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Word on the street: la rue de La Gauchetière et autres chinoiseries

Mille pigeons me chatouillent les lobes d’oreilles alors que j’arpente la partie Chinatown de la rue de La Gauchetière, sous l’oeil de vieux messieurs rieurs qui en ont vu d’autres, bien assis sur leurs chaises pliantes. C’est ma première fois dans le coin: je trébuche sur les dalles piétonnes, entre un homme d’affaires au visage préoccupé ainsi qu’une beauté asiatique à la chevelure puissante. Je m’étouffe avec mon bubble tea, ça blaste de la musique en mandarin, et je viens de marcher sur un signe yin-yang. Aujourd’hui, Chinatown s’amuse avec ma tronche.

 

1 Épicerie Emily | 19, de la Gauchetière O.
Ça commence dans les marches qui mènent au sous-sol qu’est l’Épicerie Emily: un arc-en-ciel de sacs éblouissants de teintes vives et de signes chinois, où le moindre repère alimentaire occidental est immédiatement pulvérisé. Des légumes obscurs et marinés sont étouffés sous vide, des feuilles vertes immenses attendent d’être cuisinées dans des sacs, des poissons entiers tout desséchés vous jettent un coup d’oeil méfiant. Rien n’est cher, et la panoplie de bonbons, de sauces et d’épices presque donnés est drôlement alléchante. Sans parler du graphisme audacieux de chaque emballage, qui a de quoi faire pâlir le Choix du Président.

 

2 Jardin de Jade Poon Kai Restaurant | 67, de la Gauchetière O.
De l’extérieur, j’essaie de deviner les délices bien salés qui remplissent généreusement les bacs du buffet Jardin de Jade. La petite terrasse toute rouge est tentante, le comptoir pour emporter embaume, de la nourriture à l’infini à prix fixe, c’est classique.

 

3 Pâtisserie La Légende | 68, de la Gauchetière O.
Parmi toutes les boules de pâte aux garnitures paradisiaques (crème anglaise, noix de coco, fèves rouges, poulet, beurre, etc.), difficile de choisir. Tout coûte moins de 3$ le morceau. Il y a aussi des biscuits de toutes sortes, des oeufs marinés, des pains frits et des gâteaux éponge roulés. Après avoir agrippé son petit 600 calories de bonheur avec de grosses pinces, on passe au comptoir puis on s’assied entre deux familles asiatiques qui rigolent dans la salle à manger propre et moderne.

 

4 Galerie de Chine | 94, de la Gauchetière O.
En entrant là-dedans, je dérange l’employé de la boutique, qui enseigne la peinture à une jeune fille dans le fond. Elle ne lève pas la tête une seconde, absorbée par l’effort intense de précision et de délicatesse de l’exercice. L’immense sourire de son professeur me donne le droit d’errer dans leur espace. Des tonnes de toiles, d’éventails et de masques pourvus d’imagerie chinoise faite main côtoient pinceaux de tout acabit, peintures à l’huile, pastels et crayons de cire. Le logiciel Windows Paint paraît soudain désuet.

 

5 Ken Sing Herbes | 112, de la Gauchetière O.
Sur le mur, une affiche rassurante: «No bear bile products sold here». Des milliers de pots remplis de remèdes multiples font la promesse silencieuse d’un foie meilleur, d’une migraine soulagée, d’une circulation sanguine équilibrée. Il existe un thé pour chaque bobo, qui attend patiemment son infusion dans un kaléidoscope de boîtes bien rangées. Les gros sacs de racines sont les plus intrigants, semblent plus crédibles dans leurs vertus curatives. Une odeur bonne et mentholée règne dans l’endroit.

 

 

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