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Le Détesteur: laissez donc faire les douchebags

Depuis le début de cette nouvelle rentrée, j’éprouve le plus profond des malaises en voyant les gens s’adonner à la mesquinerie sociale lorsqu’ils regardent Occupation Double.

On voit ressortir toute la mauvaise foi que l’être humain s’efforce rarement à retenir dans un milieu de travail (ou autre), mais en triple. Tout ce qu’un homme et une femme peuvent se dire contre un collègue lors d’un long trajet de métro, toute l’importance que ça semble prendre dans leur vie que Maxime, le nouvel employé, ne sache se servir convenablement de la photocopieuse. Ils avaient hâte de se réunir pour en parler, ça brûlait en dedans.

Et même, quand un pur inconnu semble poser des actions qui sortent des conventions, on espère que c’est ça. On espère que le gars à la tuque orange est vraiment en train d’étendre de la moutarde sur son veston. On va pouvoir regarder les autres inconnus “normaux” autour de nous et connecter d’un regard rassurant qui voudra tout dire: “Ouin, le gars est vraiment bizarre, mais heureusement nous on n’est pas comme ça LOL!”

Sur les médias sociaux, c’est tout ça, mais en pire, inhibition en moins. Les gens grattent dans le fond du pot pour pouvoir talkshiter.

«Hey, wow, la petite conne aux grosses boules a dit “Ça va tu?” !! Réveille ma grande on dit “Ça va?” !!!»

«Pis le fif aux gros bras a dit qu’il a été en Italie!! Me semble ouais, esti de douche!!»

J’veux dire, vraiment? Vous réajustez les standards de ce qu’est la stupidité, dans l’unique but de pouvoir dire d’la marde? Forcément, parce qu’autrement votre présence sur Twitter ne serait plus pertinente le dimanche soir. Pas que je veuille défendre les candidats, je n’ai même jamais vu leur visage. C’est juste que de l’extérieur, vous avez l’air d’une belle gang de matantes remplies de mauvaise foi.

Avant, ce qu’on disait sur la télé-réalité se justifiait un peu mieux quand les gens baisaient dans le spa, mais là y’a comme eu un consensus qui a permis à tout le monde de rendre idiotes les banalités de la vie, à condition que la fille soit plus belle que vous et les gars plus musclés. C’est vrai, être musclé fait en sorte que si le dude se brosse les dents à 17h30 précisément à chaque soir, c’est le parfait épais. Pour vous.

Pis le lendemain, dans la “vraie vie”, comme vous avez été nombreux sur les médias sociaux à vous faire aller la yeule la veille, vous vous donnez la permission de rendre le sujet d’intérêt public comme si, nécessairement, tout le monde l’avait suivi. Vous êtes frustrés, vous parlez fort, vous n’en revenez pas que les candidats puissent être aussi stupides de prendre soin de leur corps. Vous voulez impliquer tout le monde dans vos histoires comme si vraiment votre vie en dépendait. Vous insistez sur le fait que le gars est un douchebag, le nouveau mot que vous avez appris en 2010.

En pleine vague anti-Ed Hardy, vous vous êtes préparés toute l’année à frapper sur les gens dont le physique est mis de l’avant. Votre nouvelle permission collective. Vous n’imaginez pas le malaise dans lequel vous nous mettez quand on se retrouve dans la même pièce que vous.

Je vous déteste.

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