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Canine: la lutte s’annonce féroce pour Incendies aux Oscars
L’humain est un chien. Rien n’est normal dans cette famille imaginée selon une certaine vision d’un futur du réalisateur grec Yorgos Lanthimos. Les parents sont les maîtres et forment des êtres à l’image de leurs volontés dans des moules insensés. L’enseignement de la parole manipulée, le sens des mots transformé, ici le mot «vagin» signifie «grosse lumière» comme dans la phrase : « Le vagin est fermé. La pièce est plongée dans le noir». Un frère et deux sœurs grandissent dans un milieu clos, fruits de l’amour de deux weirdos. Et par milieu clos, on éloigne la possibilité de quitter le nid familial avant la chute de la dent canine droite ou gauche. De plus, les horribles bêtes mangeuses d’hommes rôdent dans les alentours et derrière leur apparence douce, attaquent à n’importe quel instant, s’accrochent sauvagement à leur proie et rendent ainsi la fuite des plus difficiles (ici la bête mangeuse d’homme est incarnée par un vulnérable chat qui ne demande qu’à se faire flatter). Pour la protection des enfants, des séances de défense organisées par le papa, montrent comment japper pour éloigner l’ennemi.

 

Dans cette maison au grand jardin ouvert, la rivalité entre frères et sœurs est prétexte à n’importe quels jeux. Le grand gagnant s’en sort souvent avec de magnifiques autocollants distribués par la figure autoritaire patriarcale ou le privilège de choisir l’activité de soirée. En aucun cas, la rivalité n’effacera l’amour. L’amour est tel dans cette famille que les parents vont jusqu’à offrir au garçon une femme de l’extérieur afin qu’il puisse assouvir ses pulsions masculines dans une sorte de rapport sexuel qui se pratique comme la masturbation, en pensant seulement à soi. Mais attention à la désobéissance. Un frère inventé vit à l’extérieur des limites de la maison; puni, il doit survivre comme un animal entre les bêtes sauvages.

Les chiens ne font pas des  chats
Inconsciemment, par le biais de l’étrangère (une collègue de travail du père), les parents infiltrent une source de menace dans la vision inconsciente du monde extérieur de leurs enfants. Un échange entre l’étrangère et la grande sœur (du sexe oral contre des VHS) bouleversera la vision du monde de celle-ci et la poussera à la rébellion. Elle voudra s’éloigner de ce monde où, réunis autour d’une table, on écoute le gentil grand-père chanter en anglais sur un disque «Fly me to the moon» interprété par Frank Sinatra (le grand-père), tandis que le père, dans un délire de traduction, invente les paroles chantées.

Filmé en plans fixes dans sa quasi-totalité, cadré selon une esthétique rigoureuse qui joue avec les focales et appuyé par une expérimentation de la bande son, Canine dévoile des acteurs qui portent avec conviction la maladresse de leur mauvaise éducation par des dialogues crus, par moment tordants, mais toujours dans l’étrangeté de cet humour noir. 

Le film, en liste aux Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger (mon vote va à ce film), peut en choquer quelque uns, mais à défaut de l’apprécier, vous aurez tout de même eu de la nudité et quelques scènes de cul.

dogtooth.gr
À l’affiche au Cinéma du Parc | 3575, Du Parc | cinemaduparc.com