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Tuyaux-concerts: Dare to Care Fest, Little Scream et Austra

Les compagnies de disque, jadis, étaient un peu comme les dentistes: nécessaires, mais foncièrement déplaisantes. Pour la brosse à dents gratos et le sentiment du devoir accompli (la découverte musicale), il fallait passer par une heure interminable de drillage souffrant et de doigts désagréables dans la bouche (les produits pop imbuvables qui font vivre l’industrie). Et on ne parle pas des milliers d’artistes paralysés par leurs rouages souvent louches (voir le traité de Steve Albini sur le sujet).

En fait, la plupart fonctionnent encore ainsi, à deux soulagements près: elles ne sont plus absolument indispensables et au Québec, Dare to Care a instauré un modèle différent, plus près du fonctionnement des écuries artisanales américaines que de la machine gobe-sous. Collé sur les goûts du jeune public et non strictement ceux des baby-boomers. Tout le monde n’aime pas Malajube, Cœur de pirate, Bernard Adamus et We are Wolves et il s’en trouve plus d’un pour souligner l’écart entre l’éthique punk-rock de la (grosse) boîte à ses débuts et son allure d’aujourd’hui, mais le succès dont jouit aujourd’hui l’entreprise, qui fête cette année ses dix ans, reste une bonne nouvelle pour la musique locale. Sa vitalité fait mentir le mythe de la musique à contre-courant en tant que cause vouée à la misère.

Le label a claironné sa première décennie franchie depuis le début de l’année, promené ses poulains à travers la province dans le cadre d’une tournée-anniversaire; voici maintenant venu le tour de Montréal. D’ici dimanche, petites et grosses pointures de l’écurie seront réunies sur diverses scènes de la ville dans le cadre du Dare to Care Fest, sorte de minifestival pour le label, par le label, soulignant simplement ses dix ans.

Ça commence jeudi 26 mai au Divan orange avec Bernard Adamus, Tricot machine et les Frères Goyettes et ça se poursuit vendredi 27 à la Sala Rossa avec We are Wolves, Jimmy Hunt et Panache ainsi que dimanche 29 au Quai des brumes avec Lake of Stew (en photo), Avec pas d’casque et Le Huksy.

Reste le grand inconnu de l’opération: le concert-surprise du samedi 28 au Club Lambi. Qui montera sur scène? On peut parier sur l’un ou l’autre des plus gros artistes de la boîte non programmés lors des autres soirées. Ou sur des nouvelles/futures recrues. Ou sur un vibrant tour de chant du grand manitou de la compagnie, Éli Bissonnette lui-même. Ou sur plusieurs de ces réponses. Quoi qu’il en soit, certains concerts risquent de se dérouler à guichet fermé, d’où l’importance de s’informer de la disponibilité des billets sur le site de la compagnie.

L’origine d’un cri
La chanteuse indie-rock montréalaise Laurel Sprengelmeyer, dite Little Scream, a pris dix longues années avant de terminer The Golden Record, son excellent premier album paru en mars. Normal que son «lancement» s’étende sur une si longue période: c’est seulement ce mercredi 25 mai au Il Motore que la parution sera officiellement soulignée à Montréal. Il faut dire qu’elle était en tournée depuis l’hiver, d’où le délai. Dans tous les cas, si ce n’est déjà fait, sa musique est à découvrir pour quiconque cherche le point de rencontre entre les univers de PJ Harvey et d’Arcade Fire (dont le grand rouquin, Richard Reed Parry, a coréalisé l’opus). Rebecca Foon, Marcus Paquin et November May complètent le menu.

Enfin, bien qu’on ait raison de se méfier de la juxtaposition des mots «électro-pop», «dramatique» et «un peu comme Fever Ray, mais en moins bizarre» dans la même phrase, il faut faire exception dans le cas d’Austra, jeune trio torontois dirigé par la chanteuse Katie Stelmanis, bien connue des mélomanes aux aguets. Dans la foulée d’une hype certaine (et, pour une fois, passablement justifiée), la formation lançait son premier album, Feel it Break, il y deux semaines à peine et s’arrête au Il Motore ce jeudi 26 mai en compagnie de Trust et de D’Eon.

Également au calendrier: Bcasa avec La Gachette, Society’s Ills et Old School Joyhnny, jeudi 26 mai au Petit Campus; Scuba avec Jordan Dare et Mike Mind, jeudi 25 mai au Belmont; Man Man avec Shilpa Ray and Her Happy Hookers, vendredi 27 mai au Cabaret du Mile-End; Meta Gruau avec Man Machine, vendredi 27 mai à la Casa del popolo; oRCondor avec Animau et L’Équipe, vendredi 27 mai à l’Escogriffe; Lake of Stew avec Lizard People, Moon Children, The Mile-End Jug Synchopaters et Starry Crowns, vendredi 27 mai au Théâtre Mainline; Nutsak avec Crabe et UltraPtérodactyle, samedi 28 mai à l’Esco; Friendly Fires avec Wise Blood, samedi 28 mai au Théâtre Corona; Snailhouse avec Katie Moore, dimanche 29 mai à la Sala Rossa; Big Freedia avec Javelin et DJ Lynne T, mardi 31 mai au Belmont; Wildbirds & Peacedrums avec Yellow Ostrich, mardi 31 mai à la Sala Rossa; This Will Destroy You avec John Lamonica et Early Transcendentals, mardi 31 mai au Club Lambi.

Un immanquable? Le Dare to Care Fest, du 26 au 29 mai.  

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