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Exposition à la Galerie Simon Blais: Catherine Plaisance joue avec les codes de la catastrophe

Les images dont nous bombardent les médias – tsunamis, tremblements de terre, inondations, tornades –, a-t-on vraiment besoin de les voir ? Catherine Plaisance s’interroge depuis plusieurs années sur la question. Pourtant, si ses œuvres se multiplient, la réponse finale ne vient pas, et l’artiste reste ambivalente. C’est d’ailleurs ce qui fait toute la puissance de son travail, fait de contrastes fous, de détresse humaine et de paysages dévastés, mais néanmoins magnifiques.

Lorsqu’on la rencontre par un jour ensoleillé au Parc Émilie-Gamelin, l’artiste, tout juste récipiendaire du Prix Sylvie et Simon Blais pour la relève en arts visuels, prépare Infortunes, sa prochaine expo, qui aura lieu à la galerie de ces derniers. Pour l’occasion, la jeune femme établie à Montréal depuis deux ans planche sur un corpus qui se développe en trois volets (maquette, shooting photo et transposition vidéographique) du paysage rural de son enfance. Dans ce monde miniature, elle planifie de faire intervenir en grand toutes sortes de bouleversements «inspirés de coupures de presse, de faits divers et d’événements assez banals, qui touchent un individu dans son quotidien.» Mais les scènes aux airs apocalyptiques posséderont aussi un côté onirique, surréaliste. Un côté qu’elle dit amener «dans le but de faire une distanciation.»

 


Sans titre, présenté dans le cadre de l'exposition Infortunes

 

Drôle de désir que celui de traiter de cataclysmes, diront certains. Pourtant, plutôt que de le faire avec voyeurisme («Je déteste ce mot !»), Catherine Plaisance opte pour une approche poétique. Inspirée tout d’abord par l’incessant flux d’images dont nous bombardent les médias, c’est aussi un événement personnel qui l’a conscientisée à la question. «J’étais au Sri Lanka en 2004, pendant le tsunami, se souvient-elle. J’ai vu le pays se faire dévaster, j’ai vu la détresse des gens. Il y avait un écart entre ce que les informations diffusaient et la tragédie sur le terrain. Ça n’a pas été un leitmotiv dans ma pratique tout de suite, mais ça m’a hantée.»

 

DAME NATURE
Celle qui aime Michael Ashkin, «un artiste qui parle de l’humain dans l’absence de l’humain» et qui admire les frères Chapman pour leur Fucking Hell, observe que l’écologie a toujours été une de ses principales préoccupations. «Ça fait partie de moi», dit-elle. Elle cite avec déférence ces artistes qui, avant elle et tout au long de l’histoire, se sont intéressés à ce thème récurrent de la nature toute puissante. «Les romantiques, par exemple, parlaient du sublime des éléments qui se déchaînent.»

Lorsqu’on lui demande si elle se considère comme une artiste militante, la jeune femme répond tout de suite par un non catégorique. «J’aurais aimé ça, mais non. C’est comme si le désir de travailler avec l’image de manière plus fantastique m’avait rattrapée.» Par le biais de son travail, en photographie, vidéo, installation et dessin, elle crée des contrastes entre contenu et forme. Comme dans ces aquarelles, où la douceur du médium côtoie la violence du sujet ou ces photos aux titres évocateurs, telle La Surprise (2009), sur laquelle on aperçoit une femme de dos, devant une maison complètement dévastée que l’on suppose être la sienne. «J’aime capter ce moment. La chose est déjà arrivée et nous sommes témoins, impuissants devant la scène.» L’important, maintenant, c’est de regarder de près.

 

Infortunes
Du 13 août au 10 septembre
Galerie Simon Blais | 5420, St-Laurent, local 100

 

 

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