vraie-vie, parle sans se forcer à sonner différemment. Dieu merci. Néanmoins, Rooney Mara, alias Lisbeth, élucubre un semblant d’anglais à la consonance est-allemande. Les «what» deviennent des «vat», les «that» des «dat». VAT DE FÜK? Les personnages les entourant s’en donnent quant à eux à cœur joie. On entend même une présentatrice télé y aller d’un «the yournalist, Mikael Blomkvist.» The yournalist? Vraiment?

Pour: l’esthétique générale
C’est beau, ce film, il n'y a pas de doute là-dessus. L’adaptation du premier volet faite par Niels Arden Oplev était plus brute, et plus brutale aussi. Les scènes de viol plus frontales, celles de vengeance plus sordides. Dans l’adaptation de Fincher, non, ce n’est pas tendre, mais l’ensemble est plus composé, les couleurs plus unies. Le seul souci semble être au niveau de l’accord des saisons (on passe de gazon vert à tempête de neige à gazon vert à un peu de neige sans trop d’explications), mais le tout est d’une grande beauté, rendue d’autant plus attrayante par la direction photo du fidèle Jeff Cronenweth (Fight Club, Social Network).

Contre : l’absence de contexte politique
S’il n’y avait pas une coupelle de drapeaux bleu et jaune flottant ici et là, et quelques panneaux avec des mots possédants des o tréma dedans, on ne saurait pas trop où et quand on se trouve. Dans les bouquins de Stieg Larsson, la politique et l'histoire s'avèrent pourtant des éléments d’une importance capitale. Dommage que Fincher ait préféré les mettre de côté, transformant ainsi le thriller davantage politique du regretté auteur en un thriller-tout-court.

Pour : Rooney Mara
Celle qui incarnait la jolie copine de Mark Zuckerberg dans The Social Network est méconnaissable avec ses sourcils bleachés, sa frange gothique et ses multiples piercings (qui auraient tout de même requis un peu plus de véracité. Voir: celui dans sa lèvre qui n’a pas l’air de tenir ben, ben fort).  Bref, Mara incarne avec justesse une Lisbeth asociale, renfermée sur elle-même et fragile…

Contre: Rooney Mara
…un peu trop fragile, même. Dans certaines scènes, Rooney nous semble un brin trop douce pour Lisbeth. Par exemple lorsqu’elle dit à Mikael : «I like vorking vit you», l’air attendri. Ceux qui ont lu le bouquin se souviendront aussi que, pour Noël, elle achète au journaliste un panneau publicitaire d’Elvis, avec Heartbreak Hotel marqué en relief. Ici, elle lui procure plutôt un veston en cuir et lui écrit une carte de Noël avec des chevaux dessus. Des chevaux?! Come on.

On a également beaucoup entendu parler du pseudo caractère très sexué de cette Lisbeth nouvelle mais, même si elle met la main sous la jupe de Mimi Wu dans une scène de rencontre plutôt racoleuse, elle est bien moins animale que Noomi Rapace, qui incarnait L. Salander dans les adaptations suédoises. Une Noomi que, décidément, on n’oublie pas aussi facilement…

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